Angles d’attaque

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Il est certains films dont on ne sait exactement comment les prendre, entre agacement et perplexité, et Angles d´attaque est de ceux-là.

Pourtant le film repose sur une ambition intéressante : être un pur divertissement d’action, tout en prenant de la distance avec ce genre. La distance est ici celle de la multiplicité des points de vue qui co-existent autour d’une même situation : le Président des Etats-Unis est de passage à Salamanque en Espagne, où il doit prononcer un discours important, scellant une alliance internationale de lutte contre le terrorisme. Alors qu’il se présente sur une place de la ville, point de mire de milliers de personnes et de caméras, il se fait tirer dessus. Commence alors la quête de la vérité sur cette scène originelle, qui est menée par huit personnages tous témoins de l’événement. Le récit s’intéresse à chacun d’eux, en une succession de chapitres courts, et construit ainsi un puzzle où la rencontre de ce qu’ils ont vu ou fait permet de découvrir la réalité.

C’est un Anglais qui a réalisé le film, Pete Travis (dont l’opus pécédent, Omagh, quête de vérité sur l’attentat perpétré dans cette ville d’Irlande du Nord, avait été remarqué par la critique). Son intérêt et son originalité résident dans son concept et sa narration : l’emboîtement des points de vue. Le dispositif ne va pas sans répétitions, mais grâce à la durée du film, très courte, il se resserre sur l’essentiel et permet au récit de se dérouler avec une nervosité bienvenue.

Pour autant, ni le rythme du film, ni son casting international de haut vol ne parviennent à donner à cette histoire une ampleur qui renouvelle l’exercice. La comparaison avec la trilogie sur Jason Bourne, en particulier le dernier volet La mémoire dans la peau, vient immanquablement à l’esprit. Mais là où Bourne incarnait, à son corps défendant, le héros torturé du monde post-11 septembre, les témoins d’Angles d’attaque sont réduits à être des pantins, spectateurs dépassés pour les uns (la productrice de journal télévisé qui est tétanisée par ce que diffusent ses écrans de contrôle, le Président des Etats-Unis qui assiste en une scène surréaliste à son propre assassinat) ou, pour les autres, des machines de guerre mues par un idéal plutôt vague. La profusion des images cache mal l’absence de propos, alors que le rôle des médias et des nouvelles technologies, omniprésents, n’est jamais véritablement questionné.

Le spectateur, dès lors, peine à exercer son regard critique face à ce flux d’images et de points de vue qui finissent par s’équivaloir, et se demande à qui appartient la position avantageuse du titre originale (Vantage Point). Au sortir du film, il semble qu’elle revienne à ceux qui savent jouer du leurre, avec héroïsme cela va sans dire. Mais n’est pas Brian de Palma qui veut – et la sortie d’Angles d’attaque est à prendre comme une occasion de revoir Snake Eyes !

Titre original : Vantage Point

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Durée : 90 mn


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