Palmarès au féminin : nos tops des films réalisés par des femmes

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L’équipe de notre webzine a décidé de rendre hommage aux femmes cinéastes en partageant un panorama de ses films préférés signés par des réalisatrices d’hier et d’aujourd’hui.

Le principe peut faire débat : pourquoi genrer la création ? Un grand film est un grand film, quels que soient le genre, ou d’ailleurs l’origine ethnique, la sensibilité religieuse, l’âge, les préférences sexuelles de la personne qui l’a réalisé – et la tentation est forte d’en rester à cette assertion. Approche universaliste à laquelle nous restons attachés même si pour bien des cinéphiles, faire totalement abstraction du genre et autres caractéristiques des personnes à l’origine d’une œuvre ne vaudrait que dans un monde aseptisé ou idéal.

De fait notre société, nos stéréotypes mentaux, le bain culturel dans lequel toutes et tous nous nageons, ne charrient nulle neutralité ni équivalence de traitements entre les personnes de genres différents – sans parler d’autres critères – et l’actualité ne se prive pas de le rappeler de manière insistante : qu’on pense aux remous qui agitent le microcosme du cinéma français à la suite de la prise de parole courageuse de certaines femmes (Judith Godrèche à la cérémonie des Césars 2024, pour ne citer qu’un exemple).

C’est dans ce contexte que nous avons décidé, à l’échelle de notre équipe passionnée et riche de sa diversité, de rendre un hommage spécifique et appuyé aux femmes réalisatrices qui nous ont accompagnés, éclairés, émus au fil de nos vies de cinéphiles. Chacune et chacun d’entre nous a ainsi été invité à partager la liste de ses dix films préférés signés par une cinéaste. Car oui, c’est notre postulat : il existe, si ce n’est un regard féminin, du moins des regards singuliers et divers, d’autant plus précieux qu’ils s’exercent le plus souvent au sein de cultures patriarcales (cf. le fameux « male gaze »), où la profession de metteur en scène reste largement préemptée par la gente masculine – alors que les talents sont partout.

Au menu de nos tops : des évidences, mais aussi des surprises, des découvertes, et quelques belles occasions de réfléchir et de débattre. Merci encore à toutes celles et tous ceux qui ont accepté de se prêter au jeu !

 

Top 10 des films de réalisatrices, par ordre alphabétique des prénoms des membres de la rédaction ayant partagé leurs tops :


Alexis Leroy

Alice Guy : Les Résultats du féminisme(1906).
Musidora : Sol y sombra aka Soleil et ombre(1922).
Kinuyo Tanaka : Lettre d’amour(1953).
Lina Wertmüller : Film d’amour et d’anarchie (1975).
Dorothy Arzner : Merrily we go to hell (1932).
Ida Lupino : The Bigamist (1953).
Jacqueline Audry : Gigi (1949).
Nelly Kaplan : Charles et Lucie (1979).
Jane Campion : La Leçon de piano (1993).
Marusya Syroechkovskaya : How to save a dead friend (2022).

Antoine Benderitter

Beau Travail, Claire Denis
Cléo de 5 à 7, Agnès Varda
Virgin Suicides, Sofia Coppola
Le Bonheur, Agnès Varda
Le goût des autres, Agnès Jaoui
La guerre est déclarée, Valérie Donzelli
Little Women, Greta Gerwig
La Baule-lesPins, Diane Kurys
Persepolis, Marjane Satrapi
Tomboy, Céline Sciamma


Hugo Dervisoglou

Chantal Akerman : Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles
Věra Chytilová : Les Petites Marguerites
Pascale Ferran : Lady Chatterley
Agnès Varda : Le bonheur
Marguerite Duras : India Song
Justine Triet : La bataille de Solferino
Naomi Kawase : La forêt de Mogari
Claire Denis : S’en fout la mort
Mati Diop : Atlantique
Liliana Cavani : Portier de nuit

J’aurais pu en ajouter d’autres…

Jean-Jacques Manzanera

Comme il faut faire des choix je me donne comme règle de ne pas donner plusieurs titres d’une même cinéaste :

Par ordre alphabétique :

Detroit de Kathryn Bigelow
Vorace Antonia Bird
La leçon de piano Jane Campion
Les petites marguerites de Vera Chytilova
L’histoire de ma femme Ildiko Enyedi
Innocence de Lucile Hadzihalilovic
Saint Cyr de Patricia Mazuy
First cow de Kelly Reichardt
Persepolis de Marjane Satrapi
Cleo de 5 à 7 d’Agnès Varda

Auraient dû s’ajouter les noms de Pascale Ferran (Petits arrangements avec les morts), Kira Muratova
(Le syndrome asthénique), Sofia Coppola (Virgin suicides), F Mihaile (La traversée), L Chepitko (L’ascension), B Loden (Wanda), Andrea Arnold (Les hauts de Hurlevent), Claire Denis (Beau travail), Dorothy Arzner (Dance girl dance)… et même Chantal Akerman (pas pour Jeanne Dielman dont je ne comprends pas totalement la soudaine aura, mais pour sa superbe Captive).

J’ai voulu laisser la part belle à des cinéastes encore en activité comme un pari sur des beaux moments à venir.
Et je me suis aperçu que j’aimais tout particulièrement les réalisatrices qui vont à l’encontre des clichés sur le cinéma de femmes, sur un regard trop spécifiquement estampillé. Et des réalisatrices qui ne se contentent pas de traiter des grands sujets mais inventent de vraies mises en scène en damant le pion à leurs homologues masculins par l’audace stylistique (Chytilova, Varda, Campion) ou par la tension (Bigelow, Bird).

Je pense que dans un classement absolu, Jane Campion aurait pu truster trois places avec également Un ange à ma table et Bright star. Quelle grande cinéaste !

Jean-Michel Pignol

Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962)
La leçon de piano (Jane Campion, 1993)
Grave (Julia Ducourneau, 2016)
Les amandiers (Valeria  Bruni Tedeschi, 2022)
Les délices de Tokyo (Naomi Kawase, 2015)
L’adolescente (Jeanne Moreau, 1979)
Un beau soleil intérieur (Claire Denis, 2017)
La crise (Coline Serreau, 1992)
Certaines femmes (Kelly Reichardt, 2016)
Les plages d’Agnès (Agnès Varda, 2008)

Lucas Lusinier

Voici ma liste. Il y a bien entendu trop de réalisatrices talentueuses pour toutes les faire figurer en 10 entrées, j’ai donc choisi de déblayer en essayant d’être au maximum honnête avec ce que je regardais dans mes années formatives de cinéphile. À la limite, en mentions honorables, j’aurais pu mettre deux films co-réalisés par des femmes : Marjoe (Sarah Kernochan & Howard Smith, 1972) & Mort à l’arrivée (Annabel Jankel & Rocky Morton, 1988).

Shirley Clarke : The Connection (1961).
Farah Khan : Om Shanti Om (2007).
Lily & Lana Wachowski : Speed Racer (2008).
Noémie Lvovsky : Camille redouble (2012).
Nicole Holofcener : Enough Said (2013).
Sophie Fillières : La belle et la belle (2018).
Louise Condemi : Romance, abscisse et ordonnée (2020).
Janicza Bravo : @zola (2021).
Justine Triet : Anatomie d’une chute (2023).
Monia Chokri : Simple comme Sylvain (2023).

 

Lucile Marfaing

Voici ma sélection de 10 films réalisés par des cinéastes femmes (avec une série dans le lot) :

White material, Claire Denis
The Virgin Suicides, Sofia Coppola
Cléo de 5 à 7, Agnès Varda
After the wedding, Suzanne Bier
Heureux comme Lazzaro, Alice Rohrwacher
Certain Women, Kelly Reichardt
Nomadland, Chloé Zhao
Les Délices de Tokyo, Naomi Kawase
Le goût des autres, Agnès Jaoui
Top of the lake, Jane Campion

Matthias Turcaud

Toni Erdmann, Maren Ade
Bright Star, Jane Campion
Things we lost in the fire, Susanne Bier
The Hurt Locker, Kathryn Bigelow
Le goût des autres, Agnès Jaoui
Grave, Julia Ducournau
Mossane, Safi Faye
Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma
Beau Travail, Claire Denis
Little Miss Sunshine, de Valerie Faris (et Jonathan Dayton)

Et il m’en reste énormément à découvrir !

Raoul Barbé

Heureux comme Lazzaro, d’Alice Rohrwacher (2018)
Little Miss Sunshine, de Valerie Faris (et Jonathan Dayton) (2006)
Babysitter, de Monia Chokri (2022)
Simple comme Sylvain, de Monia Chokri (2023)
L’Adieu, Lulu Wang (2019)
Greener Grass, de Jocelyn DeBoer et Dawn Luebbe (2019)
Shiva Baby, d’Emma Seligman (2020)
The Voices, de Marjane Satrapi (2014)
When Tomatoes Met Wagner, de Marianna Economou (2019)
Citizenfour, de Laura Poitras (2014)

Tuğçe Karabacak

Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma (2019)
Été 93, Carla Simon (2017)
The Trouble with Being Born, Sandra Wollner (2020)
Milk, Andrea Arnold (1998)
L’une chante l’autre pas, Agnès Varda (1977)
Je tu il elle, Chantal Akerman (1974)
Mon roi, Maïwenn (2015)
Wadjda, Haifaa Al-Mansour (2012)
Clair Obscur, Yeşim Ustaoğlu (2016)
Something Useful, Pelin Esmer (2017)

 

Images en tête d’article : Little Women (Greta Gerwig, 2019) et Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962)


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