Paradis Paris

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Inspiré de plusieurs histoires vraies, ce film plombant fait toc !

Un vrai méli-mélo

Comme pour son Poulet aux prunes en 2011, adapté de sa bande dessinée du même nom, Marjane Satrapi est arrivée à avoir un casting d’enfer pour son nouveau long-métrage censé être un hommage à la magie de Paris. Malheureusement, Paradis Paris, dont le nom claque pourtant agréablement, n’a rien à voir avec, par exemple, Midnight in Paris de Woody Allen pourtant bien décrié de nos jours mais pas toujours pour des raisons cinématographiques. Construit autour du personnage d’une chanteuse d’opéra déclarée morte mais qui ne l’est pas vraiment, à moins que la mélancolie puisse tuer, le scénario coécrit avec Marie Madinier est un méli-mélo qu’on ne peut pas spoiler, c’est au moins ça.

 

Film choral

On y croise donc cette diva, interprétée par une belle Bellucci mais cependant assez fantomatique, qui est comme le pivot du film avec d’autres personnages, soit satellites, soit isolés interprétés par des sommités ou des inconnus pas vraiment bien utilisés comme Alex Lutz, André Dussollier, mais aussi Rossy de Palma et Gwendal Marimoutou déjantés mais un peu inutiles quand ils ne sont pas carrément caricaturaux. Ainsi Rossy de Palma joue le rôle d’une Espagnole espagnolissime et Gwendal Marimoutou celui d’un coiffeur efféminé amoureux d’un beau cascadeur qui tourne un film pendant que son fils s’ennuie. On sent bien que la réalisatrice lorgne un peu vers les films chorals à la Claude Lelouch ou à la Danièle Thompson mais sans grande fantaisie, ni finalité. C’est dommage, il y a un beau potentiel aurait dit ma prof de français en lisant ma copie de rédaction de fin de trimestre en sixième, mais vous n’avez pas su exploiter vos idées. Il semblerait que pour Marjane Satrapi, cette pseudo désinvolture de l’entre-soi parisien si détestable mais qui se pose en modèle social, puisque l’histoire se déroule presque exclusivement dans le monde du show-biz ou du divertissement, soit le symbole même de la liberté made in France, euh plutôt made in Paris des écolos et des bobos où triomphent la vulgarité, l’individualisme et la fausseté.

 

Le Paris de l’entre-soi

C’est d’ailleurs bien involontairement que Monica Bellucci dévoile le pot-aux-roses lorsqu’elle se confie à la réalisatrice dans le dossier de presse en ces termes où reviennent, de manière incantatoire et cependant privée de sens, les mots qui furent à la mode au début des années 2000 : vivre ensemble, mixité, et tout le blablabla démagogique : « Paradis Paris est un film politique parce que dans ce monde où on dit que l’on ne peut pas vivre ensemble, il affirme qu’on le peut. » Et Marjane Satrapi de poursuivre, « Aujourd’hui, dès qu’on parle de la mixité, on parle de la religion, de la banlieue qui viendrait tout casser à Paris, etc. Alors que la mixité sociale, c’est aussi les différentes classes et les diverses cultures qui se côtoient. Ce Paris ouvert et international, on n’en parle presque jamais. Marchez quelques minutes dans Paris et vous entendrez une multitude de langues ! On vit dans la plus cosmopolite et la plus belle des villes. Il y a de quoi la célébrer. » Et c’est donc pour cela qu’on va se pencher entre autres sur la situation de la femme de ménage de la diva, au moins quelques minutes dans ce film bourratif comme un pouding et ennuyeux comme un discours d’Anne Hidalgo malgré les images soignées de Maxime Alexandre.

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Durée : 90 mn


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