COIN DU CINÉPHILE
COIN DU CINÉPHILE
Ida Lupino, cinéaste, ou la faillite du rêve américain
Actrice hollywoodienne consacrée et cinéaste militante féministe farouchement déterminée à s’émanciper des codes de production de l’usine à rêves hollywoodienne, Ida Lupino s’est taillée une place à part après Dorothy Azner au sein d’une industrie cinématographique américaine notoirement patriarcale et machiste. Son statut hybride d’actrice et de réalisatrice indépendante engagée lui confère une aura peu commune. Elle reste la seule réalisatrice de son temps à avoir embrassé une carrière double. La cinémathèque française vient de lui consacrer un cycle rétrospectif. Aperçu du versant cinéaste..
Coin du cinéphile: Ernst Lubitsch, une vie de cinéma entièrement fantasmée
Les comédies d’Ernst Lubitsch n’accusent aucun stigmate de l’âge; bien au contraire. Et rien ne saurait entacher le plaisir à nul autre pareil de les revoir sans modération. On aura pu s’en rendre compte lors de la foisonnante rétrospective que lui a consacré la cinémathèque française en mars-avril derniers. Le présent tableau synoptique balaie une production prolifique depuis ses débuts comme simple « hallebardier » au sein de la troupe du dramaturge Max Reinhardt jusqu’à l’apogée de son style qu’il maîtrise à la perfection en « Deus ex machina » providentiel sur un plateau de tournage. Présumant de ses forces, il décèdera prématurément d’une crise cardiaque à 55 ans en 1948; interrompant brutalement une carrière des plus trépidante.
Le cinéma allemand contemporain
Focus en quatre films sur une production cinématographique germanique trop rarement mise en avant.
Abel Gance ou l’exacerbation des passions sur l’écran “large” du cinématographe
C’est en étroite coordination avec le CNC, le centre national du cinéma et de l’image animée, que la Cinémathèque Française a pu concevoir, réaliser et recréer en septembre dernier les conditions d’une rétrospective foisonnante dédiée à l’oeuvre superlative, tant grandiose, monumentale, majestueuse que solennelle et grave d’Abel Gance. Temps forts.
Valerio Zurlini, un esthète intransigeant pétri de culture et de sentiments
Recension critique écrite par Alain-Michel Jourdat
Ida Lupino, cinéaste, ou la faillite du rêve américain
Actrice hollywoodienne consacrée et cinéaste militante féministe farouchement déterminée à s’émanciper des codes de production de l’usine à rêves hollywoodienne, Ida Lupino s’est taillée une place à part après Dorothy Azner au sein d’une industrie cinématographique américaine notoirement patriarcale et machiste. Son statut hybride d’actrice et de réalisatrice indépendante engagée lui confère une aura peu commune. Elle reste la seule réalisatrice de son temps à avoir embrassé une carrière double. La cinémathèque française vient de lui consacrer un cycle rétrospectif. Aperçu du versant cinéaste..
Coin du cinéphile: Ernst Lubitsch, une vie de cinéma entièrement fantasmée
Les comédies d’Ernst Lubitsch n’accusent aucun stigmate de l’âge; bien au contraire. Et rien ne saurait entacher le plaisir à nul autre pareil de les revoir sans modération. On aura pu s’en rendre compte lors de la foisonnante rétrospective que lui a consacré la cinémathèque française en mars-avril derniers. Le présent tableau synoptique balaie une production prolifique depuis ses débuts comme simple « hallebardier » au sein de la troupe du dramaturge Max Reinhardt jusqu’à l’apogée de son style qu’il maîtrise à la perfection en « Deus ex machina » providentiel sur un plateau de tournage. Présumant de ses forces, il décèdera prématurément d’une crise cardiaque à 55 ans en 1948; interrompant brutalement une carrière des plus trépidante.
Le cinéma allemand contemporain
Focus en quatre films sur une production cinématographique germanique trop rarement mise en avant.
Abel Gance ou l’exacerbation des passions sur l’écran “large” du cinématographe
C’est en étroite coordination avec le CNC, le centre national du cinéma et de l’image animée, que la Cinémathèque Française a pu concevoir, réaliser et recréer en septembre dernier les conditions d’une rétrospective foisonnante dédiée à l’oeuvre superlative, tant grandiose, monumentale, majestueuse que solennelle et grave d’Abel Gance. Temps forts.
Valerio Zurlini, un esthète intransigeant pétri de culture et de sentiments
Recension critique écrite par Alain-Michel Jourdat
CHRONIQUES
CHRONIQUES
L’affiche de cinéma française des origines à nos jours
Un très beau livre illustré pour tout savoir sur les affiches du cinéma français…
Interview de Cyril Morin, compositeur de musiques pour le cinéma et la télé.
Cyril Morin s’est entretenu avec nous à l’occasion de la sortie de son album « 25 years », une compilation de ses meilleures compositions pour le cinéma et la télévision : Samsara, La fiancée Syrienne, Borgia…
Nuages flottants
Adaptation du roman éponyme de Fumiko Hayashi (1903-1951), Nuages flottants est le portrait tout en finesse d’un couple que la guerre a réuni et que la défaite du Japon a séparé. Dans un pays en ruine et une société patriarcale et machiste, une femme (Yukiko) essaie d’arracher son ancien amant (Tomioka) à son cynisme et à son désespoir. Cheminant à ses côtés sans parvenir longtemps à le sortir de sa torpeur, elle n’y parviendra que juste avant de mourir, laissant Tomioka, enfin lucide, aussi déchiré que Zampano dans La Strada de Fellini.
Cycle Yasuzo Masumura : entre érotisme transgressif et esthétisme expressionniste
Dans la constellation des cinéastes japonais de la génération de l’après-guerre, Yasuzo Masumura est une figure transgressive à l’esthétisme remarquable . Au plus fort de cette mouvance avant-gardiste que représenta rétrospectivement la nouvelle vague japonaise, il tranche par une forme d’extravagance et d’affranchissement aux codes revendiqués. Entre le radicalisme progressiste de Nagisha Oshima, l’onirisme et l’émotion esthétique de Kon Ichikawa, l’univers psychanalytique de Shohei Imamura ,le cinéma de Masumura est intimement féministe, introspectif et expressionniste dans le même temps. Zoom…
All about Eve: la vie est une scène de théâtre
Il est des films impérissables ancrés dans la mémoire cinéphile qu’on ne se lasse pas de redécouvrir. « All about Eve » est de ceux-là où les artifices du cinéma révèlent la vérité du théâtre dans une satire cinglante autant que dévastatrice. Où la comédie des faux-semblants donne le change aux feux de la rampe. Où ne plus avoir de vie privée est la rançon de la célébrité. Nominé 14 fois aux oscars, il rafla la mise en en remportant 6. Relecture d’un succès sans équivalent dans les annales du cinéma hollywoodien.
Chronique des années de braise: une épopée tumultueuse portée à son point d’incandescence
C’est toute une mémoire collective du peuple algérien que retrace l’odyssée mouvementée du paysan Ahmed, héros mythique d’une épopée visionnaire. Evoquées dans un scope 70 mm en Panavision éblouissant de lumière crue, ces années de braise sont le ferment d’une révolution qui embrase sourdement une population sacrifiée par la colonisation française. La fresque homérique oscille entre une conscience nationaliste aigüe et un lyrisme de tragédie grecque où le réalisateur Mohammed Lahkdar-Hamina se mue en oracle histrionique, voix prophétique et guide spirituel d’un peuple en quête d’émancipation. Analyse…
La trilogie du milieu de Fernando Di Leo : Milan Calibre 9/ Passeport pour deux tueurs/Le boss (Combo DVD/Blu Ray restaurés chez Elephants films).
Violence, corruption, trahison, les règles du milieu volent en éclat. La quintessence du Poliziottesco signée par son artificier en chef : Fernando Di Leo.
2001, L’Odyssée de l’espace
Film à la sidérante beauté visuelle et musicale, 2001, L’Odyssée de l’espace est une réalisation à nulle autre pareille, fruit de l’ambition démesurée de son créateur Stanley Kubrick en 1968. De « l’aube de l’humanité » aux premiers vols spatiaux, il soulève (sans fournir aucune clé assurée d’interprétation) d’innombrables questions sur ce qu’est l’humanité et sa place dans l’univers, sur notre rapport à l’outil et à la machine. Courons nous à notre perte ou faut-il espérer « l’éternel retour » ?
The Music Lovers – La Symphonie pathétique (Sortie en format DVD et Blu ray chez BQHL).
Qui a dit que la musique adoucit les mœurs ? Probablement pas ce diable de Ken Russel qui exalte les passions comme aucun autre biographe.
L’Aventure de Madame Muir
Merveilleusement servi par des interprètes de premier plan (Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders) sur une musique inoubliable de Bernard Herrmann, L’Aventure de Madame Muir reste un chef d’œuvre inégalé du Septième art, un film d’une intrigante beauté, et une méditation profondément poétique sur le rêve et la réalité, et sur l’inexorable passage du temps.
Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…
L’affiche de cinéma française des origines à nos jours
Un très beau livre illustré pour tout savoir sur les affiches du cinéma français…
Interview de Cyril Morin, compositeur de musiques pour le cinéma et la télé.
Cyril Morin s’est entretenu avec nous à l’occasion de la sortie de son album « 25 years », une compilation de ses meilleures compositions pour le cinéma et la télévision : Samsara, La fiancée Syrienne, Borgia…
Nuages flottants
Adaptation du roman éponyme de Fumiko Hayashi (1903-1951), Nuages flottants est le portrait tout en finesse d’un couple que la guerre a réuni et que la défaite du Japon a séparé. Dans un pays en ruine et une société patriarcale et machiste, une femme (Yukiko) essaie d’arracher son ancien amant (Tomioka) à son cynisme et à son désespoir. Cheminant à ses côtés sans parvenir longtemps à le sortir de sa torpeur, elle n’y parviendra que juste avant de mourir, laissant Tomioka, enfin lucide, aussi déchiré que Zampano dans La Strada de Fellini.
Cycle Yasuzo Masumura : entre érotisme transgressif et esthétisme expressionniste
Dans la constellation des cinéastes japonais de la génération de l’après-guerre, Yasuzo Masumura est une figure transgressive à l’esthétisme remarquable . Au plus fort de cette mouvance avant-gardiste que représenta rétrospectivement la nouvelle vague japonaise, il tranche par une forme d’extravagance et d’affranchissement aux codes revendiqués. Entre le radicalisme progressiste de Nagisha Oshima, l’onirisme et l’émotion esthétique de Kon Ichikawa, l’univers psychanalytique de Shohei Imamura ,le cinéma de Masumura est intimement féministe, introspectif et expressionniste dans le même temps. Zoom…
All about Eve: la vie est une scène de théâtre
Il est des films impérissables ancrés dans la mémoire cinéphile qu’on ne se lasse pas de redécouvrir. « All about Eve » est de ceux-là où les artifices du cinéma révèlent la vérité du théâtre dans une satire cinglante autant que dévastatrice. Où la comédie des faux-semblants donne le change aux feux de la rampe. Où ne plus avoir de vie privée est la rançon de la célébrité. Nominé 14 fois aux oscars, il rafla la mise en en remportant 6. Relecture d’un succès sans équivalent dans les annales du cinéma hollywoodien.
Chronique des années de braise: une épopée tumultueuse portée à son point d’incandescence
C’est toute une mémoire collective du peuple algérien que retrace l’odyssée mouvementée du paysan Ahmed, héros mythique d’une épopée visionnaire. Evoquées dans un scope 70 mm en Panavision éblouissant de lumière crue, ces années de braise sont le ferment d’une révolution qui embrase sourdement une population sacrifiée par la colonisation française. La fresque homérique oscille entre une conscience nationaliste aigüe et un lyrisme de tragédie grecque où le réalisateur Mohammed Lahkdar-Hamina se mue en oracle histrionique, voix prophétique et guide spirituel d’un peuple en quête d’émancipation. Analyse…
La trilogie du milieu de Fernando Di Leo : Milan Calibre 9/ Passeport pour deux tueurs/Le boss (Combo DVD/Blu Ray restaurés chez Elephants films).
Violence, corruption, trahison, les règles du milieu volent en éclat. La quintessence du Poliziottesco signée par son artificier en chef : Fernando Di Leo.
2001, L’Odyssée de l’espace
Film à la sidérante beauté visuelle et musicale, 2001, L’Odyssée de l’espace est une réalisation à nulle autre pareille, fruit de l’ambition démesurée de son créateur Stanley Kubrick en 1968. De « l’aube de l’humanité » aux premiers vols spatiaux, il soulève (sans fournir aucune clé assurée d’interprétation) d’innombrables questions sur ce qu’est l’humanité et sa place dans l’univers, sur notre rapport à l’outil et à la machine. Courons nous à notre perte ou faut-il espérer « l’éternel retour » ?
The Music Lovers – La Symphonie pathétique (Sortie en format DVD et Blu ray chez BQHL).
Qui a dit que la musique adoucit les mœurs ? Probablement pas ce diable de Ken Russel qui exalte les passions comme aucun autre biographe.
L’Aventure de Madame Muir
Merveilleusement servi par des interprètes de premier plan (Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders) sur une musique inoubliable de Bernard Herrmann, L’Aventure de Madame Muir reste un chef d’œuvre inégalé du Septième art, un film d’une intrigante beauté, et une méditation profondément poétique sur le rêve et la réalité, et sur l’inexorable passage du temps.
Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…

