À l’approche de la première guerre mondiale, Albert, un jeune homme vivant dans le Devon à Dartmoor, se lie d’une amitié forte avec un cheval, Joey, acheté au marché par son père. Le cheval sera arraché au jeune homme par l’arrivée de l’armée britannique dans ces paisibles contrées et, devant partir au front, devra se confronter aux affres de la guerre.
La première chose qui frappe avec Cheval de guerre est la volonté du metteur en scène de revenir au ton et à l’esprit des films qu’il réalisait lors des années 80. Ainsi, le film pourrait très bien se ranger aux côtés de E.T., Always, L’Empire du Soleil ou encore La Couleur Pourpre, manifestement désireux d’en retrouver la pureté, l’innocence et le côté enfantin tout en conservant un cachet de cinéma Hollywoodien dit à l’ancienne. Ainsi, deux influences majeures s’imposent tout au long du film : à savoir John Ford tant la première partie du film peut fortement s’apparenter à L’Homme tranquille par ses paysages et ses ciels surplombant les décors ; et David Lean pour le ton résolument britannique du film, notamment lors des échanges militaires entre les personnages de Tom Hiddleston et Benedict Cumberbatch, dû sans doute en grande partie à la présence de Richard Curtis au scénario. Une troisième influence pourrait également venir se greffer aux deux autres sous la figure de Stanley Kubrick et son film Les Sentiers de la Gloire. En effet, plutôt que se contenter d’une redite des séquences tétanisantes du Soldat Ryan, Spielberg parvient à trouver des manières différentes de filmer la violence des champs de bataille, proches du film Kubrick.
L’objectif premier du film étant d’évoquer la souffrance et les peines endurées lors de la première guerre mondiale sous tous les points de vue (anglais, français et allemand) en optant pour celui, neutre, du cheval Joey, s’avère être le cœur même du film et un tour de force scénaristique. On citera d’ailleurs une des scènes finales, magique et bouleversante, se déroulant sous la neige et en silence dans les tranchées. Petite mention à Jeremy Irvine, acteur pour l’instant méconnu, qui nous fait part ici d’une prestation magnifique tout comme Tom Hiddleston, décidemment star montante dans le paysage cinématographique anglo-saxon depuis le Thor de Kenneth Branagh. Les seuls regrets que l’on pourrait évoquer au final proviennent des passages français avec Niels Arestrup et le personnage de la petite fille, assez agaçants et niais (malgré une très belle scène où, une nuit d’orage, le personnage du grand-père au coin du feu raconte à sa petite fille l’allégorie des pigeons voyageurs). De même que la partition musicale de John Williams, peu inspirée bien qu’efficace.
A l’inverse de Tim Burton et de son artificiel Alice au pays des merveilles, Steven Spielberg à su conserver toute l’innocence du regard et la magie de ses films d’antan qu’il injecte généreusement dans ce nouveau film. Dans l’attente impatiente du prochain (son Lincoln avec Daniel Day Lewis dans le rôle-titre), Cheval de guerre se dresse donc comme un film de guerre pour enfants aux allures de conte de fée, se voulant avant tout naïf et innocent. Cyniques s’abstenir.