Uchronietzsche Parabolique (sortie au Cinéma le Saint-André des Arts à partir du 22/05).

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Uchronie poétique engagée.

   Zarathoustra, la créature de Frédéric Nietzsche, va quitter sa montagne après dix ans de solitude pour revenir vers les hommes ; il va se mettre en recherche de véritables compagnons..et va rencontrer… Victor Hugo, sur les hauteurs de Força Real, dans les Pyrénées-Orientales…Les deux hommes vont alors se livrer à une reconnaissance réciproque de leurs œuvres en rendant hommage à leurs parties les plus poétiques et les plus engagées ; de là va naitre une puissante aspiration commune d’offrir à l’homme un chemin pour dépasser sa souffrance et sa condition.

  L’intention de son réalisateur -nous dirons plutôt concepteur-, Alexandre Bellas, est la suivante : »L’idée de Uchronietzsche Parabolique m’est venue à travers deux redécouvertes en parallèle d’œuvres aussi majeures que le recueil de poésies de Victor Hugo « Les Contemplations » et « Ainsi parlait Zarathoustra ». Elle a germé progressivement en moi quand j’ai réalisé que chacune, à sa façon, pouvait constituer un formidable rempart à l’effondrement culturel pour ne pas dire civilisationnel que nous traversons. Dans ma progression, je réalisais que ces deux électrons libres, Victor Hugo et Frédéric Nietzsche, qui ont pris leur liberté, l’un par rapport à la religion, l’autre par rapport à la philosophie, pouvaient créer un excellent tandem, une magnifique combinaison de proximités et d’antagonismes ; c’est ainsi qu’est née l’idée de bâtir une uchronie et de les faire se rencontrer ; la Nature est une autre dimension du film et le choix des Pyrénées orientales n’est pas anodin, le film les faisant se confronter sur l’importance qu’ils accordent à la Nature et à la Vérité. Le film reprend l’itinéraire de Zarathoustra, lequel après s’être réfugié 10 ans dans la montagne, décide de revenir parmi les hommes ; ce retour est difficile, il ne se sent pas compris ; il retourne à la Nature et comprend avec le recul qu’il lui faut , non pas rechercher des moutons ou des bergers mais des compagnons et c’est là qu’il va rencontrer Victor Hugo. »

 

Film-essai, film de poésie, mais aussi film engagé, Uchronietzsche Parabolique est un récit allégorique qui nous convie à reconsidérer, à redécouvrir, à rechercher notre vision des êtres, des éléments, de l’univers. Alexandre Bellas, par un montage subtil, une imagerie pure, un cadrage envoûtant, nous invite à déployer autrement, voire plus intensément, nos sens : les panoramiques, les surimpressions, les lieux et personnages décuplent notamment notre vision. Mais notre écoute est également requise : l’interprétation sur scène d’un extrait du texte de Nietzsche avec le concours de Jean-Luc Jeener incarnant  le vieillard Saint , en bas de la montagne, dissuadant Zarathoustra de revenir parmi les hommes, ou les lectures effectuées, interprétées avec conviction par Bellas dans des extérieurs idoines, déploient des passages vers une possibilité de perception supérieure des écrits présents dans ce film.

Uchronietzsche Parabolique ressemble aussi à une balade dans tous les éléments : l’eau, l’air, la terre, le feu se rassemblent grâce au montage des images et des textes, vers une symbiose inédite de la nature. Bellas a conçu une œuvre d’union, notamment par les compositions musicales confirmant le titre de ce long-métrage : Bizet y côtoie Haendel, Wagner s’unit à Palestrina et Strauss. Uchronie musicale, uchronie littéraire, certes, mais une harmonie de pensée.

Alexandre Bellas, tout en maintenant ferme sa poésie, engage le spectateur-auditeur à réfléchir sur l’état de notre monde, vers une vérité désormais délicate à trouver à cause de l’impéritie, voire de la mise en place d’un endormissement des âmes savamment orchestrée par nos gouvernants. Les explorateurs de vérité, ceux qui ne veulent pas rester dans le troupeau deviennent ainsi des paria. Film politique, film poétique, Uchronietzsche Parabolique constitue une invitation à la relecture, à la pensée, à la création après destruction, à la réflexion, à une nouvelle synthèse de notre perception. Un film engagé. Un film d’éveil et de réveil.

Uchronietzsche Parabolique (sortie au Cinéma le Saint-André des Arts à partir du 22/05).

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Durée : 74 mn


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