Girl Gang,Télétravail du sexe, The Punk Syndrome : 3 films rares à découvrir sur TËNK

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La plateforme SVOD Tënk, spécialisée dans le documentaire, a donné une carte blanche à Ovidie Cette artiste, qui interroge depuis plus de vingt ans nos rapports au corps, à l’intime et aux représentations, a sélectionné trois films qui donnent la parole à des individus trop souvent ignorés.

Lancée en 2016, Tënk est une plateforme vidéo à la demande, sur abonnement, indépendante, consacrée au  documentaire. Chaque semaine, elle propose de nouveaux films disponibles en ligne, pendant 2 mois. Pour les abonnés, un catalogue de 1500 films est accessible en vidéo à la demande, ou en location, au-delà de leur limite de diffusion de 2 mois.

Ovidie, réalisatrice, journaliste, écrivaine et actrice  engagée dans les questions liées à la représentation du corps  s’est vue confiée la carte blanche du mois. Elle a choisi trois documentaires qui, selon ses mots  » traversent des thématiques communes. La mise en scène de soi, tout d’abord, et ce qu’on donne à voir à l’autre. »Attardons nous quelque peu ici sur les deux documentaires qui ont le plus marqué notre esprit : Girl Gang et Télétravail du sexe.

Girl Gang de Susanne Regina Meures, (2022).

Pendant quatre ans, Susanne Regina Meures a partagé le quotidien de la jeune influenceuse Léonie et de ses parents. Le point de vue de la réalisatrice ne se veut ni moralisateur ni démonstratif, seuls de rares inserts montrent, chiffres à l’appui, l’impact des réseaux sociaux sur la jeunesse. Mais sa mise en scène se révèle implacable. La présence de la caméra oubliée, en restant  le plus souvent à l’entrée des espaces de vie. Mais surtout par la distance affective et effective qui s’est effroyablement crée entre les trois membres de la famille. Chacun se focalisant sur son statut. Star en herbe, Léonie travaille ses postures et ses mimiques pour « paraître » naturelle. Parents apprentis qui se muent rapidement en managers avertis, les yeux rivés sur les chiffres et les commentaires qui s’étalent sur les réseaux.  Les animaux domestiques sont aussi perdus que leurs maîtres, qu’ils cherchent en vain du regard. La musique jamais envahissante, souvent aux consonances liturgiques produit un contrepoint inquiétant à l’effervescence qui brule la peau des « futurs nouveaux riches ». Une atmosphère qui rappelle  celle des films d’épouvante. L’horreur est dans l’œil du spectateur-voyeur que nous sommes, mais comment ne pas être épouvantés devant une machine à cash qui a avalé  l’âme d’une enfant ?

 

Télétravail du sexe de Carmina et Prune,  (2024).

Face caméra, celles qui dévoilent habituellement leurs corps à des inconnus dans des séances vidéos, se confient ici sans voile aux réalisatrices Carmina et Prune. Bien plus que la nécessité de gagner leur vie, c’est l’envie de plaire, de se sentir belles, de créer qui les transcendent. Transformant leurs performances en une quête infinie de sensations et de créativité. Pas de provocation, pas de sensationnel, rien de scabreux dans le portrait de ces exhibitionnistes professionnelles. Après nous avoir fait part de leurs parcours et de leur moteurs du quotidien, l’étau se resserre inexorablement sur ces femmes qui prennent conscience que leur liberté et leur succès n’est qu’une illusion. Le parallèle avec le destin de l’influenceuse de Girl Gang s’impose. Toutes prisonnières de leurs propres images, pour s’émanciper et être leurs propres patronnes, elles ont signé un contrat avec un employeur virtuel sans états d’âmes. : les réseaux sociaux.

Le Troisième documentaire de la sélection – non visionné à cette date- The Punk Syndrome (Jukka Kärkkäinen et J-P Passi 2012), suit un groupe de Punk Finlandais, qui a la particularité d’être constitué de quatre membres souffrant de troubles mentaux.

Parmi les nombreux titres du catalogue de Tenk, l’occasion nous est donné de (re)découvrir La rivière, magnifique film de Dominique Marchais, déclaration d’amour de ceux qui tentent de préserver une source de vie que nous détruisons sans vergogne.

Carte blanche d’Ovidie sur Tënk du 28 février au 27 juin 2025

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