Manuale d’amore 3 ou L’Amour a ses raisons – titre français qui fait d’ailleurs perdre le fil de l’histoire – est le troisième volet de Manuale d’amore (Leçons d’amour à l’italienne), l’ouvrage cinématographique sur l’amour entamé en 2005 par Giovanni Veronesi. Après avoir exploré les étapes de la rencontre amoureuse, ses moteurs avec Manuale d’amore 2, le cinéaste italien en explore les âges – « la jeunesse, la maturité et l’âge de raison ». Giovanni Veronesi engage le spectateur sur les traces d’un jeune avocat, Roberto, en passe de convoler, d’un célèbre journaliste, Fabio, qui cède aux affres de l’infidélité après 25 ans de mariage et d’un universitaire américain, Adrian, un homme d’un certain âge qui ne croit plus en l’amour. Ce dernier est incarné par Robert De Niro, qui retrouve ainsi la langue de ses origines : l’italien. Pour le reste du casting masculin, Veronesi convoque deux de ses acteurs fétiches : Riccardo Scamarcio et Carlo Verdone, vus dans les deux premiers opus. Dans les interprètes féminines, figure notamment Monica Belluci, déjà présente dans le précédent épisode. On retrouve surtout dans ce troisième film un personnage familier de la trilogie : Cupidon, qui cette fois encore fait office de narrateur, de lien entre les trois sketchs qui constituent le long métrage.
Le film à sketchs, genre qui caractérisa le cinéma italien des années 60-70, a donc toujours les faveurs de Veronesi pour la mise en images de ses « manuels ». Cette forme lui permet notamment d’explorer, sans nuire à la cohésion de l’intrigue, les effets des éléments perturbateurs introduits dans la vie amoureuse de ses protagonistes : Micol pour Roberto, Eliana pour Fabio et Viola pour Adrian. Chacune de ses femmes remet en cause les certitudes, aussi bien en matière de sentiments que de valeurs, de leurs alter ego masculins dont les voix-off éclairent l’état d’esprit. Personnages masculins qui sont d’ailleurs les plus fragiles, car complètement déboussolés. Roberto, qui vient de se fiancer, doit ainsi se séparer quelques jours de sa future épouse pour régler une affaire d’expropriation, déterminante pour sa carrière. Dans la localité où il est envoyé, il se fait très vite des amis et tombe sous le charme de la voluptueuse Micol. Le jeune homme remet alors en perspective ses priorités et savoure ce nouvel espace de liberté qui lui est offert.
Le petit suspens né du parallèle entre vie amoureuse et vie professionnelle et une ambiance bucolique sublimée par la photo font le charme de cette romance. Mais la grâce de cette histoire est absente du reste de cette comédie romantique. L’exubérance de l’excellent Carlo Verdone en mari adultérin dépassé par les caprices de sa maîtresse et dont la carrière est en péril sauve certes la seconde période du long métrage. Mais la magie n’est plus du tout au rendez-vous pour le troisième sketch, où la sublime Monica Belluci donne la réplique à De Niro. Sans surprise, la belle en détresse, brouillée avec son père, finit par tomber amoureuse de celui qui vient à son secours. Le coup de foudre est convenu et sans relief. Le strip-tease du président de la 64e édition du Festival de Cannes et une réplique mémorable relevant à peine l’intérêt du sketch. Mais cette cerise sur le gâteau reste bien amère, faisant quelque peu regretter la fraîcheur des précédents chapitres de la série.