Frankie

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Dépayser le réel.

Frankie est une célèbre actrice atteinte d’un cancer à un stade avancé. Elle décide, pour ce qui semble être ses dernières vacances, de réunir ses proches à Sintra, ville touristique du Portugal.

Pour son dernier film en date, Ira Sachs, réalisateur indépendant américain, a décidé de dépayser son cinéma. Loin des beaux quartiers de New York, c’est dans une destination sur le papier paradisiaque que se crée les derniers contacts entre Frankie et le reste de sa famille. Pourtant le lieu ne rayonne pas, hormis quelques éclats de soleil en arrière plan, le ciel est nuageux aussi bien sur les hautes collines de la ville que sur la plage ou, comme nous explique un jeune portugais, Adam et Eve aurait commis le péché originel. Dans ce cinéma à visée réaliste au sein duquel ce microcosme va passer une journée forte en émotions, l’omniprésence des symboles religieux va pourtant marquer la perte de la foi chez les personnages. Ilene (incarnée avec brio par Marisa Tomei enfin délivrée de la médiocrité des films Marvel) boit dans une fontaine censée lui permettre de trouver l’amour tandis que Frankie (Isabelle Huppert très en retenue) refuse de se baigner dans une source guérissant la maladie.

 

 

Que ce soit intentionnellement ou non, Ilene ne trouve pas l’amour, Frankie ne guérit pas. L’unité de temps (une journée) et l’unité de lieu (une ville) qui régie le film permet, au détour de chemins, à tous ces personnages de se croiser, de discuter ou non, de ressentir la tristesse de l’événement. Car finalement, si c’est Frankie qui les a amenés ici, chacun vient avec ses problèmes amoureux, sa belle-fille veut divorcer, son fils cherche désespérément une femme, son mari souffre du deuil à venir. Mais à trop refuser le romanesque, le film semble parfois errer sans but, les personnages sont parfois archétypaux, et chaque sujet (de la jeune fille découvrant les idylles estivales au premier mari de Frankie devenu homosexuel) est doucement effleuré sans être assez poussé, créant alors un manque flagrant d’émotion lorsque Frankie ou Ilene ne sont pas impliquées. Mais étrangement, au milieu de ces nombreux dialogues trop explicatifs, un émoi surgit dans les silences, que ce soit au détour d’une étreinte amoureuse ou à la toute fin, lors de la contemplation d’un coucher de soleil. La puissance du film réside dans ses sorties de routes, au milieu d’une multitude de plans fixes, un travelling vient déranger la somnolence du récit pour montrer, assez simplement mais avec efficacité, que le mouvement continue.

Titre original : Frankie

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Durée : 98 mn


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