Hors Normes

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Pas facile de parler de l’autisme sans pitié ou larmoiement excessif.

Pas facile de plonger dans ce monde à part que l’on évite sans peine si la vie ne nous l’impose pas. Car être (né) autiste, c’est avant tout être exclus du reste des vivants, du monde du travail, de la jeunesse, de tout en somme. Et pourtant, Eric Toledano et Olivier Nackache nous embarquent dans ce monde parallèle à nos vies bien pensantes à travers Hors Normes, film sociétal dans lequel le binôme Vincent Cassel et Reda Kateb excelle.

Vincent Cassel au meilleur de lui-même

Bruno (Vincent Cassel) est tombé dans le bénévolat il y a une quinzaine d’années en rencontrant Joseph, jeune autiste adulte à la charge de sa mère. Il n’aura de cesse de le faire avancer et évoluer, pas à pas, de le sortir de l’isolement dans lequel il est enfermé. La relation qu’il aura instaurée entre le foyer de Joseph et sa mère reste chaleureuse, empathique et essentielle. Afin de continuer le travail préalablement fait par les hôpitaux, les centres d’accueil, Bruno crée l’association « le silence des justes », offrant ainsi à des autistes ados et jeunes adultes la main tendue que toutes les structures médicales et sociales ne peuvent plus leur offrir (écoute, hébergement, insertion adaptée dans le monde du travail). Vincent Cassel est attachant dans ce rôle, loin de son costume habituel, de sa période dandy assez exécrable. Il dépasse, dans le choix de ce film, une revendication financière pour s’investir dans un nouvel habit avant tout HUMAIN. Et cette nouveau rôle lui réussit.  Sa voix s’est adoucie. Son personnage est sincère, mélange d’Abbé Pierre et de justicier, même pour une noble cause, même  perdue d’avance.

Reda Kateb,  fidèle à la force tranquille qu’il dégage

Malik (Reda Kateb) est tombé dans l’associatif il y a quelques années via l’association l’Escale. Il a fait fi de toute structure légale et formatée pour engager des jeunes au profil approximativement social mais surtout sans diplôme. Malik conserve un regard bienveillant tout au long du film avec néanmoins quelques pointes d’autoritarisme quand il procède au recadrage des apprentis référents parfois irresponsables.
Il a tenté (sans certitude de réussite au vu de l’enfant endormi qu’il trouve en rentrant tard chez lui) de préserver sa vie familiale même si sa vie professionnelle ne connait aucune limite tant dans l’investissement que dans la présence qu’elle exige.

Comment ne pas s’attacher à Réda Kateb, par son jeu d’acteur d’un réalisme et d’une grande finesse. Avec Vincent Cassel, il là le compère idéal et indispensable à la survie de leur organisation. Derrière cette même énergie, le duo Cassel/Kateb convainc.

Un combat de géants

Mis au pied du mur par les représentants de l’IGS venus enquêter sur le non-respect des obligations juridiques,  Vincent Cassel finira par leur proposer d’échanger leurs rôles respectifs.  Une façon cinglante de mettre les représentants de l’Etat devant leurs responsabilités. En effet, force est de constater que, même encore en 2019, les Pouvoirs Publics n’offrent pas les moyens suffisants de survie à ces jeunes autistes en marge de toute structure sociale. Constat lamentable mais reflétant la réalité que met en exergue ce film engagé. Hors Normes ne fait pas rire mais fait sourire. Hors Normes ne fait pas larmoyer mais nous laisse sincèrement émus devant ce binôme symptomatique de notre société. Allez voir Hors normes avant qu’il ne soit césarisé.

Titre original : Hors Normes

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Durée : 115 mn


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