Bon à tirer (B.A.T.)

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Avec « Bon à tirer » (B.A.T.), les frères Farrelly réunissent tous les éléments nécessaires à un film simplement drôle… mais passent à côté, dommage.

Le dernier film des Farrelly aborde le thème du couple à l’approche de la quarantaine. Pour les personnages de Bon à tirer (B.A.T.), l’usure, la routine et la monotonie ont eu raison des premières années du mariage, le fantasme du célibat et la tentation de l’infidélité font leur petit bout de chemin…. Le sujet est intéressant et peut donner lieu à des situations comiques fortes, mais les cinéastes, fidèles à eux-mêmes, choisissent de le traiter sous l’angle du teen movie, mettant en scène la vie de couple de deux quadras et de leurs femmes à coup de blagues puériles, voire scatologiques.

Rick (Owen Wilson) et Fred (Jason Sudeikis) sont amis depuis toujours. Mariés depuis de longues années, ils ne peuvent pas s’empêcher de reluquer les belles filles qu’ils croisent. Exaspérées par leur comportement et avec l’objectif de mettre du piment dans leur mariage, leurs femmes décident de leurs donner un « hall pass », soit une semaine de liberté totale hors du mariage où, en clair, tout est permis ! Ainsi délivrés, les garçons vont pouvoir profiter de cette semaine et répondre à la question : que serait la vie s’ils étaient encore célibataires ?

À partir de là, Peter et Bobby Farrelly suivent les aventures des deux amis, transformés en ados attardés demeurant loin, très loin du but qu’ils rêvaient d’atteindre. Au lieu d’expérimenter leur charme (qu’ils croient irrésistible), Owen Wilson et Jason Sudeikis passent leurs journées à se goinfrer et/ou tester drogues et boissons alcoolisées. Le film devient alors une succession de blagues lourdingues. Certes, l’humour des frangins n’a jamais fait dans le subtil, mais rire simplement d’un type qui défèque sur un terrain de golf ou d’une jeune fille qui repeint la salle de bain en lâchant un gaz… non merci. D’autres gags atteignent néanmoins leur cible, la complicité comique des deux acteurs étant sans doute l’un des éléments le plus réussi du film, l’humour basé sur la maladresse de leurs personnages et leurs relations fonctionnant plutôt bien.

Les Farrelly n’oublient pas cependant de s’intéresser aussi aux femmes : Maggie (Jenna Fischer) et Grace (Christina Applegate), s’en sortant plutôt bien de leur côté. Jugées responsables de leur crise de couple parce que trop occupées par les enfants, refusant de s’adonner à leur devoir de femme, en offrant donc ce hall pass à leur mari, ce sont surtout elles qui profitent de cette liberté. L’intérêt du film est peut-être là : les femmes sont présentées comme les personnages forts là où les hommes passent pour des victimes énamourées. Dommage alors que le couple Jenna Fischer et Christina Applegate n’arrive pas, au niveau du jeu, à la cheville du duo masculin.

Reste une happy end prévisible et moralisatrice. Comment un film enchaînant les blagues outrancières, se voulant semble-t-il provocateur peut-il se terminer sur une conclusion si conservatrice et simpliste ? Ainsi les individus ayant cédé à la tentation seront punis par le destin alors que ceux qui y ont résisté sortiront grandis de l’histoire. Notons cependant que la scène la plus hilarante du film apparaît dans le générique de fin, le sauvant in extremis d’une mauvaise impression générale.

A l’arrivée, malgré un sujet intéressant, un duo comique masculin qui marche et une bande son de qualité (Empire of the Sun et les Beach Boys notamment), Bon à tirer oscille tout du long entre gags puérils et blagues relativement drôles, sans jamais parvenir à trouver son rythme de croisière

Titre original : Hall Pass

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Durée : 105 mn


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