Le cinéma allemand contemporain n’a pas forcément bonne presse : outre le manque d’intérêt d’une critique cinématographique française peu tournée vers ce qui se passe outre-Rhin vient s’ajouter un a priori sur la supposée lourdeur des productions germaniques. Ce texte voudrait montrer au contraire l’intérêt qu’il y a à revoir – ou plutôt voir – certaines réalisations allemandes récentes : celles d’un cinéma qui ne se limite pas aux opus de Fatih Akin (Head-on, De l’autre côté), de Christian Petzold (Barbara, Phoenix, Ondine) ou aux performances multi-primées de Sandra Hüller (Toni Erdmann, Anatomie d’une chute, La Zone d’intérêt) ; celles qui ne se contentent pas de ressasser « un passé qui ne passe pas » (selon la formule à propos de Vichy d’Henry Rousso et Éric Conan) : l’accablant passé du nazisme et du IIIe Reich ou celui de la Stasi et de l’ex-RDA.
On évoquera ici quatre films : Oh Boy de Jan-Ole Gerster (2012) ; Je suis ton homme (Ich bin dein Mensch) de Maria Schrader (2021) ; La Salle des professeurs (Das Lehrerzimmer) d’Ilker Çatak (2023) ; La Belle Affaire (Zwei zu eins) de Natja Brunckhorst (2024).