Chien de la casse

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Un film d’amour, de bromance et de musique dans la chaleur d’un été.

Clin d’oeil aux Vitelloni

Dans un petit village du Sud de la France, près de Montpellier, le même ou presque que celui dans lequel le réalisateur a grandi, deux jeunes gars qui se connaissent depuis l’école primaire vivent une bromance un peu bancale. En effet, Mirales aime Dog d’une amitié un peu dominatrice, juste parce que Dog est moins volubile que lui, moins présent, plus secret. Il l’aime un peu à la manière de son chien qu’il domine aussi mais pour lequel il a tendrement composé une chanson style rap pour l’honorer. Sinon, le reste du temps dans ce village d’Occitane se passe entre glandouille avec les copains sur la place les soirs d’été à parler de tout et surtout de rien, et la musique du piano sur lequel joue une vieille dame et qui accompagne quelques plans et entre même dans la diégèse du film. C’est dans cette déambulation tendre et paresseuse que se déroulerait tout ce film intimiste à la manière des Vitelloni de Federico Fellini sans l’arrivée impromptue d’une autostoppeuse, Elsa, dont Dog va tomber amoureux déclenchant ainsi l’ire et la jalousie de Mirales. 

 

 

Dans la foulée de Il venait de Roumanie

On le voit, même si le synopsis n’a rien de vraiment d’original et ne lorgne surtout pas vers un moderne Jules et Jim, le premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand est une belle réussite. Il est parvenu joliment à tirer tout le sel d’une relation amicale et des amours naissantes. Après des études secondaires à l’arrache et un cursus à l’Ecole des Beaux-Arts de Montpellier, le réalisateur reconnaît facilement que ce film est le développement de son court-métrage réalisé en 2014, Il venait de Roumanie, sélectionné dans plusieurs festivals comme Clermont-Ferrand, Aix-Provence, Bruxelles, Aubagne ou encore le FIFIB. De plus, le film est servi par un casting parfait. En effet, même si au moment de l’écriture, le réalisateur n’a pas voulu penser déjà aux noms des acteurs, les visages du lumineux Anthony Bajon qu’il avait adoré dans La prière de Cédric Kahn en 2018 et de Galatea Bellugi dans L’apparition de Xavier Giannoli en 2018 se sont imposés à lui. Il est vrai que les deux forment un duo magistral complice dans une forme de mutisme et de mélancolie qui donne plus de profondeur à ces deux personnages.

Casting d’enfer

Pour compléter le trio, c’est le hasard et le conseil de ses amis qui lui ont fait découvrir Raphaël Quenard, véritable incarnation de Mirales, entre provoc, faconde et tendresse. Laissons le réalisateur l’expliquer d’une si belle manière dans le dossier de presse du film : « J’espérais rencontrer par miracle quelqu’un qui soit proche du personnage, mais ce sont mes amies Emma Benestan, la réalisatrice de Fragiles, et Halima Ouardiri, que j’ai rencontrée en résidence d’écriture au Groupe Ouest, qui m’ont parlé en premier de Raphaël Quenard. Emma m’avait parlé d’un génie de l’improvisation, d’un garçon très drôle mais comme il n’avait pas encore fait grand-chose, je n’avais aucune idée de ce qu’il pourrait donner avec un texte entre les mains. Bref, Raphaël m’a contacté de leur part sur Facebook. A l’époque, je n’en étais pas encore au casting mais je voyais bien qu’il cherchait à maintenir un lien, me renvoyant des messages régulièrement. Pour répondre à sa persévérance, je l’ai donc invité à passer le casting… Et ça a été une épiphanie ! » Pour le reste des acteurs, Jean-Baptiste Durand n’a surtout pas voulu travailler à la manière du cinéma naturaliste, façon Kechiche ou Pialat, tous les acteurs du film sont des professionnels même et y compris le simplet du village interprété par le grand Bernard Blancan peu utilisé au cinéma actuellement. Le tout baigne dans la lumière pré-crépusculaire du Sud sublimée par Benoit Jaoul, le directeur de la photographie. 

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Durée : 93 mn


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