Avant Madres Paralelas (2021), Pedro Almodóvar nous a offert avec Douleur et gloire (2019) un des opus les plus personnels et touchants de sa filmographie. Cette forme intime et feutrée prolonge l’approche du superbe Julieta (2016), qui corrige par sa pudeur poignante les outrances maladroites mais symptomatiques des Amants Passagers (2013). Dans l’Espagne post-franquiste de la Movida, l’exubérance dominait dans le tapageur Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1979). Mais Almodóvar sait déjà manier l’émotion et la provocation dans une œuvre de transition telle que Attache-moi (1990) qui amorce une tonalité plus sobre dans les beaux odes féminins Talons aiguilles (1991), La Fleur de mon secret (1995) et le chef d’œuvre Tout sur ma mère (1999). Dès lors le réalisateur n’a plus besoin de choisir, la subversion, l’émotion, les audaces narratives et formelles forment un tout dans Parle avec elle (2002), La Mauvaise éducation (2004) ou encore La Piel que habito (2011). Les excès et les artifices n’ont désormais plus cours pour un maître sûr de son art. Enfin, avec son dernier opus Madres Paralelas (2021), Almodóvar s’affirme une fois de plus, avec éclat, comme un des cinéastes les plus essentiels et inspirants de notre époque.
Pedro Almodovar
Article écrit par Justin Kwedi
A l’occasion de la sortie de « Madres Paralelas » (2021), nous vous invitons à explorer notre Coin du Cinéphile consacré au cinéaste le plus emblématique de la nouvelle vague espagnole.