Les Jeunes filles de San Frediano

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Ce tout premier opus de Valerio Zurlini apparaît comme une bluette sentimentale. Clairement apparentée au “néo-réalisme rose”, la pochade, adaptant librement un roman de Vasco Tropolini, brosse le portrait d’un coureur de jupons invétéré, Andréa Sernesi, alias Bob (Antonio Cifariello).

On badine avec l’amour…

San Frediano est un quartier populaire ouvrier de Florence et Valerio Zurlini y trouve la toile de fond idéale pour camper une comédie des mœurs provinciales dans l’Italie de la reconstruction d’après-guerre. Où le désir juvénile exacerbé achoppe sur les conventions sociales et familiales d’un autre âge. D’une superficialité parfois confondante, l’histoire de tromperies marque les prémices de la poétique zurlinienne. Bob, le protagoniste à moto est le latin lover par excellence, l’homme viril en mal de conquêtes féminines. Zurlini inscrit cette figure un brin veule du séducteur, au
physique avantageux, en butte au conformisme moral, dans le cadre significatif du terroir florentin.

Il s’agit de recontextualiser le film dans une Italie qui renoue avec le plaisir hédoniste et épicurien à vivre après les heures tragiques de la seconde guerre mondiale. Une Italie plus individualiste, celle des jeunes coqs qui affichent leur virilité triomphante et badinent avec l’amour. Malgré ses multiples vignettes humoristiques et l’alacrité bon enfant du ton qu’elle insuffle, la morale du film, empreinte d’un sentimentalisme un peu mièvre et à l’eau de rose, ne peut échapper au carcan des conventions familiales et le dénouement de la farce matrimoniale est digne du guignol où le héros menteur est dûment rossé du fait de son comportement volage.

Titre original : le ragazze di san frediano

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