Pour Bird People, Pascale Ferran a fait un excellent choix de casting. Anaïs Demoustier joue une femme de chambre, discrète mais caractérielle, lunaire, rêveuse, prête à lâcher ses études mais pas prête à le dire encore à ses parents. Tous les jours se ressemblent pour elle, d’un couloir à une chambre, de sa supérieure à ses collègues du même âge – sa copine à l’écran n’est rien d’autre que Camélia Jordana, du télé crochet "Nouvelle Star". Ou encore Roschdy Zem en réceptionniste, prêt à dépanner d’une cigarette le premier client venu. Et ce premier venu, c’est Gary Newman – Josh Charles dans la vie, de la série The Good Wife – excellent acteur que l’on s’étonne de voir dans un film français.

L’équipe de Bird People au Festival de Cannes 2014 / © BORDE-MOREAU / BESTIMAGE
En sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes de cette année 2014, Bird People n’est autre que le reflet de nos vies, cette ritournelle du quotidien que l’on aimerait changer, modifier, secouer.
À travers le destin de ses deux personnages, la réalisatrice montre que tout est encore possible, dans nos vies, même quand celles-ci paraissent déjà lancées. Que se soit pour Garry et son travail stressant, ses voyages prévus à Dubaï, Paris, sa femme pressante. Ou bien pour Audrey, dont les journées à faire les lits et passer l’aspirateur se ressemblent, ne laissant que peu de place à l’amusement ou à la vie privée.Pour la musique du film, Pascale Ferran a fait appel à une autre "Nouvelle Star", Julien Doré qui reprend La Javanaise de Serge Gainsbourg. Comme un gimmick, cette chanson revient à plusieurs moments de Bird People nous laissant comprendre l’attention toute particulière de la réalisatrice pour séquencer son long métrage, pour montrer que malgré un coup de tête, une scène surnaturelle ou une rencontre, tout recommence, tout se fait nouveau si l’on pousse un peu la destinée.
C’est le regard de Pascale Ferran qui touche le plus. Elle pose sa caméra sur des détails du quotidien, avec précision et suite logique. Que se soit un oiseau, un homme, une femme, un enfant, la réalisatrice arrive à capter le moment présent, capturer le temps pour un cinéma d’auteur, un cinéma qui respire, qui montre, qui observe. On se pose des questions, on s’interroge sur ce qui est en train de se dérouler, sans forcément avoir un chemin tout tracé mais avec poésie et volupté. Pascale Ferran est capable, par le cinéma, de nous montrer le réel, le terre sur laquelle nous vivons, nous aimons, nous mourrons.
À relire sur notre site,le rapport du Club de 13, sur l’engagement de la réalisatrice Pascale Ferran.