Palmarès Ciné 2017

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L’année cinématographique 2017 aura été inégale, mais non moins mémorable par certains aspects. Petite revue des films les plus marquants des douze derniers mois selon nos rédacteurs.

L’année 2017 touche à sa fin. L’heure des bilans a sonné. Quels films retenir des douze mois écoulés ? On sent poindre la question désormais rituelle des tops de fin d’année – phénomène de mode saisonnier, peut-être vain dans le fond, mais non moins ludique et inspirant ; son moindre mérite n’étant pas de susciter des débats passionnés. On en trouvera amplement matière dans le palmarès concocté ci-dessous par nos rédacteurs.

A cette occasion devient plus saillante que jamais la diversité des points de vue, des sensibilités au sein de l’équipe de Il était une fois le cinéma. Eclectisme dont notre webzine est fier, comme d’une part essentielle de son identité. De fait, défendre la singularité de certaines oeuvres contre les discours dominants, ou au contraire pourfendre des films encensés lorsque pareille prise de position nous semble juste, une telle ambition implique aussi d’être capable d’assumer, à l’intérieur de notre équipe, quelques divergences de vue spectaculaires, mais symptômes d’une nécessaire et saine altérité.

On ne s’étonnera donc pas de l’absence de consensus absolu dans notre classement. Rien que de comparable, en somme, avec le bilan réalisé l’année précédente. Pas moins de quinze films ont recueilli deux votes seulement. Et nous n’avons retenu au sein de notre palmarès que les onze films ayant récolté au moins quatre voix – en l’occurrence, six pour les deux premiers, départagés par leurs positionnements dans les tops individuels. Cette relative dispersion n’empêche pas certaines lignes de force d’émerger, sur lesquelles nous reviendrons un peu plus loin.

Sans plus attendre, voici donc notre top 10 (aussi hétéroclite qu’assumé) de l’année 2017 :

1) La La Land (Damien Chazelle)

2) Lost City of Z (James Gray)

3) Grave (Julia Ducournau)

4) Good Time (Joshua et Ben Safdie)

5) Dunkerque (Christopher Nolan)

6) 120 battements par minute (Robin Campillo)

7) Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve)

8) Mother ! (Darren Aronofsky)

9) The Square (Ruben Ostlund)

10) Get Out (Jordan Peele)

10 ex aequo) Certaines femmes (Kelly Reichardt)

Six films étaient à la limite d’entrer dans ce classement : Sayonara (Koji Fukada), Petit Paysan (Hubert Charuel), Okja (Bong Joon-Ho), sorti seulement sur Netflix, Patients (Grand Corps Malade et Mehdi Idir) et deux films de Pablo Larrain : Jackie et Neruda. A vrai dire, il s’en fallait d’une seule voix. D’autres longs métrages auraient peut-être rejoint notre palmarès s’ils étaient sortis moins tardivement en salles – ainsi, faisons-en le pari, de l’audacieux et émouvant A Ghost Story (David Lowery). D’où la fragilité d’un classement qu’il convient assurément de relativiser et de considérer comme un reflet subjectif et partiel d’une année cinématographique aussi riche que contrastée, avare en éblouissements, mais non moins généreuse en bons films.

Quelles lignes de force se dégagent donc de notre palmarès ? D’abord, beaucoup plus marquée que l’année dernière, une prédominance états-unienne (à côté de huit films US, on comptabilise seulement deux films français et un suédois). Ce à quoi s’ajoute une forte tendance nostalgique. Ou plus exactement un regard insistant tourné vers le passé – moins celui des histoires sociales, politiques ou personnelles que celui du cinéma. Passéisme complaisant, tropisme mortifère ? Dans l’ensemble, nous y distinguerions plutôt un retour vers des fondamentaux ; une prise d’élan davantage qu’une pause ou un renoncement.

C’est que ce retour vers nos passés de cinéphiles est souvent l’oeuvre de réalisateurs encore jeunes, ou arrivés en pleine maturité, et dont la créativité, l’énergie, l’audace consacrent un talent nullement stagant. Ainsi de Denis Villeneuve, qui revisite le film culte de Ridley Scott. Son Blade Runner 2049 n’a certes pas fait que des émules, y compris dans les rangs de notre rédaction ; du moins faut-il lui faire crédit de ne pas s’être contenté d’une stricte redite ou d’un hommage paresseux. Certaines scènes continuent de nous hanter. Voilà qui ne peut être mauvais signe quant à la pérennité du film dans nos mémoires. James Gray, pour sa part, est sorti de sa zone de confort urbaine et intimiste pour plonger dans les méandres d’un certain cinéma d’aventures classique, que ses frissons mélancoliques et son esthétique léchée, quasiment onirique, rapprochent de Michael Cimino voire Werner Herzog. Et bien sûr, la comédie musicale de Damien Chazelle (déjà auteur du galvanisant Whiplash (2015)), a valeur de symptôme. On pourrait ergoter sur sa trop grande perfection technique, la maîtrise trop corsetée de sa mise en scène, ainsi que sur les talents très relatifs en chant et en danse de Ryan Gosling et Emma Stone au regard de leurs illustres aînés, de Gene Kelly à Fred Astaire en passant par Cyd Charisse et Ginger Rogers. Mais ce serait passer à côté de l’essentiel, et négliger la singularité d’un film magistral sur l’illusion et la désillusion – dialectisant ces deux termes avec plus d’ampleur que certains de ses prédécesseurs les plus illustres. Plus qu’un hommage aux comédies musicales classiques, La La Land est un chant du cygne. Enchanté et coloré, il exhale un parfum de deuil. Cependant, jamais morbide, il s’affirme résolument du côté des vivants, tourné au moins autant vers l’avenir que vers le passé du cinéma – si bien qu’on attend impatiemment le prochain film du jeune cinéaste, consacré à Neil Armstrong. Bref, rien de surprenant à ce que ce film délicieusement entêtant s’impose comme un de nos seuls (relatifs) consensus de l’année.

En fin de compte, et contre les cruelles évidences du consumérisme grégaire, du consensus mou, du formatage désespérant des goûts, oui, malgré tous ces inquiétants signaux qui n’ont pas fini de s’accentuer à l’échelle mondiale, il y avait tout de même en 2017 de quoi nourrir notre amour du cinéma. De quoi retrouver face à certains films la vibration réfléchissante de regards singuliers, ouvrant sur les réalités du monde d’aujourd’hui, pas seulement celles de la société marchande et de l' »horreur économique », mais aussi et peut-être surtout, celles des imaginaires, des désirs, des peurs et des joies les plus intimes. Au milieu d’une si riche et mystérieuse réverbation entre le réel et le représenté – ou, si l’on veut, entre le désir de réel et les réalités du désir – quel peut être le rôle du critique de cinéma ? Peut-être d’abord celui de passeur, capable de dépasser les apparences, les lieux communs idéologiques et langagiers, pour prendre le risque d’un regard singulier. Le risque, oui. Celui d’une divergence des regards, d’une âpre épreuve de l’altérité (que de divergences ne serait-ce qu’au sein de notre rédaction !). Mais cette approche seule est la condition pour qu’au-delà d’un avis personnel forcément discutable émerge la possibilité d’un discours vrai sur un film. La principale vertu de la critique, telle que nous la voyons, serait alors de tenter de cerner la singularité d’un film ; son secret intime et caché ; ce qu’il nous dit du monde, de ceux qui l’ont fait, et peut-être surtout de nous-mêmes, à travers les vertus réfléchissantes de sa mise en scène, de ses choix plastiques et sonores, de ses stases et ses chatoiements.

Nous attendons désormais de pied ferme l’année 2018, d’autant que notre webzine devrait refaire peau neuve dans les mois qui viennent. Nous en profitons pour adresser de nouveau un chaleureux merci à tous nos soutiens, qui ont permis à la campagne de crowdfunding lancée fin 2017 d’être un succès.

L’équipe de Il était une fois le cinéma vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année !

Les tops individuels :

Alexandre Jourdain :

1) Twin Peaks: The Return, de David Lynch & Mark Frost
2) Certaines femmes, de Kelly Reichardt
3) The Lost City of Z, de James Gray
4) Jackie, de Pablo Larrain
5) 120 battements par minute, de Robin Campillo
6) Visages, Villages, d’Agnès Varda & JR
7) Brothers of the Night, de Patric Chiha
8) Grave, de Julia Ducourneau
9) Good Time, de Joshua et Ben Safdie
10) A Ghost Story, de David Lowery, ex æquo avec Creepy, de Kiyoshi Kurosawa

Alexis de Vanssay

1) Leonard Cohen – Bird On A Wire, de Tony Palmer
Oublié longtemps puis remonté en 2009 par Palmer lui-même, ce film retraçant la tournée européenne de 1972 de Leonard Cohen est un moment de poésie pure.
2) 12 jours, de Raymond Depardon
Depardon : le Frederick Wiseman français !
3) Loving, de Jeff Nichols
Nichols nous raconte ici avec sa maestria habituelle un moment crucial de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.
4) Lettres de guerre, de Ivo Ferreira
Ivo Ferreira signe un très beau film sur la guerre et la séparation.
5) À l’ouest du Jourdain, d’Amos Gitai.
Le plus grand cinéaste israélien va à la rencontre, en Cisjordanie, de Palestiniens et d’Israéliens qui oeuvrent ensemble pour la paix.
6) We blew it, de Jean-Baptiste Thoret
Avec ce documentaire – magnifique formellement parlant – sur l’Amérique, Thoret s’interroge sur le pourquoi du basculement de la contre-culture vers la reprise en main conservatrice et in fine l’élection de Trump.
7) Le jeune Karl Marx, de Raoul Peck
Le film de Peck a le grand mérite de démythifier le philosophe allemand en nous racontant sa jeunesse intellectuelle à Paris dans les années 1844.
8) Petit paysan, de Hubert Charuel
Premier film réussissant, avec dextérité, à allier des genres aussi différents que le drame rural, le documentaire et même le fantastique.
9) Neruda, de Pablo Lorrain
Très belle mise en scène pour un portrait haut en couleur du Prix Nobel de littérature 1971.
10) La Vallée des loups, de Jean-Michel Bertrand
Jean-Michel Bertrand a passé 3 ans sur les traces d’une meute de loups dans une vallée perdue des Alpes. Son film est le récit de cette quête. Splendide.

Antoine Benderitter

1) The Lost City of Z, de James Gray  : une aventure intérieure lancinante, pareille à un rêve éveillé
2) La La Land, de Damien Chazelle : plus qu’une comédie musicale, une élégie poignante sur les comédies musicales et le deuil de l’illusion
3) Faute d’Amour, d’Andreï Zviaguintsev : glaçant, vertigineux, un des plus beaux films de Zviaguintsev
4) Sayonara, de Koji Fukada : une rêverie plastiquement éblouissante sur l’intelligence artificielle, la solitude et l’avenir de l’humanité
5) Nocturnal Animals, de Tom Ford : sombre, violent, poignant, un film en abyme, digne des meilleurs Cronenberg
6) Mother !, de Darren Aronofsky : radical, déconcertant, peut-être le fim le plus intime de Aronofsky
7) Voyage of Time, de Terrence Malick : plus qu’un éblouissement pour les sens, un film exaltant et habité, un des sommets de l’oeuvre de Malick
8) A Ghost Story, de David Lowery : d’abord irritant, puis de plus en plus étourdissant, un choc qu’on n’a pas fini de ressasser
9) Get Out, de Jordan Peele : brillante satire sociale et politique, mais aussi et surtout un film de genre redoutablement efficace
10) Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc, de Bruno Dumont : Bruno Dumont ose tout, dans un film surréaliste et mystique qui rappelle Buñuel

Bonus : 120 battements par minute, de Robin Campillo : coup de coeur, conjuguant un regard militant avec de vraies idées de cinéma

Arthur Mercier

1) Certaines femmes, de Kelly Reichardt
Un battement de cil, un soupir ou un soubresaut, y est un événement.
2) The Lost City of Z, de James Gray
Grand film à la puissance romanesque rare, où la jungle devient un motif introspectif, un instrument permettant de modeler le portrait du héros.
3) L’amant d’un Jour, de Philippe Garrel
Un feuilleton de vie vertigineux. Le poids existentiel des personnages s’imprime dans l’image, parfois même à l’intérieur d’une parenthèse joyeuse et sautillante.
4) Le Musée des Merveilles, de Todd Haynes
L’ébullition créative dont fait preuve le film n’a d’égale que sa délicatesse à capter l’âme des choses.
5) Detroit, de Kathryn Bigelow
Pas le meilleur film de Bigelow. Mais le cœur du film est bouleversant, et le génie absolu de sa mise en scène finit toujours par s’imposer.
6) Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve
Blockbuster malade, mais traversé par un spleen inouï.
7) Jacky/Neruda, de Pablo Narrain
Un duo de films passionnant du même auteur, et dont la proposition formelle est proprement hypnotisante.
8) Okja, de Bong Joon-ho
La capacité du réalisateur d’alterner à l’infini tous les tons, ainsi que tous les genres, avec une telle élégance et fluidité, est hyper enthousiasmante. Okja est un film libre, à la forme euphorique et euphorisante, toujours émouvant dans sa frontalité mais jamais vulgaire.
9) Dunkerque, de Christopher Nolan
Bien qu’il soit difficile de pardonner les aigreurs narratives parfois insupportables de ce mastodonte, il faut reconnaître au film d’être peut-être le meilleur de son auteur. Certains passages font preuve d’une sorte de poésie matérialiste à l’intérieur du chaos guerrier.
10) Terminator 2 3D, de James Cameron
Une madeleine de feu et d’acier.

Corentin Lê

1) Silence, de Martin Scorsese
2) Mother !, de Darren Aronofsky
3) Good Time, de Josh et Benny Safdie
4) Song to Song, de Terrence Malick
5) Grave, de Julia Ducournau
6) Un jour dans la vie de Billy Lynn, de Ang Lee
7) Jackie, de Pablo Larrain
8) Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve
9) Jeannette, l’enfance de Jeanne D’Arc, de Bruno Dumont
10) The Square, de Ruben Ostlund

2017 est un jeune coureur sans expérience : ça commence très très fort avec un début enflammé (Larrain, Ang Lee et surtout Scorsese puis Ducournau), avant de s’essouffler petit à petit (avec un festival de Cannes en demi-teinte et de grosses sorties estivales particulièrement indigestes), puis de se réveiller à mi-parcours pour délivrer un dernier coup de jus (une rentrée remarquable avec Aronofsky, les Safdie et Dumont, tous venus nous secouer à leur façon), pour au final finir la course épuisé, lessivé après un départ canon. Au fond, et c’est tant mieux, 2017 aurait été, par bribes et par sursauts, aussi incroyable qu’elle a pu s’avérer, parfois, molle et ennuyeuse. Une année en dent de scie, avec ses (très) hauts et ses (très) bas. Bref (et il faut se l’avouer), une année comme les autres…

Jean-Michel Pignol

1) La La Land, de Damien Chazelle : Un moment de grâce que seules les comédies musicales peuvent nous procurer.
2) Gabriel et la montagne, de Fellipe Barbosa : Un voyage initiatique d’une infinie richesse.
3) Une femme douce, de Sergei Loznitsa : Une plongée envoutante dans le cauchemar russe:
4) The Square, de Ruben Ostlund: Sous le cynisme apparent et follement drôle, un regard bien plus humain qu’il n’y parait.
5) Les fleurs bleues, de Andrzej Wadja : L’œuvre testamentaire de Wadja. Un combat touchant et fort.
6) Mother !, de Darren Aronovsky : Quand Aronovsky épure son approche, son cinéma prend toute sa force.
7) Harmonium, de Koji Fukada : Koji Fukada prend tout son temps pour briser le vernis protecteur du foyer japonais.
8) Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve : Denis Villeneuve retrouve presque l’âme de son prédécesseur.
9) Grave, de Julia Ducournau : Sanglant, organique, troublant. Le premier film très prometteur de Julie Ducournau.
10) Get Out, de Jordan Peele : Aussi acerbe qu’horrifique.

Liste des 5 plus mauvais films de 2017
Ma liste porte sur des films qui ne sont pas à la hauteur de leurs ambitions, de leurs moyens
ou de leurs récompenses.
1) La Momie d’Alex Kurtzman, le Blockbuster où rien ne fonctionne : un scénario ridicule
(Docteur Jekyll se mêle à la partie), l’humour et de l’action qui tombent à plat et, pour
couronner le tout, Tom Cruise plus caricatural que jamais.
2) K.O : Après une première assez réussie, Simon Werner a disparu, Fabrice Gobert se perd
dans un cauchemar à dormir debout. César du plus mauvais acteur 2017 pour Laurent
Lafitte, pour qui un salaud doit en permanence arborer un regard noir et serrer les
mâchoires.
3) Seven Sisters : Tommy Wirkola disposait là d’une dystopie à fort potentiel philosophique.
Mais non, il décide de faire courir, tomber, sauter Noomi Rapace, jusqu’ à l’épuisement.
4) Split. Un film d’horreur terrifiant de lourdeurs, de grimaces et de cries. Shyamalan a
probablement été monté trop haut à ses débuts, et là, il touche le fond.
5) Les Proies de Sofia Coppola. La papesse de la vacuité a mystifié le jury Cannois qui lui à
attribué le Prix de la mise en scène. Un packaging séduisant : casting, photographie. Mais à
l’intérieur, quelle insipidité !

Jean-Max Méjean

Année cinématographique un peu morose, sans grandes surprises sauf quelques sorties cannoises. Sinon le train-train habituel des comédies à la française souvent d’une platitude vulgaire lassante sans oublier les mastodontes américains souvent lourdingues. Quelques pépites cependant qui contribuent à ce que notre goût pour le cinéma reste presque intact…

1) Petit paysan, de Hubert Charuel : une peinture tendre et sans ménagement de la situation de l’agriculture en France et, plus largement, en Europe. Une civilisation se meurt et tout le monde est impuissant.
2) Faute d’amour, de Andreï Zviaguintsev : une peinture de la société russe de nos jours, entre désillusions, colère et manque d’amour.
3) The Square, de Ruben Östlund : la grande surprise de la Palme d’or à Cannes, enfin un film vraiment satirique et pas politiquement correct, même si de longueurs ralentissent son propos.
4) Dunkerque, de Christopher Nolan : un très beau film de guerre, qui insiste plus sur les relations interpersonnelles que sur les champs de bataille dévastés. Un beau film humaniste.
5) L’échange des princesses, de Marc Dugain : film historique d’un épisode peu reluisant du règne du Régent qui montre l’instrumentalisation des enfants, qui se perpétuent d’une manière différente encore de nos jours.
6) Carré 35, d’Eric Caravaca : film tendre et mélancolique sur les mensonges et l’opacité des relations familiales, réalisé par un très grand acteur.
7) Téhéran Tabou, d’Ali Soozandeh : film amer et critique sur la situation familiale dans la société iranienne contemporaine, avec ses tabous et ses ratés, réalisé par un procédé original.
8) Le redoutable, de Michel Hazanavicius : coup de griffe aigre doux contre Jean-Louis Godard, et contre les intellectuels qui ont kidnappé dans les années 70 la révolution et le cinéma.
9) The Florida project de Sean Baker : beau film aux couleurs vintage, décrivant un motel à la dérive, géré par un gardien extraordinaire d’humanité, un des plus beaux rôles de William Dafoe.
10) A beautiful day, de Lynne Ramsay : entre Scorsese et Tarantino, ce film impose un style à la fois poétique et violent qui scelle définitivement la magnifique carrière de Joaquin Phoenix.
10 bis) Argent amer, de Wang Bing : documentaire hyperréaliste sur les conditions de vie des ouvriers du textile chinois exilés à des milliers de kilomètres de leur province d’origine.

Josiane Martin

1) Corporate, de Nicolas Silhol : le harcèlement moral en entreprise magistralement interprété
2) L’intrusa, de Leonardo di Constanzo : la lutte sociale d’une femme pour aider des démunis et recréer une cellule, sur fond de Camorra italienne
3) 120 battements par minute, de Robin Campillo : les émotions amoureuses grand format dans la tempête meurtrière des années sida
4) Visages villages, de Agnès Varda & JR : la conjugaison de 2 univers artistiques différents (Agnès Varda et JR) pour une explosion poétique
5) Une famille heureuse, de Nana Ekvtimishvili : dans la froide Géorgie, le courage d’une femme à affronter sa famille en s’émancipant
6) La la land, de Damien Chazelle : la comédie musicale du 21ème siècle ?
7) Patients, de Grand Corps Malade : l’histoire vraie de Grand Corps Malade, une ode au courage
8) L’atelier, de Laurent Cantet : la réinsertion sociale par l’écriture, un beau combat
9) Nos années folles, d’André Téchiné : une femme prête à tout pour aider l’homme qu’elle aime, jusqu’au bou
10) Sage femme, de Martin Provost : 2 femmes que tout oppose mais que la vie réunit à nouveau pour la plus émouvante des complicités

Justin Kwedi

1) La La Land, de Damian Chazelle
2) Mother !, de Darren Aronofsky
3) Your Name, de Makoto Shinkai
4) Un Jour dans la vie de Billy Lynn, de Ang Lee
5) Creepy, de Kiyoshi Kurosawa
6) Nocturnal Animals, de Tom Ford
7) Dunkerque, de Christopher Nolan
8) Dans un recoin du monde, de Sunao Katabuchi
9) Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve
10) The Lost City of Z, de James Gray

Lucile Marfaing

1) Twin Peaks – The Return, de David Lynch & Mark Frost
Inframonde déroutant qui atteint les tréfonds de la psyché, cette œuvre totale de David
Lynch convoque de saisissantes expérimentations formelles pour un bouleversant
retour. Une éternelle boîte noire, qui hante durablement de son mystère.
2) Certaines femmes, de Kelly Reichardt
Le portrait infiniment subtil de quatre femmes, où les terres brunes et froides du
Montana se confondent à la mélancolie d’un film où chaque plan, créé avec une
grande délicatesse, révèle un geste de beauté.
3) Sayonara, de Koji Fukada
Là où une femme meurt, un androïde survit. Un voyage existentiel, à la forme
épiphanique, qui de bout en bout fait se mirer l’être, dans le passé comme dans le
contemporain.
4) Dunkerque, de Christopher Nolan
Ce film très personnel de Christopher Nolan, d’une étrange abstraction face à
l’Histoire, œuvre taiseuse, laisse une empreinte profonde et lancinante, au son d’un
tic-tac de survie.
5) Grave, de Julia Ducournau
Un premier long métrage qui va jusqu’au bout de son in-carnation et révèle un univers
artistique singulier et sensitif.
6) Good Time, de Joshua & Bennie Safdie
Désespéré mais jamais à bout de souffle, ce film à vif, qui nous entraîne dans un
monde sonore et visuel hallucinatoire, confirme la puissance de cinéma des frères
Safdie.
7) L’Intrusa, de Leonardo Di Costanzo
La vie à la Masseria, petit bout du monde napolitain comme rempart et îlot de sécurité
pour les enfants cassés de la Mafia locale. Doux et fragile, une image lumineuse et des
teintes vertes d’espoir et de résistance, comme le magnifique personnage de Giovanna.
8) Split, de Night Shyamalan
Cette dernière production de Shyamalan, qui crédite à son générique final la totalité
des personnalités du schizophrène interprété par James McAvoy surprend par sa
matière d’une douleur primitive et insondable.
9) The Lost City of Z, de James Gray
D’apparence classique, The Lost City of Z reste en tête par la grâce et le mystère
distillés dans certaines de ses séquences, comme lorsqu’un morceau de jungle glisse
vers une tenture de velours.
10) Miracle Mile (ressortie), de Steve de Jarnatt
Dans un Los Angeles de fin du monde et de salles de sport eighties, un homme
parcourt la ville avant l’Apocalypse pour sauver son grand amour, rencontré quelques
heures plus tôt. A la fois sombre et candide.


Marion Roset

1) The lost city of Z, de James Gray
2) 120 battements par minute, de Robin Campillo
3) Coco, de Lee Unkrich
4) I am not your negro, de Raoul Peck
5) La La Land, de Damien Chazelle
6) Get out, de Jordan Peele
7) Neruda, de Pablo Larrain
8) Le grand méchant renard, de Benjamin Renner et Patrick Imbert
9) Laissez bronzer les cadavres, de Hélène Cattet et Bruno Forzani
10) Logan Lucky, de Steven Soderbergh

Maxime Lerolle

1) Logan, de James Mangold.  Une claque visuelle, qui dépasse largement le cadre des super-héros pour flirter avec le western, voire au-delà.
2) Dunkerque, de Christopher Nolan. Comment mener une épopée autrement que par le son ? Réponse : l’image et le montage, art nolanien qui trouve ici son aboutissement dramatique.
3) A Beautiful Day, de Lynn Ramsay. Déconstruire la grosse brute, la narration et le genre pour y découvrir des pulsions de vie.
4) Good Time, de Josh & Bennie Safdie. Filmer New-York la nuit comme un good trip ; la meilleure manière de saisir une ville.
5) Detroit, de Kathryn Bigelow. Une oeuvre puissante, d’autant qu’elle met en miroir la brutalité policière qui gangrène aujourd’hui nos démocraties.
6) Patients, de Grand Corps Malade. Un premier film extraordinaire, dont l’humour tapageur met sur un pied d’égalité handicapés et valides.
7) Get Out, de Jordan Peele. Une comédie horrifique acerbe, qui met en lumière la violence raciste qui frappe encore les Afro-Américains.
8) Okja, de Bong Joon-ho. Malgré le scandale qu’a suscité le film à Cannes, la production de Netflix méritait largement les honneurs de la salle. Et sa virulence narrative et politique sans doute mieux qu’une banale polémique.
9) Psiconautas, de Pedro Rivero & Alberto Vazquez. Passé inaperçu en France, ce film d’animation espagnol vaut largement le détour. Baroque, cauchemardesque, il entend perdre le spectateur dans une forêt de signes, métaphore du cinéma.
10) La Passion Van Gogh, de Dorota Kobiela. Une oeuvre rare, dont la beauté formelle va de pair avec une grande intelligence du propos sur la vie d’artiste.

2017 aura vu deux tendances de part et d’autre de l’Atlantique. Côté américain, c’est, depuis la victoire de Moonlight aux Oscars, la reconnaissance dans le grand public d’un cinéma de la question afro-américaine, qui va du satirique Get Out au brutal Detroit, en passant par la fine analyse sociale de The Fits. Côté français, l’année aura vu l’émergence de premiers réalisateurs, et surtout réalisatrices, de talent, qui mettent à mal les mastodontes auteuristes (Ozon, Doillon, Desplechin…). Pensons à Mehdi Idir et Grand Corps Malade pour Patients, Léa Mysius avec Ava ou encore Grave de Julia Ducourneau. Deux phénomènes que l’on souhaiterait voir se prolonger, plutôt que celui des blockbusters tous plus ratés les uns que les autres.

Ce qui nous amène aux flops (dans le désordre) :
La Momie
Wonder Woman
Traque à Boston
Blade Runner 2049
Alien : Covenant
Tunnel
La Planète des Singes : Suprématie
Valérian et la Cité des Mille Planètes

Sébastien Krebs

1) Yourself and Yours, de Hong Sang Soo
2) Sayonara, de Koji Fukada
3) La Villa, de Robert Guédiguian
4) Le Caire Confidentiel, de Tarik Saleh
5) Certaines Femmes, de Kelly Reichardt
6) L’Opéra, de Jean-Stéphane Bron
7) L’autre coté de l’espoir, de Aki Kaurismaki
8) Good Time, de Josh & Bennie Safdie
9) Le Parc, de Damien Manivel
10) L’amant d’un jour, de Philippe Garrel

Stéphanie Chermont :

1) Moonlight, de Barry Jenkins.
Trois moments de la vie d’un homme, aussi troublant qu’émouvant. Un Oscar mérité !
2) Grave, de Julia Ducournau.
Un film poignant, qui mêle suspense et sang, avec une touche de féminité… Hâte de voir son prochain film.
3) 120 battements par minute, de Robin Campillo.
C’était ma Palme d’Or, Robin Campillo a su capter les battements d’un groupe en lutte, qui a marqué son temps et notre société.
4) The Square, de Ruben Ostlund.
Drôle, décalé, surprenant, un film qui a complètement marqué 2017 par les sujets abordés (critique de l’Art, de notre individualisme, de l’argent…).
5) La La Land, de Damien Chazelle.
Adulé en France et à l’étranger par le public, difficile de ne pas céder à l’entrain des pas de danses et de la musique de cette comédie musicale !
6) Okja, de Bong Joon-Ho.
Même si sorti sur Netflix, ce film est celui d’un très grand réalisateur qui arrive, comme peu d’autres, à mélanger fiction, animation et politique.
7) L’autre côté de l’espoir, d’Aki Kaurismäki.
Un très grand film de Kaurismäki, très actuel et engagé, sans pour autant être glauque. Une claque.
8) Jeune Femme de Léonor Serraille
Une Caméra d’Or qui illustre à la perfection la femme d’aujourd’hui, avec ses forces et ses faiblesses, non sans poésie urbaine.
8 bis) Loving, de Jeff Nichols.
L’une des plus belles histoires d’amour (et triste) de cette année (avec La La Land).
9) Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir.
Le milieu hospitalier, le handicap, l’histoire d’un artiste en devenir, de ses épreuves… Tout étant une fiction. Pari réussi.
10) Le Grand Méchant Renard et autres contes, de Benjamin Renner et Patrick Imber.
Déjà accro à ses BD, Benjamin Renner a signé un magnifique film sur grand écran.
10 bis) Petit Paysan, de Hubert Charuel.
Porté par le jeu impeccable de Swann Arlaud, Petit Paysan va piocher au plus profonds de nos sentiments.

Bonus séries
1) Big Little Lies, de David E. Kelley
2) Mindhunter, de David Fincher
3) 13 reasons why, de Brian Yorkey.

Année :


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