Les Monstres

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Le monument de la comédie à l’italienne ressort en salles, et sa méchanceté est toujours aussi jubilatoire.

Une étude au vitriol de nos bassesses

Sorti en 1963, à la belle époque du cinéma italien et des films à sketchs, Les Monstres marque l’histoire du cinéma en proposant une étude au vitriol du genre humain à travers pas moins de dix-neuf sketchs mis en scène par Dino Risi (voir le Coin du Cinéphile que nous lui avons déjà consacré), qui avait déjà ébloui les spectateurs par un nombre impressionnant de films, dont certains furent de grands succès comiques comme par exemple Pain, amour, ainsi soit-il en 1955, Pauvres, mais beaux en 1956 et Beaux mais pauvres en 1957. Il est aidé pour le scénario par Gino Valentino et Ertamino Giovane, qui vont contribuer à la gloire du cinéaste, mais aussi et surtout par une kyrielle de noms qui deviendront les futures icônes de la comédie à l’italienne, tels que Ettore Scola, Elio Petri et Ruggero Maccari. Il s’agit d’un véritable bijou d’humour noir qui présente divers portraits de la société italienne de cette époque, à travers mesquineries, mensonges, hypocrisies plus ou moins graves et plus ou moins comiques qui constituent un véritable tableau de mœurs, original et sans commune mesure. Le réalisateur tentera quelques années plus tard de remettre le couvert avec Les nouveaux monstres en 1978 et enfin Les derniers monstres en 1982, avec autant de succès et autant d’humour, asseyant la renommée internationale de ces monstres qu’il ne faut pas rater lors de cette ressortie en version restaurée.

Un film qui annonce la suite de l’œuvre de Risi

Mais ces Monstres, qui marquent un genre de comédie très particulier, avec une touche qu’on ne trouvera que chez Dino Risi, inscrivent leur humour dans un genre particulièrement provocateur, et sont servis par des acteurs magnifiques qui ont contribué à faire la réputation du cinéma italien : Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman, qu’on retrouvera ensuite dans la plupart de ses œuvres. Dino Risi, auteur d’une bonne cinquantaine de longs métrages a toujours eu la force de montrer la société italienne sous son jour le plus ridicule, le plus provocateur, un peu à la manière de Federico Fellini, ou encore Ettore Scola, mais peut-être avec encore plus d’esprit frondeur car il n’a peur ni de l’Etat, ni de l’Eglise. Ces Monstres permettront au public de redécouvrir avec passion l’ensemble de sa filmographie, qui culmine dans deux chefs d’œuvre incontournables, Le fanfaron (Il Sorpasso, 1962) avec Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant, et bien sûr Parfum de femme (1975) avec encore Vittorio Gassman, dont il a su tirer toute la sève, et Agostina Belli.

Désespérant et jubilatoire

Pour ceux qui craindraient le principe du film à sketchs qui, sur un tout petit plus de deux heures, risque de devenir passablement ennuyeux, il n’en est rien puisque chaque petite histoire est construite pour étonner et possède sa propre chute, si bien que le spectateur tombe souvent de Charybde en Scylla, ainsi que le fait remarquer un critique, Sergent Pepper, sur le site en ligne senscritique.com : « La malice, c’est d’éduquer notre regard : au bout de trois ou quatre récits sur les dix-neuf qu’en compte le film, nous voilà initiés : chaque nouvelle situation sera donc vue comme une nouvelle preuve de l’horreur humaine, de la contradiction et de la mauvaise foi. C’est à la fois désespérant et profondément jubilatoire. »

 

Titre original : I Mostri

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Durée : 115 mn


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