Catégorie : Chroniques

Cria Cuervos

Marqueur insurpassé de la perte d’innocence, « Cria Cuervos » est une manière de mimodrame impérissable qui imprime toujours autant, plusieurs décennies après sa sortie, par sa virulence. A l’instar d’Ana, sa troublante héroïne, l’œuvre distille un poison imaginaire, tenace et obsédant. Entre émancipation enfantine forcée, tyrannie patriarcale et instant historique d’un régime franquiste agonisant. Focus…

L’horloger de Saint Paul

Un cycle rétrospectif en salles consacre la quasi intégralité de l’œuvre de Bertrand Tavernier en versions restaurées deux ans après sa disparition. L’occasion de redécouvrir « L’horloger de St Paul », son tout premier long métrage, ouvrant la voie aux néo-polars
atmosphériques qui feront florès à la fin de la décade politiquement incorrecte des années 70 et au début des années 80. Analyse …

La Passagère

Plongée traumatisante dans l’électrochoc concentrationnaire, « La Passagère » est une oeuvre lacunaire unique en son genre tant elle interroge l’horreur de l’Holocauste par la crudité aseptisante de ses descriptions aussi bien que par les zones d’ombre qui la traversent. Retour sur ce chef d’oeuvre en puissance qui ressort en salles en version restaurée 4K.

Le Salon de musique

Film emblématique et sans doute le chef d’oeuvre de Satyajit Ray même si le superlatif a été usé jusqu’à la corde, « Le salon de musique » ressort dans un noir et blanc somptueux. S’opère dans notre regard de cinéphile une osmose entre la musique et les images qui procèdent d’une même exaltation hypnotique…

Cycle Mani Kaul, cinéaste féministe de l’errance et du voyage intérieur

Le cinéma de Mani Kaul dépeint subtilement la manière dont la société indienne traite ses femmes. On peut qualifier ses films d’art et essai tant ils se démarquent de la production commerciale et sont novateurs par leur forme originale. Avec une âpreté et une acuité douloureuses, le réalisateur hindi décline le thème récurrent de la femme indienne délaissée qui subit le joug du patriarcat avec un stoïcisme défiant les lois de la nature humaine. Un mini-cycle à découvrir de toute urgence en salles en versions restaurées 4K.

Revoir René Clair, l’enchanteur

L’œuvre première manière de René Clair a l’élégance de glisser sa force dans les replis de dentelle de la comédie légère. Oeuvre fondatrice du cinéma français sonore et à l’orée du parlant, elle est pionnière avec toutes les perfectibilités que cela suppose. Retour sur 4 films majeurs pétillants de nostalgie en versions restaurées 4K.

Cluny Brown (la folle ingénue)

Bluette romanesque sans queue ni tête ni grande consistance, « Cluny Brown » vaut surtout pour sa caractérisation infaillible et la causticité de ses réparties qui font le délice de la Lubitsch touch. Entre trivialité et frivolité, la satire spirituelle rapproche deux marginaux, deux inadaptés sociaux, aux prises avec les distinctions de classes britanniques. Un must vivifiant en version restaurée.

Théorème

Fantaisie surréaliste, « Théorème » traduit sans ambiguïté les obsessions existentielles de Pier Paolo Pasolini. Artiste intellectuel maudit à l’homosexualité revendiquée, il livre ici un plaidoyer pro-domo. Un temps jugée scabreuse et taxée d’obscénité, la parabole filmique déclencha une controverse sulfureuse à sa sortie en 1968. Relecture de ce monument de provocation sous l’angle de la morale sexuelle.

Cadavres exquis

Les cadavres exquis du titre évoquent les dépouilles parcheminées de l’ossuaire de Palerme autant que l’ hécatombe de dignitaires de justice froidement assassinés. Dans ce climat chargé de gravité mortuaire, Francesco Rosi épingle la collusion des pouvoirs politico-judiciaires dans les années de plomb qui secouent l’Italie. A redécouvrir en version restaurée.

Main basse sur la ville

Loin de paraître datés, les films de Francesco Rosi apparaissent aujourd’hui plus prégnants que jamais. A la charnière du documentaire et de la fiction réaliste, ils appartiennent au genre didactique, qui explorent les zones d’ombre et l’opacité de la réalité sociale italienne comme l’on assemble les fragments d’un puzzle tout en ménageant une fin ouverte. Focus sur un thriller politique quasi intemporel.

Ordet

« Ordet », c’est la parole miraculeuse, le verbe agissant. Le film est la transposition à l’écran d’un kammerspiel familial. Huis clos oppressant, l’œuvre dérange par l’expérience traumatisante qu’elle narre, sorte de plongée en hypnose, d’exorcisme rédempteur. Toujours est-il qu’elle nous inflige une raclée viscérale qui extirpe ce qui reste de spiritualité en nous, qu’on soit croyant ou non.
A tout le moins un choc visuel salvateur en version restaurée.

El

Avec « El », Luis Bunuel met une nouvelle fois à mal les conventions bourgeoises et l’hypocrisie religieuse dont il détourne l’imagerie et les rites. L’ influence pernicieuse qu’exerce la religion sur les esprits réprime le désir sexuel autant qu’elle le réprouve et c’est ce refoulement déviant qu’il montre à l’œuvre. Cruellement dérangeant en version restaurée 4K.

L’annonce faite à Marie

Drame lyrique, « L’annonce faite à Marie » est d’abord et surtout un oratorio, un long psaume messianique où s’exprime le verbe claudélien dans toute la ferveur de son mysticisme religieux. En 1991, Alain Cuny, l’acteur poétique par excellence, que Paul Claudel, dramaturge habité par la grâce divine, qualifie de “ cathédrale vivante”, en livre une adaptation cinématographique minimaliste qui révèle son intention picturale. Une découverte surprenante en version restaurée 4K.

Cycle rétrospectif Detlef Sierck (alias Douglas Sirk) période allemande

Au cœur des mélodrames de la période allemande de Douglas Sirk, ses protagonistes sont révélés par les artefacts d’une mise en scène où l’extravagance du kitsch le dispute avec le naturalisme du décor. Mais toujours pour porter la passion des sentiments exacerbés à son point culminant. Ces prémices flamboyants renvoient sans ambiguïté à sa période hollywoodienne qui est la consécration d’une œuvre filmique inégalée. Coup de projecteur sur le premier et dernier opus de cette période allemande.

La mort d’un bureaucrate

« La mort d’un bureaucrate » est une tragi-comédie menée “à tombeau ouvert” et surtout une farce à l’ironie macabre déjantée qui combine un sens inné de l’absurde institutionnel avec une critique radicale du régime post-révolutionnaire cubain dans un éloge
bunuelien de la folie. Férocement subversif en version restaurée…

Rashômon

« Rashômon » ressort en salles dans une nouvelle version restaurée. Par ses écarts angulaires à 180°et sa flamboyance assumée, l’œuvre non-conformiste se revendique de l’esthétique du muet et multiplie les perspectives pour sonder la vérité psychologique de ses protagonistes confrontés à leurs contradictions. Film-événement.

La Terrasse

« La terrasse » est une œuvre à la charnière de deux époques qui vient sonner le glas de la comédie à l’italienne. La satire grinçante livre sans concession un portrait en demi-teinte et au vitriol de la crise existentielle de cinq quinquagénaires vieillissants qui évoluent dans une sphère intellectuelle de gauche sclérosée. Les scénaristes de légende Age et Scarpelli prennent ici le pouls d’une société italienne malade de son conformisme.

Le Soldatesse (des filles pour l’armée)

« Le Soldatesse » porte un regard féministe existentialiste sur ces femmes en déshérence, butin de guerre, enrôlées de force afin d’approvisionner les bordels militaires de campagne lors de l’invasion hellénique par les troupes d’occupation italiennes expédiées en 1941 sur une rodomontade du Duce. Illustrant une page sombre de l’occupation italienne, ce road-movie sur fond de guerre chaotique fut ignoré à sa sortie pour le défaitisme et le fiasco militaire qu’il traduisait par son naturalisme. Décryptage.

Au coeur de la nuit

« Au cœur de la nuit » est un morceau d’anthologie du film d’épouvante. Une histoire classique entre raison et hystérie où la science plante le décor contre un surréalisme du paranormal. Film cultissime et modèle insurpassé du film d’horreur psychologique. Amplement plagiée, l’œuvre ressort sur les écrans dans une toute nouvelle restauration 4K. Décryptage….

Le Monde perdu

Documentariste précurseur, Vittorio de Seta mérite enfin d’ être réhabilité comme un défricheur incomparable d’images, embarqué dans une odyssée prométhéenne. De ce point de vue, le monde perdu est un témoignage ethnographique unique et édifiant de la cartographie de l’Italie du Sud insulaire et arriérée, réticente au boom économique. Distribué par Carlotta.

Bandits à Orgosolo

S’il est un chef d’œuvre à découvrir promptement, c’est bien « Bandits à Orgosolo » honoré en 1961 du prix de la meilleure première œuvre à la Mostra de Venise. Oeuvre circonstancielle, directe, poignante, tournée avec des non-acteurs dans leur propre rôle de composition de bergers mutiques. Western sarde, le film dégage cette authenticité palpable et palpitante
qui ne tombe jamais dans le mélo sentimental ou compassionnel. Distribué par Carlotta en version restaurée…

La vie criminelle d’Archibald de la Cruz

La période mexicaine de Luis Bunuel, cinéaste expatrié, contient en germe les obsessions qui irriguent l’intégralité de ses films. L’occasion de réévaluer la vie criminelle d’archibald de la Cruz à l’aune de sa restauration. Tragi-comédie triviale de la frustration à mi-chemin entre cruauté primitive et urbanité patricienne, l’œuvre, mésestimée, procure un frisson d’horreur mêlé de volupté coupable. En version restaurée…

La Règle du jeu

Violemment controversée lors de sa première sortie en juillet 1939, « La règle du jeu » est une comédie des manières autour de riches mondains et leurs serviteurs. Aussi, une pochade visionnaire, entre amusement et cynisme, magnifiée par ses trouvailles
visuelles. En grattant le vernis aristocratique sourd un désespoir écrasant et un hédonisme coupable que l’œil roublard de Jean Renoir décrit avec une compassion manifeste envers ses personnages sur le déclin. Un must en version restaurée…

Les onze Fioretti de Saint François d’Assise

A notre époque où tout est désacralisé, (re) voir « les onze fioretti de St François d’Assise » produit un effet revigorant, quasi cathartique,pour l’esprit. En quelques saynètes panthéistes dans un paysage moralisé, Rossellini brosse le tableau naïvement évangélique de la geste de St François et sa fraternité pour atteindre au sublime. En version restaurée 4K…

La nuit des femmes

« La nuit des femmes », quatrième film de Kinuyo Tanaka, renvoie dans son inversion syntaxique aux “Femmes de la nuit”(1948) de Kenji Mizoguchi dont la description de la noirceur de la condition sociale d’une frange de prostituées était poussée à l’extrême dans un Japon alors défait et hébété par les séquelles mortifères de l’immédiat après-guerre.

Lettre d’amour

« Lettre d’amour » inaugure chronologiquement un cycle inédit de six films réalisés entre 1953 et 1962 par Kinuyo Tanaka, icône légendaire de l’âge d’or du cinéma japonais par ailleurs. Il y est question de la difficile réinsertion des veuves de guerre dans le Japon de l’immédiat après-guerre.

Le mari de la femme à barbe

Le mauvais goût affiché est le révélateur des noirceurs humaines semble nous dire en substance Marco Ferreri dans ce pamphlet sulfureux où il impose une vision d’intense émotion dans la soumission excessive de Maria, la femme à barbe, devenue un phénomène de foire par la cupidité de son dresseur de mari. Un film-évènement en version restaurée 4K.

Le Messager

Il faut courir revoir “Le Messager” qui retrace somptueusement la trajectoire initiatique du jeune Leo Colston tiraillé dans l’Angleterre victorienne et sa perte d’innocence par l’apprentissage prématuré des interdits de l’âge adulte. En version restaurée 4K.

Le lit conjugal

« Le lit conjugal » est une farce grinçante sur le contrat matrimonial dans l’Italie du “miracle économique”. Marco Ferreri, déjà licencieux mais encore dans les prémices de ses provocations iconoclastes à venir, moque la bigoterie ambiante qui participe de la vie maritale d’un couple issu de la petite-bourgeoisie romaine. En version restaurée 4K.

5 films de Roberto Gavaldon

Au coeur de l’oeuvre filmographique de Roberto Gavaldon se bousculent les obsessions extravagantes et les désirs obnubilés de ses protagonistes dans l’expression d’un kitsch ébouriffant porté à l’incandescence d’une flamboyance mélodramatique. “Les films du Camélia” nous offre l’opportunité de nous projeter dans son univers post-expressionniste à l’occasion du mini-cycle que ce distributeur lui consacre.

Derniers Chrysanthèmes

« Derniers chrysanthèmes » fait implicitement allusion à la floraison tardive dans son épanouissement qui se fane avec le temps selon un processus irréversible d’étiolement. La métaphore porte ici sur une communauté d’anciennes geishas qui ne sont plus dans “la fleur de l’âge”; ravivant leurs nostalgies dans le Tokyo désenchanté d’après-guerre. Aperçu…

A l’approche de l’automne

« A l’approche de l’Automne » est une oeuvre singulière dans la production narusienne, l’échappée initiatique d’un jeune provincial obligé d’en découdre avec le monde cruel des adultes sur la toile de fond de l’urbanisation galopante de Tokyo. Inédit en version restaurée 4K.

Falbalas

Dans « Falbalas », Jacques Becker sonde un microcosme en marge, celui de la haute-couture au coeur du Paris frivole de l’Occupation. Ce milieu évolue dans le factice, l’artificialité, l’imaginaire fétichiste. Son protagoniste principal, forge “de toutes pièces” ce rêve insensé d’idéal féminin et brûle sa vie à ses créations comme autant de conquêtes insatisfaites qu’il laissera derrière lui. Ressortie en version restaurée 4K.

Le ciel est à vous

Cinéaste du prolétariat urbain avec sa conscience de classe, Jean Grémillon s’identifie à son public qui lui-même se personnifie dans les acteurs populaires. Le peuple devient le seul acteur porté par un même élan. Son oeuvre est parcourue par l’exercice d’un tragique quotidien où le drame personnel côtoie la grandeur surhumaine des événements. Focus sur la ressortie 4K du “Ciel est à vous”.

La Chasse à l’homme

Ciné-Sorbonne ressort en version remastérisée 4K un petit brûlot anti-nazi qui, bien que circonstanciel et de plain-pied avec les événements de la seconde guerre mondiale, résiste à l’épreuve du temps. Relecture…

La lune s’est levée

Sur les brisées du maître minimaliste Yasujiro Ozu, “la lune s’est levée” est une intéressante déclinaison féministe d’ un microcosme familial déjà balisé. Dans les limites qu’elle se fixe avec une sincère humilité, Kinuyo Tanaka, icône du cinéma japonais d’auteur, parvient à nous rendre perceptibles les passions exacerbées de ces femmes à marier de l’après-guerre. Inédit en version restaurée 4K.

La vengeance d’un acteur

C’est la figure du double qu’interroge Kon Ichikawa dans ce remake éblouissant d’un film de Teinosuke Kinugasa de 1935. A la théâtralité empesée et hiératique du kabuki, le cinéaste répond par une virtuosité cinématographique sans égale. A la tradition sur le déclin répond la modernité flamboyante. Inédit dans sa version restaurée 4K.

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