Ce film est le fils d’un autre film documentaire, When we were kings, sorti en 1997, qui s’intéressait au combat de boxe mythique entre Mohamed Ali et George Foreman qui eut lieu en 1974 à Kinshasa. Ali fit tomber son adversaire au 8ème round et, dans un soubresaut de l’histoire, reconquit son titre de champion du monde. Or, dérushant les archives, un monteur découvrit une mine d’or dans les images d’époque : des dizaines d’heures du festival Zaïre 74. Quelques semaines avant le combat, les plus grands chanteurs afro-américains rythm and blues du moment et les stars Zaïroises s’étaient réunis pour un festival de 3 jours sans précédent. Champollion de la Soul, Jeffrey Levy-Hinte ne put se résoudre à laisser dormir anonymes ces moments de musique magiques. Grand bien nous en fasse !
D’entrée accueillis par GFOS, alias God Father of the Soul – Mister James Brown –, le film réjouit. Tous les noms parlent d’eux mêmes, Bill Withers – magistral dans une ode mélancolique à l’amour –, BB king, The spinners, Celia Cruz, Miriam Makeba… Le spectateur assiste à un show unique, et peut difficilement s’empêcher de frétiller sur son fauteuil. Car s’il suit les pérégrinations de la préparation du festival, images et lunettes seventies à souhait, diatribes black power en prime, il est avant tout question de musique. Celle d’une poignée de pionniers, qui au-delà des fantasmes d’affranchissement, avait un message : le pouvoir de la musique est un voyage vers soi.
Au-delà de la délicieuse frénésie qui habite les protagonistes de ce festival, Soul power est bien un documentaire qui existe comme un film, brillamment monté. C’est un concert qu’il propose, c’est un bout d’Afrique qu’il montre, et ce n’est pas Mohamed Ali qui dispose. Au travers de bouts de live empreints de vie – ce qui n’est pas toujours un pléonasme – c’est bien eux, artistes de la soul, qui déposent. Leurs âmes au bout du micro. Et la vôtre, 35 ans plus tard, de répondre en écho.