Dix ans après leur séparation, Abel est toujours attiré par Marianne, désormais veuve et mère, et va s’imposer comme substitut amoureux et paternel. Mais c’est sans compter sur Eve, la belle-sœur de Marianne qui a depuis longtemps des vues sur Abel.
Après son premier long-métrage, Les deux amis, qui suivait le temps d’une nuit une course passionnée pour retrouver l’amour et la liberté, Louis Garrel se remet à nouveau en scène dans une comédie de mœurs minimaliste. Un véritable lien se tisse entre les deux œuvres de par la présence d’un triangle amoureux, mais c’est bien là leur seul point commun. Loin du rythme effréné de son premier film, le réalisateur, bien plus pondéré, perd de sa fougue pour s’enliser dans un récit déréglé et assez peu palpitant, amorçant de belles idées qui ne trouveront ni conclusion ni apothéose. Le film développe bien trop d’intrigues pour sa courte durée (1h15), récits enchâssés qui trouveront tous une résolution dans un final invraisemblable (et presque niais) car le scénario ne développe jamais assez ses personnages pour que leurs choix semblent recevables par le spectateur. Louis Garrel paraît vouloir brasser trop de thèmes et de genres divers pour que le récit puisse les supporter, d’une question de paternité joué sur le thème du drame, à une sorte de vaudeville moderne teinté d’humour noir en passant par l’évocation d’un meurtre donnant au film une dimension policière, question qui sera complètement éludée et qui ne semble jamais créer de questionnement nouveau chez le personnage.
Trouver un juste milieu
De même que pour donner une intériorité aux trois personnages, une voix off explicative vient paralyser toute possibilité de mise en scène et provoque un paradoxe dans le scénario qui cherche à créer du mystère tout en tenant constamment le spectateur au courant des moindres pensées et désirs des protagonistes. La comédie par-dessus cela vient souvent parasiter une histoire à la recherche d’enjeux et d’un fil conducteur qui se base sur un événement tragique. Dans quelques scènes cependant, ce comique vient doucement accompagner le drame, et enfin le film décolle, proposant alors un humour noir bienvenu nécessaire dans le cadre du récit, celui-ci débutant par la mort d’un personnage, moteur à cette redécouverte des amants. De même, une véritable force se dégage des acteurs, Louis Garrel et Laetitia Casta n’ont certes plus rien à prouver, mais c’est principalement Lily-Rose Depp qui vole la vedette, en témoigne ces scènes de stalking très drôles et surprenantes où enfant, elle suit Abel. Mais comme souvent, cette belle idée n’a pas le temps d’être développée par le récit et elle devient alors une réflexion sur la découverte des sentiments et de la sexualité des plus banales.
Le film semble vouloir rester simple (il l’est beaucoup trop dans sa réalisation) tout en abordant des idées et des sujets complexes, le manque de développement du héros empêche le spectateur de se raccrocher à quelque élément de l’histoire. Les deux amis était imparfait mais prometteur et témoignait d’une réelle envie chez Louis Garrel, c’est peut-être cette fougue qui manque à L’homme fidèle pour se détacher de cette platitude qui le rend des plus mineurs.