Louis Garrel offre en quelque sorte à Jean-Claude Carrière, décédé en février 2021, la mise en images de son dernier scénario. En effet, le célèbre scénariste se sentait inspiré lorsqu’il prenait l’avion, l’altitude démultipliait son imagination. C’est ainsi, au retour d’un voyage à New York avec le jeune réalisateur, qu’il lui confie à l’arrivée ce projet de scénario. Au début, Louis Garrel n’est pas emballé. Il n’aime pas trop l’idée que des enfants puissent vouloir sauver la planète en péril, ça lui paraissait irréaliste. Or, par hasard, un jour il entend à la télévision Greta Thunberg et ça le convainc de l’urgence de faire ce film. « Je pense que le film fonctionne avec cette sensation de direct, et grâce aux enfants, se confie-t-il dans le dossier de presse du film. Si j’avais fait ce film avant que les jeunes se mobilisent, on l’aurait trouvé faux, et utilisant les enfants. Personne ne pensait qu’âgés de 10 ou 12 ans, des enfants se mobiliseraient ainsi. »
Encore une fois, le scénariste de Luis Bunuel entre autres s’avère prophétique et l’histoire fonctionne, du moins dans la première partie de ce film étrangement court (une petite heure) comme s’il s’agissait d’un scénario non terminé et que Louis Garrel ait été en manque d’inspiration pour le conclure. Il démarre très bien en effet : l’idée de départ de tous ces enfants qui piquent les objets inutiles de leurs parents gâtés pour les revendre sur Internet afin de sauver la planète est à la fois surréaliste et comique. On y entre à fond même à la césure du film lorsque Paris est menacé soudain par une attaque aux particules fines semant le silence et l’effroi, un peu comme les diverses vagues de contamination au Covid que le film, réalisé avant la pandémie, annonce. Mais la fin, sans doute un peu improvisée, déçoit avec cet épilogue style conte de fées avec la belle Laetitia dans le désert comme ambassadrice des enfants. Après Petit Tailleur, Les deux amis et L’homme fidèle (ces deux longs-métrages étaient déjà coécrits avec Jean-Claude Carrière), Louis Garrel montre encore une fois son sens de la mise en scène et ses grandes qualités de direction d’acteurs, aidé en cela par Laetitia Casta et le jeune Joseph Engel, et la belle photo de Julien Poupard.