DVD « Les Bêtes du sud sauvage »

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Sorti au cinéma en décembre dernier, « Les Bêtes du sud sauvage » est désormais disponible en DVD et invite à découvrir ou mieux comprendre cet ovni du cinéma indépendant américain.

Caméra d’or à Cannes en 2012, primé à Sundance et Deauville, nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur film et meilleur réalisateur, le film est loin d’être passé inaperçu. Contrairement à son titre, Les Bêtes du sud sauvage ne se déroule pas dans une contrée lointaine mais en Louisiane, zone sinistrée ravagée par l’eau, la nature et les tempêtes successives. Toute l’histoire se vit à travers le regard d’une jeune fille de six ans, surnommée Hushpuppy. Elle aborde les animaux comme ses semblables, s’aventure sans avoir peur, sans appréhension pour le monde qui l’entoure. Elle écoute – ou non – son père, malgré son alcoolisme et ses actions irresponsables, en d’autres mots, c’est le portrait presque chaotique mais très sensible d’une enfant en quête d’une mère et de repères, emplie de rêves et d’espoirs.

Au-delà du film, l’édition DVD nous présente le projet d’un cinéaste, Benh Zeitlin. Les Bêtes du sud sauvage, son premier long métrage, n’est pas son premier film. On découvre avec des yeux d’enfants son court métrage de 25 minutes, Glory at Sea, avec cette récurrence de la thématique de l’eau, de l’évasion, de la lutte et de la communauté. Sa manière de filmer est littéralement sortie d’un conte, d’une envie de dépasser des limites cinématographiques, de raconter une histoire selon le point de vue d’un personnage qu’il choisit. Très appréciable, cette démarche montre l’optimisme du cinéaste devenu conteur, inventeur, rêveur.
 
 


© Cinereach 

  

Adulé ou critiqué à sa sortie, le film a fait parler de lui. Pour un premier long métrage, Benh Zeitlin a autant surpris que déçu. On peut lui reconnaître, grâce à la découverte du making of du film et des scènes coupées, une fabuleuse capacité à parler au nom d’une enfant, à travers le regard d’une petite fille, sans jamais pour autant se complaire à une narration enfantine. Le cinéaste arrive à nous emmener dans un univers cruel, dur et parfois cynique avec une poésie et une douceur réaliste. Les décors naturels, la présence des aurochs qui justifient le titre du film – animaux destructeurs imaginaires -, la spontanéité de cette jeune actrice, Quvenzhané Wallis, castée parmi 4000 candidates, la relation avec son père racontée sans dramaturgie font du film une sorte de rêve. Le film raconte-t-il une histoire vraie ? Sommes-nous en train de rêver ce qu’il se passe ? La petite fille existe-t-elle réellement ou est-elle le fruit de l’imagination, d’un conte inventé pour endormir les spectateurs ?
 
 

Le réalisateur Benh Zeitlin © Cinereach

 

À ceux qui s’ennuient devant Félins (Keith Scholey et Alastair Fothergill, 2012), La Planète blanche (Thierry Piantanida, 2006), Le Renard et l’enfant (Luc Jacquet, 2007), devant les documentaires sur les catastrophes naturelles, à ceux qui n’aiment pas les contes et les imaginaires réalistes, Les Bêtes du sud sauvage risque sans doute d’être un mauvais choix – comme l’avait pensé notre rédactrice Pauline Labadie à la sortie du film. Mais aux curieux, aux aventuriers d’histoires nouvelles, aux poètes et aux cinéphiles en manque de films hors normes, le cinéaste Benh Zeitlin est l’incarnation d’un nouveau souffle et d’un nouvel espoir de cinéma à mi-chemin entre la réalité et le rêve, entre la maîtrise des sujets d’actualité et l’onirisme.

Les Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin – DVD édité par Alfama Films – Disponible le 2 mai 2013.

Titre original : Beasts of the Southern Wild

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Acteurs : ,

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Durée : 93 mn


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