Chronique d’un glissement progressif vers une jalousie maladive quoique fantômatique, 45 ans frise parfois l’académisme, surtout lorsqu’il se place du côté du symbolisme pour dire le poids du temps sur le sentiment amoureux. Regards lourds de sens, non-dits, parole bouillonnante qui n’ose s’exprimer, il faut tout le talent de Rampling et Courtenay pour que le film ne se fige dans une posture d’austérité. Mais Andrew Haigh est un réalisateur délicat, qui prend son temps pour suggérer le délitement à l’aune d’une simple étincelle, une rupture tectonique qui, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, pourrait tout réagencer. Sa mise en scène, élégante et sobre, fait craindre un temps une version amoindrie du face-à-face conjugal à la Bergman, pour finalement laisser place à une cruauté inquiète qui regarde parfois du côté du thriller. Que reste-t-il d’une vie passée à deux, quand un simple grain de sable vient tout remettre en question ? C’est l’interrogation malade de 45 ans, bel objet pas tout à fait affirmé, qu’une dernière séquence splendide rend éminemment aimable.
45 ans
Article écrit par Jean-Baptiste Viaud
Sobre et beau drame conjugal sur fond de blessures du passé.