Le film fait penser parfois à la comédie à l’italienne, ou à certains films caucasiens découverts dans quelques salles obscures privilégiées de Paris, mais c’est surtout une comédie à l’arménienne, qui présente à la fois la vie du village qui parvient grâce à ce visiteur maladroit à se débarrasser enfin de la mafia et à retrouver goût à la vie. Comme quoi, même un petit Français moyen, sans envergure, qui passe son temps à tenter d’appeler sa femme et son agent en France sur un portable qui ne capte pas, peut changer la vie des gens au fin fond de l’Arménie. Et c’est une réussite jubilatoire même si, par moments, il ne faut pas toujours chercher la vraisemblance. D’une façon moins académique que pour son film sur Paradjanov, on dirait que Serge Avédikian s’est trouvé une nouvelle voie, passant d’acteur, au documentaire, puis au film d’animation (Chienne d’histoire récompensé à Cannes en 2010) et enfin la comédie sociale. Il se permet même de se moquer, gentiment, de la figure arménienne par excellence, Charles Aznavour, défendu de manière acharnée par un admirateur local. En Arménie, de nombreuses places portent d’ailleurs son nom. Il est vrai que cela peut agacer le falot Jean-Paul Bolzec, lui qui se contente d’une représentation au fin fond de l’Azerbaïdjan sans savoir où ça se trouve vraiment prétextant que les Français sont nuls en géographie. Le réalisateur est même parvenu à faire figurer au casting Arsinée Khanjian, épouse du réalisateur Atom Egoyan, qui joue le rôle de l’interprète du policier d’une manière assez cocasse qui rappelle les films soviétiques mais au deuxième degré. Si bien que, pour notre part, nous attendons maintenant avec impatience le nouveau film d’Avédikian en espérant qu’il nous fera encore rêver avec la belle et folle Arménie qu’il a su filmer de manière encore plus poétique que dans son film précédent.
Celui qu’on attendait
Article écrit par Jean-Max Méjean

Serge Avédikian revient en Arménie pour cette comédie douce-amère qui donne vie à ce pays et au génocide.