Du point de vue de notre webzine, l’année cinématographique 2024, à l’image de 2022 et 2023, aura été dense et mémorable. Eclectique aussi – pour ne pas dire extrêmement hétérogène ; et à certains égards, insaisissable. Difficile d’en restituer ici des lignes de force simples sans céder à une forme d’arbitraire. Cédons, donc. Le rituel des palmarès annuels du site a de toutes façons quelque chose du jeu, sans être pour autant sans enjeux : marquer le coup de cette fin d’année, c’est sanctuariser dans la mémoire les moments notables qui permettront d’écrire l’histoire à la fois individuelle et collective de nos cinéphilies – et en un sens, d’une partie de nos existences -, c’est par là même débuter l’année 2025 sur des bases solides et stimulantes, c’est enfin prendre un recul précieux au milieu des tourbillonnements et du chaos de notre monde, dont le cinéma, à sa modeste mesure, enregistre au sismographe les dynamiques, stases et vibrations sensibles, comme à notre seule attention de spectateurs ou spectatrices attentives, amusées, curieuses, étonnées, outrées, sceptiques, enthousiastes, déroutées, engagées, émues – et la plupart du temps passionnées.
Six films se distinguent dans les votes de l’équipe de notre webzine et dessinent un panorama de certaines promesses du cinéma contemporain. Ce qui semble s’esquisser ici, davantage que les années précédentes, est l’émergence d’un cinéma plus pur, plus radical. Radicalité au sens de retour aux sources aussi bien que de cohérence poussée jusqu’au bout de sa logique – quitte à décontenancer le public, voire sombrer dans des excès. Au moins la tiédeur n’est-elle pas de mise. Ce qui est d’autant plus remarquable qu’à la manœuvre derrière ces films qui bousculent, figurent des profils de cinéastes très variés, s’appropriant à leur manière personnelle, avec leurs moyens propres et des réussites variées – subjectivement appréciables – les enjeux et questionnements de notre époque. En vrac : des vétérans du cinéma anglo-saxon (Francis Ford Coppola et George Miller), une réalisatrice française férue de cinéma de genre (Coralie Fargeat) et un auteur, français lui aussi, coutumier des marges mais depuis des années déjà sous les projecteurs des festivals et d’une partie du grand public (Alain Guiraudie). Soit une mixité parfaite entre films anglo-saxons et français. A quoi s’ajoutent : d’une part un film français, non pas de la marge mais d’une sorte d’extrême centre consensuel et populaire – dans le sens noble de ces termes – capitalisant sur tout un savoir-faire importé des Etats-Unis au service de l’adaptation ciselée d’un monument de la culture française (signé Alexandre Dumas) ; d’autre part l’œuvre moins fédératrice mais brûlante, voire bouleversante, d’un grand auteur américain (Todd Haynes) entouré de deux actrices fabuleuses (Julianne Moore et Natalie Portman). Un beau panorama, on le voit. Où chacune et chacun trouvera de quoi puiser.
Vous trouverez ci-dessous notre palmarès complet des six films retenus par notre équipe de rédaction – et non pas dix, du fait du trop grand nombre d’égalités et du risque d’illisibilité qui aurait découlé d’une restitution à plat. Plus bas : le détail des tops individuels. A noter enfin que plusieurs de nos rédactrices et rédacteurs n’ont pas eu le temps de voir en salles assez de films en salles pour un établir leur top, et s’en excusent (il n’y a pas de quoi !).
Encore un grand merci à toutes les rédactrices et rédacteurs pour leur engagement, et à notre lectorat pour sa fidélité.
Nous vous disons à très bientôt en 2025 !
Nos meilleurs films de l’année 2024 :
1) Furiosa : Une saga Mad Max (George Miller)
2) Megalopolis (Francis Ford Coppola)
3) Miséricorde (Alain Guiraudie)
4) The Substance (Coralie Fargeat)
5) May December (Todd Haynes)
6) Le Comte de Monte-Cristo (Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte)
Tops individuels :
Alexis Leroy
Antoine Benderitter
(liste sans ordre de préférence, modulable suivant l’humeur du moment)
– Emilia Perez, Jacques Audiard
– Les Graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof
– Furiosa : Une saga Mad Max, George Miller
– Miséricorde, Alain Guiraudie
– The Substance, Coralie Forgeat
– Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, Gints Zilbalodis
– Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre de la Pateliere et Matthieu Delaporte
– Anora, Sean Baker
– Conclave, Edward Berger
– Sans jamais nous connaître, Andrew Haigh
Grégoire Chéhère
Hugo Dervisoglou
Jean-Max Méjean
Jean-Michel Pignol
– Le mal n’existe pas (Ruysuke Hamaguchi)
– May December (Todd Haynes).
– Megalopolis (Francis Ford Coppola)
– Les carnets de Siegfried (Terence Davies)
– Miséricorde (Alain Guiraudie)
– Maxxxine (Ti West)
– Les graines du figuier sauvage (Mohammad Rasoulof)
– Noël à Miller’s Point (Tyler Taormina).
– À son image (Thierry de Peretti)
– Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (Gints Zilbalodis)
Lucas Lusinier
Lucile Marfaing
La Bête, Bertrand Bonnello
Mathieu Victor-Pujebet