Robert Mulligan

Article écrit par

Focus sur l’oeuvre attachante du discret Robert Mulligan.

Les titres de ses succès sont bien plus connus du grand public que le nom Robert Mulligan, leur discret réalisateur. Avec Sidney Lumet ou encore John Frankenheimer, il appartient à cette génération pré Nouvel Hollywood ayant débuté à la télévision. Si cette formation le rend apte à aborder tous les genres au sein de sa filmographie, il se dégage néanmoins chez lui une appétence pour le récit d’apprentissage et la perte d’innocence. Il parvient cependant à renouveler son approche du sujet par le regard sur le monde qu’incluent ces coming of age. L’observation peut être sociale dans la société ségrégationniste de Du silence et des ombres (1962), psychanalytique et glaçante dans le fascinant L’Autre (1972). Mulligan excelle à observer l’éveil aux sens à travers un regard masculin comme féminin dans Un été 42 (1971) et Un été en Louisiane (1991) et capture l’envers du conte de fée avec le Hollywood de Daisy Clover (1965). Disparu en 2008, Robert Mulligan est un auteur précieux à redécouvrir.

 

Bonne lecture avant un prochain Coin du Cinéphile consacré au Documenteur.

Réalisateur :


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’Aventure de Madame Muir

L’Aventure de Madame Muir

Merveilleusement servi par des interprètes de premier plan (Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders) sur une musique inoubliable de Bernard Herrmann, L’Aventure de Madame Muir reste un chef d’œuvre inégalé du Septième art, un film d’une intrigante beauté, et une méditation profondément poétique sur le rêve et la réalité, et sur l’inexorable passage du temps.

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…