La nuit venue

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Un premier film à la mise en scène réussie qui révèle la dure réalité de la vie d’un chauffeur VTC immigré.

Drame social aux allures de polar, La Nuit venue suit le quotidien de Jin, jeune immigré clandestin, chauffeur VTC depuis cinq ans pour le compte de la mafia chinoise à Paris. Ancien DJ, Jin envisage de reprendre la musique après avoir soldé sa dette. Un soir, Naomie, une jeune femme troublante, monte dans sa voiture et va changer le cours de sa vie. Ce premier long métrage du réalisateur Frédéric Farrucci a remporté le prix de la mise en scène au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz en 2019. Avec un casting à la fois prestigieux et authentique, dont les rôles principaux sont tenus par Camélia Jordana (césar du meilleur espoir féminin 2018) et Guang Huo (repéré par casting sauvage), La Nuit venue offre un regard hyper réaliste sur les coulisses de la vie parisienne.

Une vision désenchantée

Farrucci met en scène un voyage à travers les coins sombres de Paris – les tréfonds de la ville (cités HLM, « quartiers » de sans-abris) contrastent avec les beaux quartiers, place du luxe et de l’exhibition à outrance. La Nuit venue offre un nouveau regard sur la condition de vie des chauffeurs VTC immigrés et sur le trafic mafieux qui en émane. La difficulté d’intégration vécue par ces immigrés chinois révèle la dure réalité qui se cache derrière une vie parisienne bien trop souvent fantasmée. Loin des contes de fées, c’est la désillusion qui règne dans ce récit. Le réalisateur signe une œuvre dure et sombre dont l’hyper réalisme semble parfois emprunter la voie du documentaire. Profondément engagé, ce film dénonce la précarité et la solitude des minorités ainsi que le danger auquel elles sont confrontées. Avec le personnage de Naomi, Farrucci traite un autre aspect du travail dans le monde de la nuit. En effet, cette strip-teaseuse et call-girl est présentée avant tout comme une femme forte et charismatique, à l’écoute des autres. Même si les personnages de Naomi et Jin expriment leur volonté d’émancipation, ils sont comme pris au piège par leur passé. La Nuit venue peut être perçu comme un film pessimiste qui aurait tendance à détruire tout espoir de succès.

Un film urbain

Le réalisateur et son chef-opérateur, Antoine Parouty, se rapprochent de l’esthétique urbaine de Taxi Driver ou Drive, avec un enchaînement de plans de la ville et ses éclairages nocturnes, qui nous transporte dans une sorte de longue balade en voiture sur fond de musique « clubbing ». Le film embarque le spectateur en immersion dans la berline de Jin, lui attribuant ainsi la place de passager. Par cette mise en scène, le public est plongé dans l’intimité solitaire des deux protagonistes : Jin et Naomi, partageant leurs secrets et leurs émotions.

De plus, la musique a une place majeure et agit comme un personnage à part entière. Composée par l’artiste électro Rone, elle confère au film une atmosphère bien particulière qui cadre pleinement avec cette représentation du monde de la nuit parisienne. Toutefois, par leur omniprésence, certains passages musicaux en deviennent quelque peu entêtants.

La Nuit venue est donc un film à voir, que ce soit pour sa vision plutôt inédite de la vie parisienne et de ce milieu peu représenté, ou pour son esthétique urbaine très bien maîtrisée. Si certains y verront un discours pessimiste, d’autres salueront au contraire son réalisme.

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Durée : 95 mn


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