Chris Waitt, loser patenté d’une trentaine d’années, vient de se faire larguer. Une fois de plus. Au bout du rouleau, il tente de faire le point sur ses déboires sexuels et sentimentaux. Pour ce faire, il part à la recherche de toutes ses ex petites amies, armé d’une simple caméra numérique. Son concept ? Les faire parler face caméra pour comprendre ce qu’il a bien pu commettre comme impair, et forger un plan d’attaque pour que la prochaine relation tourne mieux. Brillante idée. Il faut dire qu’après « 13 histoires sérieuses, 47 histoires secondaires et 16425 pulsions sexuelles inassouvies », le pauvre Chris a de quoi faire triste mine. D’humiliations personnelles en récriminations amères, elles semblent toutes avoir quelque chose à lui reprocher. Pourquoi ?
Peut-être parce que, premièrement, ce pathétique « héros » aurait bien besoin de mettre de l’ordre dans sa vie. De l’ordre ménager, d’abord. Son appartement est un capharnaüm sans nom : les assiettes sales débordent de l’évier, les chaussettes de trois jours jonchent le sol de la chambre à coucher, et les moutons de poussière y sont légion. De l’ordre sentimental ensuite. Annoncer d’entrée de jeu à une petite-amie potentielle rencontrée le jour même que l’on n’arrive pas à bander et que l’on a envie de baiser, on a connu plus délicat. C’est là tout le problème de Chris Waitt : en se mettant en scène sans fard, il ne se présente pas non plus sous son meilleur jour. Il est tout à son avantage de ne pas chercher à enjoliver sa manière d’être, mais rapidement, le personnage devient plus pénible que sympathique. Difficile dès lors d’éprouver une quelconque compassion.
Le deuxième problème du film, c’est que le réalisateur foire indéniablement son sujet. En frappant à la porte de ses ex, il pense naïvement que rien ne saurait leur faire plus plaisir que de s’exprimer à cœur ouvert sur leur mouvementé passé commun. Erreur ! L’une lui claque la porte au nez, l’autre refuse de décrocher son téléphone, une troisième lui annonce qu’elle n’a que cinq minutes, une autre encore fait moduler sa voix par ordinateur et se fait filmer hors champ pour lui proférer un flot d’insanités. Chris n’a décidément pas la cote, c’est désormais prouvé. Mais en résultat, les filles n’ont rien à dire, ou ne veulent rien dire, et le cinéaste se trouve obligé de mettre bout à bout des séquences vides de sens, d’esprit et pire, d’émotion, dans un montage clippesque plutôt moche et incompréhensible. Et on finit par s’ennuyer ferme.
D’autant plus que, la veine sentimentale ayant fondamentalement échoué, Chris Waitt dérive vers une exploration tout aussi inepte, le graveleux en plus, de sa sexualité. En cela, le titre se révèle parfaitement judicieux : il ne s’agit plus d’analyser les déboires sentimentaux, mais bien les échecs sexuels. Car Chris ne bande plus, ou très peu. Du coup, Chris va voir une maîtresse sado-maso qui l’amènera, espérons-le, vers un priapisme bienvenu. Mais non, rien n’y fait. Ni le fouet, ni les fessées. Alors Chris prend un viagra, Chris prend trois viagras, Chris prend huit viagras. Et, sa virilité retrouvée, arpente les rues de Londres en implorant la première venue de coucher avec lui. Élégant.
Il y a pourtant une scène, à la toute fin, qui hisse Toute l’histoire de mes échecs sexuels au-delà du désintérêt total. Après plusieurs rendez-vous avortés, Chris parvient à retrouver Olivia, qui s’est depuis mariée et a eu un enfant. D’abord agacée par les retrouvailles avec son ex, elle passe de l’énervement au trouble, puis aux regrets. Survient alors, enfin, un échange passionnant. Entre deux larmes, elle lui livre avec simplicité les clés de ce qui a tout chamboulé, et laisse entrevoir la possibilité d’un véritable amour, ruiné. Pour la première fois, Chris se départit de son machisme et de sa passivité, pour se remettre, in extremis, en question, et donner un superbe exemple de ce que le film aurait pu et dû être. Quelques jours plus tard, Chris rencontrera Alex. Aujourd’hui, il est toujours avec, et des producteurs américains travaillent à un remake pour Universal. Tant mieux pour lui.