The Green Hornet

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Plus qu´un simple film de super héros, The Green Hornet révolutionne le genre de la comédie d´action à la Hancock (Peter Berg, 2008), mais aussi le principe même de la 3D. Michel Gondry se hisse ainsi au panthéon des réalisateurs capables de tourner pour les studios tout en réalisant un bon film. 

La fureur du frelon
 
Michel Gondry réalise un film piquant, plein d’humour et de spontanéité. Le pari n’était pourtant pas gagné, tant le projet pouvait paraître impossible de par son histoire. Tout d’abord émission radiophonique réalisée par George W. Trendleet qui connut un large succès lors de sa programmation dans les années 40, le célèbre Frelon Vert vit aussi le jour sous les traits télévisuels d’une série éponyme de 26 épisodes de 26 minutes, créée par William Dozier et diffusée à l’époque sur la chaîne américaine ABC, entre le 9 septembre 1966 et le 17 mars 1967. Même si à l’époque la série ne touche pas un large public, du fait de la programmation de la célèbre série Batman, diffusée dans le même créneau, elle crée cependant la genèse d’un mythe (Bruce Lee dans le rôle du chauffeur Kato), mais aussi un intérêt nouveau pour les arts martiaux. L’acteur d’origine chinoise apporte une touche plus que personnelle dans les combats, qui fera largement évoluer par la suite les styles et chorégraphies des scènes d’actions américaines, que cela soit à la télévision ou au cinéma. Reste que même si les supports de diffusion ont souvent changé dans l’histoire de ce super héros, la narration a quant à elle toujours été la même.
 
Britt Reid (Seth Rogen), fils d’un magna de la presse, préfère passer son temps à faire la fête plutôt que suivre les pas de son père. Mais tout ceci va changer le jour où ce dernier meurt. Ce drame l’oblige alors à prendre la succession du Daily Sentinel et vivre une vie d’adulte. De cette base, Michel Gondry tire une comédie désopilante, aidé par le scénariste Seth Rogen, qui signe des punch line digne des meilleurs productions Apatow.

 

La machine, le tigre et l’abeille
 
The Green Hornet fonctionne par le triangle relationnel établi entre la voiture, Kato, l’employé spécialiste des arts martiaux, et Britt, le bouffon, qui parle plus qu’il n’agit. Sur ce schéma, Michel Gondry joue des dualités et des individualités. Chacun essaye de prendre la place de l’autre pour arranger sa vie. Britt est un égocentrique enfantin refusant le monde des adultes et rêvant encore de super héros défendant la veuve et l’orphelin, plus doué pour la blague et la débilité que la castagne. Il est à chaque fois ébloui par les prouesses de Kato et ses machines hors du commun, qui font finalement tout le travail à la place de ces supposés héros. Hors de ces véhicules, le monde n’est plus aussi facile : il faut prendre des coups, risquer sa vie… C’est à ces occasions que Kato, l’autre machine du film, montre une autre facette de ses talents, capable de ralentir le temps et, tel un Terminator, d’évaluer la situation et les gestes grâce à l’adrénaline. Finalement, dans le film du réalisateur français, seul Britt apparaît comme un homme privé de toute chance de devenir un héros. Plus proche d’un antihéros de par sa non combativité, il ne fait que copier des gestes de combats vus dans des jeux vidéos et autres films d’arts martiaux. Tous les personnages ne sont au fond que des simulacres en quête d’une identité à toute épreuve, que cela soit les deux héros masqués ou encore le grand méchant Chudnofsky, incarné par le toujours surprenant Christoph Waltz.
 
Le « bad guy » du film est lui aussi en proie à des doutes sur sa propre personne et la peur qu’elle peut encore disséminer. Cela donne lieu à d’hilarantes séquences de dialogues avec lui-même et de remises en question, passant d’un nom ridicule à un costume de super héros. Si tous les personnages jouent chacun à leur façon un rôle de vengeur masqué, c’est plus dans le style d’un jeu, comme lorsqu’un enfant se déguise en Zorro pour se battre contre des ennemis imaginaires. The Green Hornet traite du passage de l’adolescence à l’âge adulte par l’entremise d’objets transitionnels, ici représentés par les machines et les identités secrètes. 

 

Une dimensionnalité Nerdy
 
La 3D utilisée par Gondry développe d’ailleurs cette transition. Pour The Green Hornet, Michel Gondry abandonne les effets de style superflus de ses précédents films, hérités de sa carrière de clippeur, parvenant à utiliser la 3D dans un effet de pure allégorie. Ici, ce n’est plus le cinéma qui fait un remake de la série, mais le septième art qui crée un comics. Dans la perspective, mais aussi dans le jeu des écrans scindés, on a l’impression de tourner les pages de ces œuvres dessinées  américaines et de s’immerger dans la création d’un nouveau genre : les « comics cinématographiques », sorte de mixe adulte entre un format BD et le mauvais genre cinématographique des séries transposées sur le grand écran.
 
Avec ce nouveau format, c’est tout le cinéma de Gondry qui semble arriver à maturité. Après Soyez sympa rembobinez, qui pouvait passer pour un retour à l’enfance du cinéma, le parcours du cinéaste arrive enfin à se retrouver dans le dédale des innovations techniques et leur utilisation. The Green Hornet est ainsi un plaisir aussi bien visuel que comique, auquel il faut se piquer pour comprendre l’intérêt de la 3D aujourd’hui.

Titre original : The Green Hornet

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Durée : 117 mn


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