Frankenstein Junior de Mel Brooks

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Déférente et hilarante,une pépite de Mel Brooks à (re)découvrir.

Frankenstein Junior est sans doute le film le plus populaire de l’amuseur Mel Brooks. A la revoyure, ce n’est pas forcément le plus drôle (Les Producteurs et sa comédie musicale nazie ou encore Le Shériff est en prison et son finale apocalyptique sont au fond bien plus hilarants) mais certainement le plus attachant. Si l’aspect référentiel et parodique dans le cinéma américain n’a pas attendu Mel Brooks, il s’exprimait par intermittence au sein d’un film (le détournement du baiser légendaire de Tant qu’il y aura des hommes dans Sept ans de réflexion par exemple, ou les films de Frank Tashlin) plutôt que de le faire reposer entièrement reposer sur lui. Mel Brooks amène donc cette approche parodique dans une échelle plus ambitieuse qui ouvrira notamment la voie aux ZAZ qui le supplanteront à partir de leur Hamburger Film Sandwich. Cependant, si les sales gosses des ZAZ n’ont de respect pour rien ni personne de par leur inspiration variée issue de la contre-culture (le magazine MAD notamment, comme nous l’avions vu lors du dossier que nous leur avions consacré), Mel Brooks est lui beaucoup plus déférent et cinéphile avec les œuvres qu’il détourne. Il le prouvera avec la teneur plus recherchée de ses parodies, comme la tentative de film muet de La dernière Folie de Mel Brooks ou l’immense melting-pot de La Folle Histoire du Monde.

Cela s’avère particulièrement vrai avec ce Frankenstein Junior, qui parodie les grands films d’épouvante Universal des années 30 et où, anachronismes et apartés délirant mis à part, la trame du roman de Mary Shelley est plutôt respectée. Mieux encore, le film usera des mêmes château, accessoires et décors de laboratoire que la célèbre version de James Whale. On comprend alors la démarche de Mel Brooks, brillamment équilibrée en pastiche et hommage sincère. Le score angoissant de John Morris tandis que défile le générique (avec la typographie d’origine respectée, tout comme le noir et blanc) face à une vue imposante de la demeure gothique de Frankenstein fait même diablement illusion.
C’est le décalage constant des figures connues qui amène l’humour, notamment un hilarant Marty Feldman en assistant bossu Igor, tandis que l’imposant Peter Boyle est aussi impressionnant que ridicule en Créature. Gene Wilder (acteur fétiche de Mel Brooks), à l’origine du projet, s’approprie le rôle du nouveau docteur Frankenstein en donnant un jour nouveau à sa mégalomanie par son jeu maniéré et outrancier. Derrière eux, une joyeuse troupe se démène également avec Terri Garr en assistante sexy, Kenneth Mars, qui la joue Docteur Folamour avec ce policier au bras mécanique et à l’accent improbable (repris d’une des suites du film de Whale, Le Fils de Frankenstein (1939), dont Brooks s’inspire beaucoup aussi) et Cloris Cleachman, qui sera même nominée aux Golden Globes.

 

Mel Brooks amène une joyeuse folie à l’ensemble, avec son lot de séquences drôlissimes. La reprise de la rencontre entre la Créature et l’aveugle (Gene Hackman dans une courte mais mémorable apparition) est fabuleuse et le réalisateur mêle son hommage à son propre passé d’homme du spectacle avec une séquence de théâtre lorgnant sur King Kong. Les clins d’œil sont multiples et demandent une attention constante, telle la coiffure arborée à la fin par Madeline Kahn, reprise de celle de La Fiancée de Frankenstein. Faire rire tout en respectant et donnant envie de revoir les originaux, voilà une grande réussite à mettre au crédit de Mel Brooks.

Titre original : Young Frankenstein

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Durée : 101 mn


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