Cette correspondance, attendue chaque jour comme lorsqu’on ouvre ces biscuits chinois dans lesquels on trouve une maxime ou une prophétie, fera en sorte que nos deux protagonistes s’ouvriront de plus en plus à la vie et iront jusqu’à fantasmer sur l’amour et sur un pays imaginaire où règnerait la paix. L’homme vieillissant apprendra en fait à sourire et viendra même en aide au jeune homme qui doit le remplacer au bureau. Celui-ci est musulman et le choix de ces trois religions, réunies dans l’harmonie d’un film tendre et comique comme un De Sica, correspond à la réalité sociale de Bombay où se déroule cette histoire magique. La métaphore de l’écriture, à une ère où l’on ne fait que compter (Gonzalez travaille au service de la comptabilité et des réclamations d’une grande administration) et s’écrire des e-mails ou des SMS, fait entrer de plain-pied le film dans l’hommage à Charulata (1964) de Satyajit Ray, par exemple, pour qui la vie ne peut se concevoir que grâce à l’amour, mais aussi au pouvoir des mots écrits et de la lecture. Les trois personnages, sans le vouloir vraiment, et justement en liaison étroite avec ces échanges de billets doux, sortiront magnifiés et rayonnants de cette histoire.
The Lunchbox de Ritesh Batra – DVD édité par Blaq Out – Disponible depuis le 21 avril.
Suppléments : une fois n’est pas coutume, les suppléments du DVD sont fascinants. Au-delà du livret des recettes du film par Bollywood Kitchen, il comporte un entretien avec Charles Tesson, le délégué général à la Semaine de la Critique qui avait présenté le film à Cannes en mai 2013, et un autre avec Ritesh Batra, le réalisateur du film.