Chroniques d’un amour terrestre (extraits)
Le premier film d’un rédacteur de la revue. Rushs et images.
Le premier film d’un rédacteur de la revue. Rushs et images.
Oeuvre de transition encensée pour son humanisme, « Dersou Ouzala » a pourtant dénoté d’une espèce d’aura négative eu égard à son mysticisme contemplatif amorçant un tournant de maturité vieillissante chez Kurosawa. Face aux nouveaux défis et enjeux écologiques planétaires, on peut désormais revoir cette ode panthéiste sous un jour nouveau.
Le pénultième film d’Ozu pourrait bien être son testament cinématographique. Sa tonalité tragi-comique et ses couleurs d’un rouge mordoré anticipent la saison automnale à travers la fin de vie crépusculaire d’un patriarche et d’un pater familias, dans le même temps, selon le cycle d’une existence ramenée au pathos des choses les plus insignifiantes. En version restaurée par le distributeur Carlotta.
« Rivière de nuit » est un mélodrame féministe qui se garde bien d’être larmoyant. Exhumée de l’âge d’or japonais, l’œuvre, inédite, mérite qu’on la découvre séance tenante, ne serait-ce que pour son chatoiement et son esthétisme. La trame est narusienne tandis que
son épilogue est mizoguchien. A son épicentre, une romance amoureuse avortée matérialise le malaise de l’affirmation de soi d’une jeune héroïne, qui rencontrera un dénouement inattendu dans un Japon patriarcal qui amorce une période d’essor économique.
L’équipe de notre webzine a décidé de rendre hommage aux femmes cinéastes en partageant un panorama de ses films préférés signés par des réalisatrices d’hier et d’aujourd’hui.
« Le Nom de la rose » revient en force sur les écrans dans une version restaurée 4K supplantant les précédentes. L’occasion de revisiter quelques facettes de ce thriller médiéval inspiré ; parfois controversé pour ses anachronismes et qui nous plonge au cœur de l’obscurantisme religieux, à l’époque des hérésies et des sombres heures de l’Inquisition.
De toute l’œuvre néo-réaliste rossellinienne émergent, comme une constante, les préoccupations humanitaires, les valeurs spirituelles de l’homme par quoi il se découvre et se sauve. Il n’y a que la foi qui puisse sauver. Partant, chaque film qui émane de cette période
est un authentique acte de foi. Stromboli en est la quintessence.
Gregg Araki : Érection, défloraison et orgasme d’un cinéma-éponge.
« Mère Jeanne des anges » est un huis clos en immersion dans un couvent tenu par une congrégation d’ursulines au XVIIe siècle. Dans un chassé-croisé incessant de jeux de pouvoir et de séduction, Jerzy Kawalerowicz réussit à faire sentir l’impalpable dans cet univers institutionnel oppressif où la dépossession de soi conduit inéluctablement à la possession diabolique. Envoûtant en version restaurée 4K.
À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.
A revoir « Fear & desire », on éprouve comme un sentiment mitigé et le film apparaît, de prime abord, comme un brouillon foutraque. Dès lors, on comprend mieux pourquoi son auteur, parvenu à la notoriété et atteint d’un perfectionnisme mégalomaniaque, l’ait désavoué comme un écrivain bifferait son écrit au point de vouloir en interdire la circulation in fine en confisquant les copies pour en faire un autodafé dans un trouble moment de lucidité impérieuse ; soucieux d’oeuvrer pour sa postérité. Analyse…
Ressortie en salle des trois des plus grands films de Satyajit Ray, « La Complainte du sentier » (1955), « L’Invaincu (1956) et « Le Monde d’Apu » (1959).Dans une nouvelle version entièrement restaurée 4K sous l’égide de Les Acacias Distribution
Halloween est aux portes. L’occasion de redécouvrir deux contes ténébreux à la tonalité subversive entre horreur, épouvante et noir érotique. Usant d’une palette graphique magistrale, le cinéaste engagé Kaneto Shindo y dépeint un microcosme humain sans pitié où les protagonistes sont à deux doigts d’être des cannibales ou des vampires. L’horreur amorale de la guerre et celle d’un trafic sans entraves se combinent dans la vision cauchemardesque d’un bestiaire humain. Analyse…
« Mieux vaut des ris que des larmes écrire… » (Rabelais)
Au cœur des mélodrames de la période allemande de Douglas Sirk, ses protagonistes sont révélés par les artefacts d’une mise en scène où l’extravagance du kitsch le dispute avec le naturalisme du décor. Mais toujours pour porter la passion des sentiments exacerbés à son point culminant. Ces prémices flamboyants renvoient sans ambiguïté à sa période hollywoodienne qui est la consécration d’une œuvre filmique inégalée. Coup de projecteur sur le premier et dernier opus de cette période allemande.
« Bigamie » est une curiosité, un artefact des années 50, années de refoulement pour une Amérique puritaine encore sous le choc traumatique de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce film à thèse, Ida Lupino explore une zone grise de la morale institutionnelle où elle tend à humaniser l’adultère et la bigamie.
Retour de manivelle sur ce road movie macabre bourré de testostérone et au suspense haletant qui, à l’instar de « Bigamie », interroge en substance la faillite du rêve américain à travers le mal-être traumatisant éprouvé par les vétérans de la seconde guerre mondiale à réintégrer la vie active.
Une joute filmique.
Pietro Germi figure un peu comme un outsider ou, en tous les cas, le mal aimé du cinéma italien de l’âge d’or. Et les occasions de réhabiliter son cinéma enclin à la dénonciation sociale jugé parfois moralisant et édifiant mais toujours captivant et divertissant ne sont pas légion. Le distributeur Tamasa vient de pourvoir à cette injustice en sortant trois films invisibles en versions remasterisées.
Dans ce film glauque au pessimisme foncier, quasi ignoré et pourtant précurseur, Alberto Cavalcanti exhibe un monde sans héros; uniquement peuplé de manipulateurs veules et sournois, de malfrats sans foi ni loi, de femmes fatales, de harpies, de mégères ou d’épaves à la dérive. Ce film noir s’inscrit dans la lignée des nombreux films spiv britanniques, un sous-genre qui fit florès dans l’immédiat après-guerre. Redécouverte…
Tour à tour épopée visionnaire et tableau élégiaque, « Adieu ma concubine » refait surface dans une nouvelle version restaurée. Quelque trente ans après sa réalisation, l’œuvre foisonnante sublime toujours autant la toile par toute la magnificence ornementale de son technicolor chatoyant. Relecture..
« La Légende du saint-buveur » est le récit des déboires d’un ivrogne invétéré, touché par la grâce après avoir perçu une aumône miraculeuse et qui, dans une fuite en avant éperdue, sombre dans l’abîme de son addiction pour s’abandonner à sa mort. Dans ce film introspectif tout en demi-teinte, Ermanno Olmi fait entendre la petite musique du non-dit avec une force allégorique quasi mystique. Saisissant et hypnotique dans sa version nouvellement restaurée…
« Nazarin » est une œuvre clé dans la mythologie bunuelienne. Parabole picaresque et satire acerbe dans le même temps questionnent la croyance religieuse et mettent à jour les hypocrisies de son temps. A redécouvrir en salles dans une splendide version restaurée. Analyse..
Tourné en 1980 dans un quartier “pacifié” de Beyrouth, le faussaire montre sans fard toute l’ubiquité confuse de la guerre civile. La toile de fond documentaire mêle accidentellement la réalité du conflit armé et ce qui découle de sa “mise en scène”. Bouleversant en version restaurée.
Avec « La strada », Federico Fellini transfigure la désespérance hébétée de l’Italie d’après guerre et ses laissés pour compte en créant de toutes pièces une manière de chimère et de conte de fées chaplinesques dans un tour néo-réaliste. Chef d’œuvre en version restaurée 4K.
« Il bidone » marque le point culminant, l’apogée en quelque sorte du courant néo-réaliste. Cette vision corrosive de la duperie humaine évolue de la comédie vers la tragédie dans un climax implacable pour achopper sur l’humanité la plus misérabiliste. Noirceur garantie en version restaurée 4K.
La désormais célèbre collection de livres sur le cinéma, Les meilleurs films de notre vie chez...
Le nouveau livre d’Albert Montagne porte un bien joli titre, Les Alices aux pays des cauchemars....
Ce festival où des personnes atteintes de handicap peuvent s’exprimer au cinéma connaîtra sa quinzième édition du 8 au 10 novembre prochain à Saint-Malo. Présentation de la manifestation et lancement de l’appel à films.
Brûlot anti-nazi, « To be or not to be » est proprement inénarrable. Et pourtant, la tragicomédie fait encore l’effet d’une bombe à fragmentation à retardement quelque 80 ans après son lancement. Retour de balistique.
Le documentaire de création en 20 courts-métrages d’auteurs.
La superbe restauration Pathé de « L’étrange Monsieur Victor » qui ressort en salles est l’occasion de réhabiliter la mémoire d’un cinéaste maudit et contesté en son temps qui fut un pur inventeur de formes; plus “moderne” avant la lettre que ses pairs Duvivier, Renoir, Carné et pourtant inapte à s’insinuer dans les bonnes grâces des producteurs de l’époque. On rembobine le
film…
Marqueur insurpassé de la perte d’innocence, « Cria Cuervos » est une manière de mimodrame impérissable qui imprime toujours autant, plusieurs décennies après sa sortie, par sa virulence. A l’instar d’Ana, sa troublante héroïne, l’œuvre distille un poison imaginaire, tenace et obsédant. Entre émancipation enfantine forcée, tyrannie patriarcale et instant historique d’un régime franquiste agonisant. Focus…
Un cycle rétrospectif en salles consacre la quasi intégralité de l’œuvre de Bertrand Tavernier en versions restaurées deux ans après sa disparition. L’occasion de redécouvrir « L’horloger de St Paul », son tout premier long métrage, ouvrant la voie aux néo-polars
atmosphériques qui feront florès à la fin de la décade politiquement incorrecte des années 70 et au début des années 80. Analyse …
Plongée traumatisante dans l’électrochoc concentrationnaire, « La Passagère » est une oeuvre lacunaire unique en son genre tant elle interroge l’horreur de l’Holocauste par la crudité aseptisante de ses descriptions aussi bien que par les zones d’ombre qui la traversent. Retour sur ce chef d’oeuvre en puissance qui ressort en salles en version restaurée 4K.
Film emblématique et sans doute le chef d’oeuvre de Satyajit Ray même si le superlatif a été usé jusqu’à la corde, « Le salon de musique » ressort dans un noir et blanc somptueux. S’opère dans notre regard de cinéphile une osmose entre la musique et les images qui procèdent d’une même exaltation hypnotique…
Le cinéma de Mani Kaul dépeint subtilement la manière dont la société indienne traite ses femmes. On peut qualifier ses films d’art et essai tant ils se démarquent de la production commerciale et sont novateurs par leur forme originale. Avec une âpreté et une acuité douloureuses, le réalisateur hindi décline le thème récurrent de la femme indienne délaissée qui subit le joug du patriarcat avec un stoïcisme défiant les lois de la nature humaine. Un mini-cycle à découvrir de toute urgence en salles en versions restaurées 4K.
Bluette romanesque sans queue ni tête ni grande consistance, « Cluny Brown » vaut surtout pour sa caractérisation infaillible et la causticité de ses réparties qui font le délice de la Lubitsch touch. Entre trivialité et frivolité, la satire spirituelle rapproche deux marginaux, deux inadaptés sociaux, aux prises avec les distinctions de classes britanniques. Un must vivifiant en version restaurée.
Fantaisie surréaliste, « Théorème » traduit sans ambiguïté les obsessions existentielles de Pier Paolo Pasolini. Artiste intellectuel maudit à l’homosexualité revendiquée, il livre ici un plaidoyer pro-domo. Un temps jugée scabreuse et taxée d’obscénité, la parabole filmique déclencha une controverse sulfureuse à sa sortie en 1968. Relecture de ce monument de provocation sous l’angle de la morale sexuelle.
Les cadavres exquis du titre évoquent les dépouilles parcheminées de l’ossuaire de Palerme autant que l’ hécatombe de dignitaires de justice froidement assassinés. Dans ce climat chargé de gravité mortuaire, Francesco Rosi épingle la collusion des pouvoirs politico-judiciaires dans les années de plomb qui secouent l’Italie. A redécouvrir en version restaurée.
Loin de paraître datés, les films de Francesco Rosi apparaissent aujourd’hui plus prégnants que jamais. A la charnière du documentaire et de la fiction réaliste, ils appartiennent au genre didactique, qui explorent les zones d’ombre et l’opacité de la réalité sociale italienne comme l’on assemble les fragments d’un puzzle tout en ménageant une fin ouverte. Focus sur un thriller politique quasi intemporel.
« Ordet », c’est la parole miraculeuse, le verbe agissant. Le film est la transposition à l’écran d’un kammerspiel familial. Huis clos oppressant, l’œuvre dérange par l’expérience traumatisante qu’elle narre, sorte de plongée en hypnose, d’exorcisme rédempteur. Toujours est-il qu’elle nous inflige une raclée viscérale qui extirpe ce qui reste de spiritualité en nous, qu’on soit croyant ou non.
A tout le moins un choc visuel salvateur en version restaurée.
Avec « El », Luis Bunuel met une nouvelle fois à mal les conventions bourgeoises et l’hypocrisie religieuse dont il détourne l’imagerie et les rites. L’ influence pernicieuse qu’exerce la religion sur les esprits réprime le désir sexuel autant qu’elle le réprouve et c’est ce refoulement déviant qu’il montre à l’œuvre. Cruellement dérangeant en version restaurée 4K.
Drame lyrique, « L’annonce faite à Marie » est d’abord et surtout un oratorio, un long psaume messianique où s’exprime le verbe claudélien dans toute la ferveur de son mysticisme religieux. En 1991, Alain Cuny, l’acteur poétique par excellence, que Paul Claudel, dramaturge habité par la grâce divine, qualifie de “ cathédrale vivante”, en livre une adaptation cinématographique minimaliste qui révèle son intention picturale. Une découverte surprenante en version restaurée 4K.
Un hommage à Godard, signé Fabien Alloin
« La mort d’un bureaucrate » est une tragi-comédie menée “à tombeau ouvert” et surtout une farce à l’ironie macabre déjantée qui combine un sens inné de l’absurde institutionnel avec une critique radicale du régime post-révolutionnaire cubain dans un éloge
bunuelien de la folie. Férocement subversif en version restaurée…
« Rashômon » ressort en salles dans une nouvelle version restaurée. Par ses écarts angulaires à 180°et sa flamboyance assumée, l’œuvre non-conformiste se revendique de l’esthétique du muet et multiplie les perspectives pour sonder la vérité psychologique de ses protagonistes confrontés à leurs contradictions. Film-événement.
« La terrasse » est une œuvre à la charnière de deux époques qui vient sonner le glas de la comédie à l’italienne. La satire grinçante livre sans concession un portrait en demi-teinte et au vitriol de la crise existentielle de cinq quinquagénaires vieillissants qui évoluent dans une sphère intellectuelle de gauche sclérosée. Les scénaristes de légende Age et Scarpelli prennent ici le pouls d’une société italienne malade de son conformisme.
« Le Soldatesse » porte un regard féministe existentialiste sur ces femmes en déshérence, butin de guerre, enrôlées de force afin d’approvisionner les bordels militaires de campagne lors de l’invasion hellénique par les troupes d’occupation italiennes expédiées en 1941 sur une rodomontade du Duce. Illustrant une page sombre de l’occupation italienne, ce road-movie sur fond de guerre chaotique fut ignoré à sa sortie pour le défaitisme et le fiasco militaire qu’il traduisait par son naturalisme. Décryptage.
Patience et conviction