Depardieu à Cinecittà

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Retour sur le roman de Jean-Max Méjean qui croise deux monstres du cinéma (Depardieu et Fellini) et une figure majeure de l’histoire de la peinture (le Caravage… par ailleurs au cœur du film récent de Michele Placido)

En préambule de son dernier ouvrage, Jean Max Méjean raconte le jour où il a reçu un coup de téléphone de Federico Fellini qui avait lu sa thèse le concernant. Puis, une autre fois, bien plus tard, ou son portable a sonné et d’entendre : « Bonjour Méjean, c’est Depardieu » ; l’acteur voulait l’entretenir au sujet d’un article que Jean-Max avait publié au Nouvel Observateur. La conversation avait dérivé sur bien des sujets… Deux discussions pas banales avec deux titans du cinéma. Deux moments certainement inoubliables pour notre auteur mais qui ne doivent rien au hasard si l’on sait que Fellini et Depardieu se situent au plus haut dans son panthéon cinématographique.

Auteur ou co-auteur d’une trentaine d’ouvrages sur le cinéma, Jean-Max Méjean est certainement un des plus grands spécialistes de Fellini. Grand admirateur de Gérard Depardieu aussi, il revient dans ce dernier ouvrage, Depardieu à Cinecittà (1), à ces passions qui l’animent depuis toujours mais pour en faire cette fois une rêverie – un roman. Un ouvrage moins « sérieux » et didactique qu’un travail critique mais se nourrissant pourtant d’une même connaissance remarquable du cinéma italien des années 70, et aussi de souvenirs personnels de ces années-là, à Rome.

 

 

Dans ce roman, Jean-Max Méjean imagine ni plus ni moins que la rencontre entre Federico Fellini, Depardieu et le Caravage. Ce dernier, mort il y environ 400 ans, ne ressuscite pas pour les besoins du livre mais ce sont ces œuvres magistrales et puissantes, abritées pour la plupart d’entre elles dans des églises romaines, qui vont occuper l’essentiel de l’intrigue.

Depardieu est à Rome. Il vient de finir le Novencento de Bernardo Bertolucci. Fellini de son côté achève son Casanova. Ils se rencontrent à Cinecittà, les studios légendaires de Rome. Il vient alors à l’esprit du Maestro de tourner la vie du Caravage avec Gérard dans le rôle-titre. Depardieu est enthousiasmé. Il va alors avoir de cesse de sillonner la capitale italienne et d’en visiter les églises toutes aussi splendides les unes que les autres : la basilique Santa Maria conçue par Michel-Ange, la basilique San Agostino qui abrite le célèbre tableau La Madone des Pèlerins, Santa Maria del Popolo qui protège une des pièces maitresses du peintre lombard, Jeune garçon portant une corbeille de fruits. L’auteur note que ce jeune garçon fait penser aux ragazzi di vita, ces petits loubards de banlieue que Pasolini à dépeints dans ses films…

Alors que Gérard s’émerveille de Rome en jouissant des matins et des nuits, Federico doute de son projet. Le génie connaît des moments de découragements, de doute – dont ses fréquentes insomnies sont révélatrices. Bientôt Gérard qui croule sous les propositions, repart à Paris…

Tout au long du livre, l’auteur, grand connaisseur de la vie de ses héros mélange des éléments biographiques avec son imaginaire. Ainsi Depardieu est décrit fort justement comme « l’homme qui chemine au bord du précipice avec la légèreté de l’elfe et la puissance du cheval de trait » … Fellini, lui dont la vie est réglée comme une horloge, peut compter sur l’indéfectible soutien de sa muse et femme Guilietta Masina. Ce roman qui sort des sentiers battus, pour le moins, sera un ravissement pour les cinéphiles et une belle découverte pour les autres. L’auteur y capte à merveille l’air du temps d’une époque à travers le cinéma notamment italien alors à son apogée, de – singulièrement – l’œuvre du Federico Fellini et de la soif de vivre et de la curiosité sans limites d’un jeune homme en passe, alors, de devenir un géant.

 

  1. Jean-Max Méjean, Depardieu à Cinecittà, éd hémisphères

Crédit photo de couverture : David Parenti

Crédit photo corps de texte : Jean-Max Méjean

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