Le système Victoria

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Variation sur La femme et le pantin…

Enième métaphore sur le capitalisme

On espère que ce film ne sera pas un énième opus pour dénoncer les dérives du néo-libéralisme qui a la peau dure ainsi que le capitalisme et la manipulation des esprits. Le pouvoir actuel corrompu et quasiment oligarchique associé à l’IA et à tous les avatars de conseils en comportement et en management n’arrangeront pas nos affaires. Le nouveau film de Sylvain Desclous, qui a fait Sciences po, organisé des séminaires pour de grandes entreprises et réalisé trois longs-métrages – et non des moindres, Vendeur en 2016 et De grandes espérances en 2023 ainsi que trois documentaires, La peau dure, Valentina à l’Est et La campagne de France en 2022 – arrive dans l’univers du cinéma français hélas assez formaté pour tenter de proposer autre chose. « J’ai découvert le roman d’Éric Reinhardt à sa sortie, en 2011, et je me rappelle avoir été littéralement happé par le livre, déclare-t-il dans le dossier de presse du film. Á l’époque, je gagnais ma vie comme organisateur de séminaires pour de grandes entreprises et je vivais quotidiennement tout ce que décrivait Le Système Victoria. » 

Incroyable sirène Balibar

Inspiré donc d’un livre, le film tisse un univers inquiétant qui n’est pas très éloigné de la vie que le plupart des gens mènent de nos jours : tensions dans le couple, épuisement au travail, exploitation par des puissances financières invisibles parce que mondialisées, pression et charge mentale, etc. Et surtout intrusion d’une personne toxique qui joue avec vos sentiments et vos nerfs, le système Victoria quoi ! Victoria à l’écran, c’est Jeanne Balibar, incroyable de séduction, de morgue et de mystère et sa pauvre proie, c’est Damien Bonnard, pris au piège de l’amour fou et d’une toile d’araignée venimeuse qui n’est que la métaphore d’une société marchande qui nous exploite et nous dévore tous finalement. En effet, jugez-en : Directeur de travaux, David est à la tête du chantier d’une grosse tour en construction à La Défense. Retards insurmontables, pressions incessantes et surmenage des équipes : il ne vit que dans l’urgence. Lorsqu’il croise le chemin de Victoria, ambitieuse DRH d’une multinationale, il est immédiatement séduit par son audace et sa liberté. 

Travail du son

Avec ses images froides et très réalistes d’un monde figé et glacial d’où toute rêverie est exclue, dues à Inès Tamarin, le film est aussi une réussite grâce à la bande son qui est volontairement très angoissante grâce au travail d’Alexis Farou, Hugo Fernandez, Amélie Canini, Christophe Vingtrinier. Sylvain Desclous l’explique parfaitement :« Lors de mes premiers repérages sur des gros chantiers, j’ai été frappé d’une chose : contrairement à ce que je pensais, il n’y avait pas des centaines d’ouvriers qui criaient tous en même temps pour couvrir le bruit des machines mais plutôt un calme assez studieux où chacun sait exactement ce qu’il a à faire et travaille avec concentration et discipline. Très rapidement j’ai eu l’intuition qu’il allait falloir que je « triche » un peu avec cette réalité pour ne pas donner une impression de désœuvrement et de désorganisation à l’écran. J’ai donc demandé à Alexis Farou, mon ingénieur du son, d’enregistrer un maximum de sons de marteaux- piqueurs, brise-roches, masses, scies électriques etc… de manière à rendre l’illusion d’un gros chantier et à faire en sorte que l’eenvironnement sonore soit une source de stress supplémentaire pour David et Dominique. » Question stress sonore, psychologique et affectif, on est servi et c’est une réussite. 

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Durée : 101 mn


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