Cinéma d’inspiration biographique
Tout commence pour lui alors qu’il décide plus jeune de changer de vie. Non, il ne sera pas éleveur comme sa famille mais il s’inscrit à la Femis, réfléchit pendant quelques années à ce long métrage mêlant souvenirs, expériences et passé, puis trouve de quoi le financer, après s’être fait la main en réalisant des courts métrages efficaces. Cette écriture, dans Petit Paysan, est spectaculaire. On se raconte, à travers le personnage de Pierre et la peur de perdre son troupeau de vaches à cause d’une maladie belge dévastatrice, qu’il est possible de prendre notre destin en main, de s’affranchir des règles, de choisir quel sera notre avenir.
Un réalisme particulier
Alors que des personnages viennent le réguler, voire le résonner, Pierre – l’acteur Swann Arlaud, toujours aussi bon – persiste à croire que rien ne s’est passé, que ce cauchemar va s’arrêter. Cette sœur – jouée par la talentueuse Sara Giraudeau – terre à terre, vétérinaire, ne cesse de le ramener à cette réalité dont il cherche à s’échapper. Dans Petit Paysan, on observe ces émotions qui passent de la joie d’être le meilleur à l’angoisse d’être une terreur, un maudit, et on ne juge pas. La distance, voulue par une réalisation soignée, des plans doux et serrés sur le mal-être d’un éleveur en détresse, pousse à l’émotion forte, à la compréhension, à l’intérêt d’en savoir plus.
Même si le réalisateur n’a pas choisi le documentaire pour son film, il aura eu le mérite d’éclairer, par la fiction, la situation presque quotidienne de ceux qui nous nous nourrissent, dont on ne parle que très peu, encore moins au cinéma.