Violette

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Un film à la féminité éclatante mais qui peine à toucher en plein coeur.

Martin Provost aime mettre en valeur des destins féminins hors du commun, des femmes visionnaires d’origine populaire. Après Séraphine (2010) avec Yolande Moreau, il met en scène Violette avec Emmanuelle Devos. Cinq ans après le premier, il y fait écho avec l’histoire de Violette Leduc, née « bâtarde » au début du XXe siècle, dont l’écriture salvatrice et la rencontre avec Simone de Beauvoir seront déterminantes. Violette, comme Séraphine, à l’art collé à la peau. Il l’habite, la démange, la dérange, la soulage et la libère. Violette a besoin de raconter pour mieux vivre. Elle a besoin de tout dire, sans tabou. Mais pour y arriver, elle a aussi besoin d’un mentor qui l’y encourage, la flatte, la fait travailler et l’inspire. C’est en Simone de Beauvoir qu’elle trouvera un tel modèle. Pour le « Castor », c’est l’opportunité de parrainer un auteur dont elle reconnaît immédiatement le talent.

Martin Provost considère Séraphine et Violette comme des « sœurs » : « leurs histoires sont si proches, c’est troublant », raconte-t-il en dossier de presse. C’est d’ailleurs lors du tournage de Séraphine que le réalisateur a découvert l’histoire de Violette Leduc. Après avoir travaillé avec Yolande Moreau sur ses deux précédents films (également présente dans Où va la nuit, 2011), c’est Emmanuelle Devos qui incarne cette fois cette femme forte et singulière, un personnage romanesque parfait pour ses écrits autobiographiques, où s’entendent les cris de leur auteur qui désespère et se lamente dans une société où elle se sent rejetée et mal-aimée depuis toute petite. À la manière d’une Yolande Moreau étincelante, Emmanuelle Devos crève l’écran.

 

Le pas toujours alerte, avec ses talons qui claquent et résonnent dans les rues qu’elle parcourt, Violette irradie sous les traits de l’actrice qui donne toute sa saveur au film, dans un rôle qui la fait sortir de ses carcans. Affublée d’un faux nez qui veut la rendre laide – source de ses problèmes selon son personnage -, Devos joue la déraison, le malheur, les cris, la passion amoureuse. Violette ne tient pas en place, intéresse comme elle exaspère par ses côtés égocentriques et complexés. Mais ses écrits intriguent, leur force semble incroyable. D’un « désert qui monologue tout seul », elle devient sans y penser l’emblème d’un féminisme engagé, sous l’instruction de Simone de Beauvoir. « Il faudra tout dire, vous rendrez service à bien des femmes », lui conseille-t-elle.

Dans Violette, Martin Provost se pourlèche avec une mise en scène contrôlée, où explosent les pics de folie et de colère de son héroïne. Le réel est rendu à l’état brut avec une photographie néanmoins chatoyante, les gros plans racontent ce que les mots n’osent pas dire, les détails comptent. Mais ses reconstitutions parfaites font paradoxalement perdre un peu d’humanité et de chaleur à cette histoire, qui peine à toucher en plein cœur. Malgré tous les sentiments étalés, difficile de s’émouvoir. Sandrine Kiberlain en Simone de Beauvoir ne convainc que moyennement avec une diction antinaturelle et son maintien grave. Si la direction d’acteurs veut la faire ressembler le plus fidèlement possible à l’auteur du Deuxième Sexe (1949), dont elle entame l’écriture au cours du film, il manque quelque chose qui empêche de trouver son personnage attachant et bienveillant. Violette a donc parfois des côtés fades bien dommageables alors qu’il évoque des sensations si intenses.

Titre original : Violette

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Durée : 139 mn


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