Entretien avec Mehdi Charef

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A l’occasion de la sortie du film Cartouches Gauloises

Il vous a fallu un certain temps pour pouvoir relater votre enfance. Renouer avec son passé, ses souvenirs heureux mais aussi ses blessures, est une expérience longue et difficile. Pendant combien de temps l’idée de réaliser ce film vous a-t-elle habité et comment l’écriture s’est-elle passée ?

J’ai commencé à écrire le scénario il y a quatre ans. Avant je n’avais pas forcément envie de revenir là-dessus. Même si on a la mémoire qui flanche un peu, on sait qu’il y a des choses dont on pourrait se souvenir très facilement si on s’en donnait la peine. Même ça je ne voulais pas le faire. La grosse crainte que j’avais c’était qu’on dise « c’est le petit algérien qui règle ses comptes avec la France. » C’était vraiment une grosse crainte pour moi car il y avait des choses dont je voulais parler, parce qu’elles étaient encore trop présentes dans mon esprit, bien que je n’y pensais pas consciemment. En trente ans je n’ai dû y penser une ou deux fois. Je ne voulais pas y penser. Les trois scènes, que je considère comme les plus dures du film sont celles où les soldats ont tué ma tante, lorsque ma mère et moi avons couru après leur camion qui emportait le corps de mon oncle, et puis une ou deux autres. Et c’étaient ces scènes qui me faisaient peur. Je me suis dit les Français n’accepteront jamais ça.

D’un autre côté le film n’est pas manichéen : on note une constante rupture entre la vie des Français d’Algérie et la politique violente du gouvernement français. L’une des dernières répliques, le monologue du chef de gare en est l’illustration. Est-ce de cette façon que vous l’aviez ressenti étant enfant?

Ce sont peut-être aussi les événements qui étaient comme ça. Mais c’était quelque chose que je ne pouvais pas dire il y a vingt ans. Les Algériens auraient dit « c’est pas possible, ce type regretterait jusqu’au départ des Français. On le voit dans le film, Ali est triste quand son copain part. Mais il ne le dira jamais à personne parce qu’on dira c’est pas un patriote. Et c’est ça aussi qui était très dur. Il y a des gens qui sont plus forts, qui auraient pu écrire ça dans les années 90. Moi j’ai peut-être tendance à m’inquiéter de ça. Même de mes parents. Et puis les harkis je ne dirais pas que je les aime mais je les comprends. Parce qu’ils m’ont fait peur quand j’étais petit. Ils étaient vraiment durs. A un moment dans le film, l’un des harkis secoue ma mère, en réalité il la tabassait. Moi dans le film je ne l’ai pas mis. Parce que ce n’était pas le sujet du film de montrer sa mère se faire tabasser… C’était compliqué de choisir, de voir comment on peut faire le film avec tout ce qu’il y a dans cette mémoire. Au départ c’était il y avait moins les enfants dans la première version du scénario. Après j’ai trouvé ça pas terrible…

Combien y a t il eu de versions du scénario ?

Il y a du en avoir cinq-six.

Et vous dites que vous avez commencé à écrire le scénario il y a quatre ans. Qu’est qui vous a poussé à vous replonger dans votre enfance ?

Parce que je savais qu’il fallait que… Vous me poussez à dire des choses dont je n’ai pas forcément envie de parler… A l’époque ça n’allait pas du tout, je buvais pas mal. J’avais ces angoisses que je gardais en moi, et qui revenaient systématiquement. Et une angoisse c’est quelque chose qui veut sortir, qui doit sortir. Et puis un jour quelqu’un m’a dit « je pense qu’il faut que tu regardes dans ton enfance. » Et puis je le savais. Je le savais un peu oui. Mais je ne savais pas que c’était vital. Moi ça faisait vingt ans que je les repoussais. Le problème c’est que, les angoisses avec le temps, elles grossissent. Un moment ça va vraiment mal. Et puis j’ai commencé, mais ce n’est pas facile d’écrire certaines scènes ou même de les dire. Parce que ça touche aussi les gens qu’on aime. Moi je me souviens quand en 1968 j’ai voulu aller manifester avec mes copains, mon père me l’a interdit. Il m’a dit « nous, la génération de ton grand-père, la mienne, qui travaillons pour la France depuis des années, on s’est toujours tus. Donc tu te tais. » Il m’a dit « on a un travail, un logement, nos enfants qui vont à l’école, on critique pas les gens qui nous accueillent ». C’est un peu ce que je disais tout à l’heure. Inconsciemment ce sont des choses qui vous tiennent.

Quelque chose a changé en vous après avoir fait Cartouches Gauloises ?

Oui. Je sais que beaucoup de personnes vont souffrir du film. Les Algériens parce qu’ils ne vont pas aimer la façon dont on traite les « collabos » parce que pour eux les harkis sont des collabos. Les Français vont peut-être dire « non, on n’a pas fait de choses pareilles ! » et les Algériens diront « non, nous on a fait la révolution, on n’était pas des assassins ! ». C’est pour ça que j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose mais je ne suis pas soulagé ou fier. Parce que je pense que ce que je viens de vous dire, lorsque le film va sortir, c’est ce qu’il va arriver. Non je ne sais pas. Cartouches Gauloises fait partie des films où l’on est inquiet. Mais ce n’est pas un film sur la guerre d’Algérie. Ca je pouvais pas le faire. C’est juste ce qu’il s’est passé là, dans ce village à cette époque avec les copains d’école. Ce n’est pas un film sur la guerre d’Algérie. Parce qu’on ne savait même pas que dans d’autres villages aussi il y avait la guerre. Les parents ne disaient rien. Ils ne savaient pas qu’on souffrait. C’est pour ça que j’ai fait le film. C’était dur pour nous cette guerre. Ils ont voulu nous préserver mais ils ne nous ont pas préservés du tout. Je ne crois pas.

Pouvez-vous nous expliquer le choix du titre ?

Le titre c’est parce que les Français ont amené les cigarettes. Il n’y en avait pas en Algérie. Très peu dans le coin. Et moi j’en voyais beaucoup dans les bistrots français. L’odeur du tabac, des Gauloises bleues, vertes… Et en même temps quand on parle des « cartouches gauloises » on peut parler des balles de revolver.

Est-ce que le mot « gauloises » fait aussi référence à l’Histoire avec une grand H ?

Bien sûr. Il y a « cartouches », il y a « gauloises ». Bien sûr. Les Français sont arrivés tôt en Algérie. Vers 1815-30. Mais c’est vrai qu’on rigole souvent de ça en France, on nous apprenait « nos ancêtres les Gaulois » ! C’est vrai, on le répétait par cœur. On avait pas l’impression… jamais on nous a parlé de nous à l’école. Mais c’est bien, à un moment ils nous ont quand même acceptés à l’école. C’est comme ça que j’ai rencontré les premiers Français. Vous vous rappelez qu’on a parlé de « colonisation positive ». Moi je pense que cette « colonisation positive » c’était l’école. On apprenait à écrire, on avait aussi droit à une séance cinéma.

Quel genre de films, français principalement ?

Des films français oui, et puis aussi des « Charlots », des Laurel et Hardy. Comme on était en froid ils nous passaient plutôt des films comiques (sourire). Et puis moi j’ai découvert le cinéma à peu près à la même période. Comme je connaissais bien le projectionniste alors je rentrais. Je suis allé dans la salle, deux-trois fois, mais sinon j’étais souvent en cabine. Il savait que je venais chercher d’abord la paix, ensuite regarder le film. Il était conscient que j’avais peur.

Et justement, comment avez vous conçu les dialogues? En les créant ou en vous les remémorant? Vous ont-ils servi de charnière dans l’écriture du scénario?

Moi j’aime bien quand les dialogues sont très courts. Et c’est un mélange de ce que j’ai gardé dans ma mémoire et de faire concis. Par exemple les deux phrases terribles du film ce sont celles du chef de gare « ne nous oubliez pas, sinon on est plus rien » et Rachel quand elle dit « je préfère mourir de la main des arabes que d’être humiliée là-bas en France ». Oui elle était comme ça. Il y a beaucoup de Français qui étaient comme ça. Ils aimaient tellement l’Algérie qu’ils auraient préféré qu’on les tue. Parce qu’ils savaient qu’en France, les Français ne les attendaient pas bras ouverts ! J’ai appris qu’ils avaient souffert de l’exil comme nous. Ca m’a rapproché d’eux. Ce n’était pas comme… on les voyait partir dans leur voiture au port d’Oran et ils allaient chez eux. Ca je savais pas moi. Je croyais vraiment qu’ils allaient chez eux. Alors je comprenais pas qu’ils pleurent ou qu’ils se lamentent, qu’ils hurlent, parce qu’ils hurlaient ! Et après j’ai compris. Quand on a vécu la même chose, le même exil, aller quelque part où on n’a pas envie d’aller, ça rapproche. Ca m’a rapproché d’eux alors qu’en Algérie on ne pouvait pas s’approcher d’eux. Ils vivaient dans un cocon.

Et on peut noter que le film relate un double mouvement : les algériens vont de l’extérieur vers un intérieur (l’exemple des personnes dans le puits) et les français vont de l’extérieur vers l’intérieur (exemple la femme qui arrose ses fleurs chez elle a la fin). Pensez-vous avoir conçu votre film avec un schéma narratif de film de guerre classique ou avez-vous la sensation d’avoir apporter une dimension inédite au récit guerrier que vous filmez ?

C’est l’univers que j’ai voulu créer. Le film, et on le voit beaucoup plus par le biais des enfants, est construit sur un mode « attaque-défense », beaucoup plus qu’avec les grands. J’ai vraiment voulu garder… ne pas dépasser ce que j’ai entendu ou vu il y a dix ans.

A chaque fois, il y a cette sorte de frottement entre ces deux trajectoires, entre la défense et l’attaque.

Oui, nous retrouvons très souvent cela dans le film. Nous avons ces attaque-défense, défense-attaque. Cela est très flagrant avec les enfants, bien plus qu’avec les adultes car j’ai voulu conserver le point de vue d’un enfant de dix ans pour raconter cette histoire, raconter ce que j’avais entendu ou vu à cet âge-là. Je voyais tout cela surtout lorsque j’étais en récréation. Mes camarades et moi nous entendions très bien, il n’y avait pas de bagarres mais parfois, on sentait une attaque parce qu’on avait entendu des cris dans le village. On se demandait ce qui s’était passé dans tel ou tel quartier. Parfois, on avait descendu trois fellaghas, d’autres fois, c’étaient des Algériens qui contre-attaquaient.

C’est très marquant même au niveau de la cabane des enfants. Ils la construisent, puis, finalement, ils se la font voler par le harki qui s’y réfugie. Pourquoi ?

Le fait que le harki y trouve refuge m’a vraiment intrigué. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ce choix de scénario. J’ignore pour quelles raisons ce type va se cacher dans la cabane mais j’avais trouvé ça beau. Je ne sais toujours pas ce que cela symbolise. Peut-être que le harki se planque dans cette cabane d’enfants parce qu’il se dit que personne n’ira le chercher. Cela m’a touché, surtout le fait qu’Ali le dénonce involontairement.

Parmi le groupe de harkis, c’est celui que nous voyons le plus. Pourquoi ?

Il était très dur. C’était le chef. Il y en avait deux ou trois qui me faisaient peur. J’ai choisi celui-là car il était comme ceux qui m’ont touché vingt ans plus tard car, sur le coup, enfant, on se dit « C’est un salaud, c’est tout. C’est un traître. » Mais ils faisaient partie de ceux qui étaient dans la caserne pour bouffer et avoir une solde. Ce sont eux qui m’ont ému. Ils n’avaient pas de lopins de terre, ils n’avaient pas de travail alors ils se sont rendus à la caserne. On voyait ces harkis défiler. Ils étaient beaux. Le 14 juillet, l’armée française défilait dans le village pour montrer ses forces, en véhicule. Les harkis étaient placés aux extrémités afin d’être bien visibles. Comment voulez-vous qu’un type qui voit ça ne soit pas tenté ? Ces jeunes hommes voulaient se marier et on ne se marie pas comme ça en Algérie. A l’époque, il fallait acheter des robes à la mariée, il fallait lui acheter des ceintures. En grandissant, j’ai essayé de comprendre ces harkis et non de les juger. Malgré leur sauvagerie, il y a de la compassion à leur égard. Ce n’est pas possible de rester insensible surtout quand on sait qu’il leur est interdit de revenir en Algérie puis, qu’ici, en France, on leur verse des pensions pour qu’ils se taisent.

Des plans fixes du film, comme celui de la femme se faisant tuer et que nous voyons à travers le trou d’un mur, pourraient être considérés comme des photographies en mouvement. Ils sont pudiques et forts de sens à la fois. Comment les avez-vous construits ?

Ah, j’adore le plan de cette femme ! C’est un portrait car je l’aimais beaucoup. Elle était jeune et belle. Je ne me souviens plus de son visage, ni de ses yeux mais c’était une belle femme et ma mère l’adorait. On n’allait pas souvent chez elle, à peu près une fois par mois. Il faisait chaud là où elle habitait et c’était vraiment un paysage de montagnes désertiques. Elle cachait des gens. Pendant le tournage, je ne suis pas passé devant le puits. Un jour, je suis allé boire le thé chez ma famille qui habite toujours là-bas et la maison était derrière. Je n’ai pas osé y aller, je n’ai pas osé aller revoir le puits et le mur auprès duquel elle a été tuée. Oui, surtout ce mur lui-même car, lorsqu’on lui a tiré dessus, le sang a giclé. Je me souviens que ma mère avait épongé ce sang. Je n’ai pas osé aller revoir ce puits. Je l’ai regretté après.

Avez-vous choisi les acteurs en fonction de leur ressemblance aux personnes de votre enfance ?

Non. Nous avons failli repousser le tournage de deux mois parce que je ne trouvais pas le garçon qui devait interpréter Ali. J’ai cherché ici, à Paris. Après, on est allés dans le 93, à Montreuil, La Courneuve, Stains…. On ne trouvait toujours pas. Ici, soit ils parlaient bien français mais ne savaient pas parler arabe. Il fallait qu’ils puissent parler les deux langues correctement. Nous nous sommes rendus à Marseille et à Toulon car il y a beaucoup d’Algériens dans ces villes mais là, c’était le contraire. Ils parlaient bien arabe mais ne s’exprimaient pas encore correctement en français. Ensuite, nous sommes allés à Alger puis à Oran et là, il est arrivé. Quand j’ai vu Ali, son regard dégageait une étincelle. Il n’est pas timide. Quand il est en face de vous, vous le voyez, il y a quelqu’un, il a une présence. Pour Nico, c’était plus facile. Nous avons trouvé Thomas à Paris. Lui, c’était son regard, son enthousiasme. Je m’étais dit que s’il n’était pas bon comédien, il serait bien et c’est ce qui s’est passé. Nous avons trouvé Zahia Said (la maman) à Paris. Quant au harki, c’est un grand comédien algérien qui l’interprète. Les autres sont des gens de la rue, beaucoup sont amateurs.

La tension dans le film va de paire avec la retenue des émotions de l’enfant. Pourquoi cette volonté de terminer par un climax émotionnel (les larmes viennent enfin à Ali) ?

On ne pleurait pas parce qu’on avait l’impression que nos parents souffraient plus que nous. J’avais plus peur de voir ma mère pleurer que moi, de pleurer parce qu’elle avait très peur quand mon père n’était pas là, le soir, lorsque les soldats étaient sur les toits, venaient chercher les gens pour les exécuter. Ca arrivait très souvent. Cette peur, elle me la communiquait.

Pourquoi avoir choisi le cinéma et non la littérature pour Cartouches Gauloises ?

J’avais envie de montrer ce que j’avais vu et je ne voulais pas mettre beaucoup de mots là-dessus. Dans mon film, il y avait des scènes où je voulais installer le silence, ne rien dire, pas de mots, ni de paroles. Lors de la scène où l’on entend Bambino, on s’imagine que les gens étaient en train de prendre l’apéritif. Ils ont écouté un disque puis ils se sont fait tuer. Personne n’a arrêté ce disque qui tournait pendant des heures et des heures. Cela nous éloigne du meurtre que nous venons de voir. La scène est écrite dans un style, une histoire nous est racontée par des effets musicaux. Parfois, je préfère largement la forme aux faits. Il faut amener ces derniers et il faut que ce soit beau. C’est dur à dire mais c’est comme ça. Oui, quand on fait ce métier, on se surprend à dire « c’est beau » alors que c’est une horreur que l’on est en train de filmer parce qu’on a trouvé l’angle, parce que le comédien est bon. Et puis, les paysages sont beaux là-bas.

On note que le film se déroule dans l’arrière-pays algérien où se dégage une beauté sauvage, vierge et luxuriante. Quelle est votre démarche artistique lorsque vous mêlez cette beauté irradiante à l’horreur de la guerre ?

Là-bas, c’était magnifique. Tout ce qui entourait les domaines des Français était très beau. Ils avaient de l’eau tout le temps parce qu’ils avaient détourné les rivières. L’eau coulait de domaine en domaine, c’était toujours vert. Ces Français aimaient ce pays. Ils se battaient pour que l’Algérie reste française et nos parents, pour que l’Algérie soit algérienne mais c’était le même amour qu’ils partageaient pour ce pays et c’était cela que je voulais dire dans le film.

Quelles ont été vos influences ?

L’influence, c’est que j’étais vraiment mal, très très mal. Il fallait que j’en parle car à un moment, j’avais l’impression que l’enfant qui était en moi était bâillonné. Et c’est moi qui le bâillonnais depuis quarante, cinquante ans. Je m’étais dit : « Si tu n’ôtes pas ce truc de sa bouche, tu vas être étouffé, tu vas crever. Ca fait quarante ans que tu lui fais du mal. Maintenant, il faut arrêter. »

Que pensez-vous d’un film comme La Bataille d’Alger de Pontecorvo ?

Ah, ça a été le choc, un peu comme le premier film qui a été fait sur la guerre au Vietnam aux Etats-Unis. Le Pontecorvo a été un choc car il a montré qu’à un moment, les gens en avaient assez. Ils se sont rebellés et ça a été l’insurrection.

Quel avis avez-vous sur le cinéma algérien actuel ?

Il y a très peu de films. Le Maroc tourne beaucoup, la Tunisie aussi mais nous, Algériens tournons peu. Il y a Okacha Touita et Nadir Moknèche. Du temps des Français, l’Algérie comptait quatre cents salles. Elle n’en compte que huit de nos jours. Le cinéma algérien existe mais il ne possède que très peu de moyens. On n’y tourne pas assez alors que ses habitants adorent le cinéma.

Qu’est-ce qui a provoqué une telle dégradation ?

Je me souviens d’un propos vexant à l’arrivée des généraux au pouvoir en Algérie. Je voulais y retourner mais on m’avait dit : « Vous n’avez pas fait votre service militaire » mais à mon âge, je ne pouvais plus le faire. J’avais vingt-six, vingt-sept ans. Puis on m’a demandé ce que je faisais : « J’écris des livres ». Un général algérien m’a alors répondu : « C’est pas la peine que vous alliez là-bas parce que la jeunesse algérienne n’a pas besoin de livres, ni de cinéma. » Ca ne l’intéressait pas. Non ! La phrase exacte était : « Les Algériens n’ont pas besoin de rêver, ils ont besoin de travailler ». Cela explique la fermeture des cinémas. Les exploitants n’ont plus été aidés par l’Etat. Mais, actuellement, le CNC veut leur proposer son aide. Soixante quinze pour cent des Algériens parlent français. C’est un marché pour le cinéma français.

Entretien réalisé par Christophe Chemin, Laurence Gramard et Thavary Mam

Titre original : Cartouches gauloises

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Durée : 93 mn


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