Inauguré par El Chuncho (1966) de Damiano Damiani, le western Zapata peut être considéré comme une catégorie à part entière au sein du très prolifique Western Spaghetti. Prenant pour cadre la révolution mexicaine qui se déroula dans la deuxième décennie du vingtième siècle, il met en scène d’une façon souvent picaresque et toujours spectaculaire les tribulations contrariées des héros, ou plutôt d’anti-héros, plongés dans la chienlit qui régnait alors en maître – pour en sa(voir) plus, plongez-vous dans le bonus DVD du film.
Sur le point d’être pendu, Lozoya (Eli Wallach) est sauvé par Dimitri Vassiliovich, prétendument un prince Russe ( Franco Nero). Union de circonstances, mue par le seul but de déterrer une belle cargaison d’or, auquel va venir se joindre une journaliste irlandaise, Mary (Lynn Redgrave) aussi à l’aise avec ses poings qu’avec ses mots. Plongé malgré eux dans le soulèvement populaire, comme un autre célèbre Zapata réalisé un plus tard par Sergio Corbucci avec Vittorio Gasmann et Paolo Villagio, l’équipage pressé de toute part aura juste le temps de se dire Mais qu’est ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ?
Une aventure d’inspiration Léonienne…
À l’origine et maître incontesté du Western européen – malgré sa filmographie réduite -, Sergio Léone s’impose ici, encore plus qu’à l’accoutumée, comme une référence absolue. Cette chasse au trésor où chacun des deux renégats détient une partie des informations, il y a celui qui creuse et celui qui possède les armes, une armée aux trousses, mené par un ignoble colonel … de quoi se retrouver dans Le bon et la brute et le truand (1968). D’autant plus qu’Ely Wallach affiche de nouveau sa jouissive grossièreté, ponctuée de triomphaux et naïfs rictus narquois. L’adhésion passagère pour la bonne cause révolutionnaire, les horreurs de la guerre, l’inévitable désillusion sur l’avenir des moins bien nantis, nos deux héros vont passer peu ou prou par les mêmes étapes que ceux d’ Il était une fois la révolution, qui sortira sur les écrans dans la même année 1971. Tandis que la montre à gousset comme symbole de transmission évoque Il était une fois dans l’ouest (1968). Comme chez Léone, sous le cynisme exacerbé se révèle – plus ponctuellement ici – une part d’humanité teintée de lyrisme : certaines vies ont de la valeur, la fin ne justifie pas tous les moyens.
…..qui possède son propre souffle.
On irait bien trop vite en besogne en pensant être en présence d’un simple medley-condensé de l’univers du grand Sergio Léone. Pour les personnages principaux : si Wallach ressort la panoplie du Truand, son Lozoya ressent le poids des années, ce qui le rend plus attachant. Franco Nero campe avec un mélange de classe et d’ironie, un hors-la loi aristocratique bluffant et désopilant. La présence féminine, Lynn Redgrave, sœur de l’immense Vanessa, campe avec élasticité et moult mimiques, une « casse -cou casse-pieds » sans peur et sans états d’âme, se jouant aussi bien du machisme ambiant que de ses propres défauts. Personnage cartoonesque dans un mise en scène qui, plus largement et à plusieurs reprises empruntent au comic-strip ses WIP ! CLIP ! CRAP ! BANG ! VLOP ! et ses ZIP ! Photogrammes animés de la scène d’ouverture, chutes en cascade, gun-fight d’opérette, changement inopinés et parfois surprenants des cadrages, la révolution passe par une bonne dose de dynamite. Comme nous l’avions souligné à propos de Un pistolet pour Ringo, Duccio Tessari possède pas mal de flèches à son arc. Principale force, son sens du rythme associé à une bonne dose de fantaisie. Porté par un thème musical remarquable de Gianni Ferrio, des dialogues colorés, Et viva la révolution ! en apporte la plus vivifiante des preuves.
Et viva la révolution ! Sortie DVD/Blu-Ray chez BQHL en ce mois d’avril