Robot and Frank

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Une mise en scène authentique, un scénario original, un casting excellent… « Robot and Franck » réunit tous les critères pour être une bonne surprise !

Il y a certains films qui arrivent à être drôles sans être hilarants, émouvants sans être larmoyants, des films qui sont justes d’un bout à l’autre. De petits bijoux aussi agréables à regarder que riches en questions sur notre contemporanéité. Robot & Franck en fait partie.
Cette petite pépite est le premier long métrage de Jake Shreier d’après le premier scénario long de Christopher Ford. Malgré toutes ces « premières fois », cette comédie dramatique fait son petit bout de chemin puisque après son prix Alfred P. Sloan à Sundance (forcément, c’est un film indépendant), elle a ouvert le Festival du film américain de Deauville.

Dans Robot and Franck, Jake Shreier pose son récit dans notre futur proche. Il met en scène Franck, retraité solitaire ancien voleur professionnel dont la mémoire flanche. Son fils, parce qu’il se fait du souci de le savoir seul, décide de lui offrir un robot programmé pour être une sorte d’auxiliaire de vie : ménage, cuisine, activités pour entretenir la santé mentale de Franck… un humanoïde à savoir tout faire. D’abord réfractaire, Franck fini par adopter ce robot aux airs de Lego. Et de fait, la réussite du film repose d’abord sur l’alchimie touchante qui se crée entre le robot et le vieil homme (interprété par l’excellent comédien de théâtre Franck Langella). Mimiques, humour, façon de parler, de se déplacer… Robot, le robot, devient un personnage à part entière auquel on s’attache rapidement.

Dans cette comédie, Shreier traite avec virtuosité un panel de sujets contemporains et essentiels, aidé par le scénario original et intelligent de Ford. Le duo, en un véritable tour de passe-passe, parle de la vieillesse et de la perte de mémoire, sujet peu abordé dans le cinéma américain, sous la focale de la comédie d’action en transformant le robot en cambrioleur hors-pair ! Robot and Franck pose également la question du tout numérique et de la destruction du livre physique à travers l’amie de Franck bibliothécaire dont le nouveau patron veut transformer sa bibliothèque en un lieu conceptuel de réalité augmentée où les livres physiques les plus rares deviennent des objets vintage. Enfin, Shreier et Ford, avec tact et philosophie, laissent en suspens quelques questions intéressantes comme la supériorité intellectuelle de l’homme sur la machine, de la part d’humanité chez le robot ou encore du remplacement des hommes par des machines…

Le tout est servi par une proposition de mise en scène minimaliste mais néanmoins très réussie : chaque plan est travaillé soigneusement, la lumière souvent automnale de la petite ville de province verdoyante apporte une certaine nostalgie au traitement de l’image. Une simplicité et une authenticité qui permettent à Shreier et Ford d’explorer des thèmes et des sujets parfois graves sans jamais enliser le film dans des lourdeurs mélodramatiques. Servi par un casting excellent, Franck Langella (Franck) et Susan Sarandon (Jennifer) en tête, Robot and Franck est un film touchant, attachant, drôle et poétique sur la crainte de l’obsolescence. Quelque chose de rare qu’il ne faut pas rater.

Titre original : Robot and Frank

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Durée : 85 mn


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