Un phare vert au loin dans cette nuit très noire que seuls les éclairages des villas font quelques fois scintiller. Un personnage central, le bon ami Nick Carraway, vient s’installer dans une petite maison proche d’un presque château, celui de Gatsby. Un amour passé, ravivé au présent, le tout dans un cadre luxueux et puant l’argent… Gatsby le magnifique (1925) conte les aventures folles de riches propriétaires à deux pas de New York. Années folles, dépenses folles, rythme fou, les femmes plumées et pailletées se déchaînent sur les pistes de danse improvisée, les hommes s’alcoolisent sans limites et la fidélité est rangée au placard. Le livre, base de cette adaptation au cinéma, nous transporte dans cet univers confortable et pourtant cruel ou l’amour, même s’il existe, ne triomphe pas forcément.
De l’écrit, le réalisateur australien Baz Luhrmann n’en a gardé que la trame. Cette histoire, si lue et commentée depuis les années 1920, n’est toutefois que prétexte à un faste torrent d’images spectaculaires, de show à l’américaine légèrement Années folles et d’anachronismes en tous genres. En 3D, en relief, avec des effets spéciaux, avec des acteurs superstars, Gatsby serait-il devenu ce riche que l’on déteste ? Serait-il finalement le film à ne surtout pas aller voir ? Leonardo DiCaprio est un excellent acteur, Carey Mulligan est très charmante avec sa moue de petite fille, Tobey Maguire est tout aussi séduisant mais malgré ce casting de rêve, le film peine à être crédible.
Quant à la réalisation, très soignée, très travaillée mais lisse, elle ne laisse aucune chance à la mise en situation. Tout semble faux, tout semble de l’ordre du glamour hollywoodien plutôt que de l’aventure cinématographique. On s’arrête aux détails, les coiffures, les robes de soie, les danses folkloriques, mais aux oubliettes l’histoire d’une société de riches décrite par un Francis Scott Fitzgerald alors dans ses dernières années de gloire – et d’alcoolisme ! Tourné dans les mêmes studios que Moulin Rouge, en Australie, avec des décors et des costumes conçus par la femme de Baz Luhrmann, Gastby le magnifique se rapproche plus d’un délire visuel saupoudré de confettis que d’un film ancré dans une époque, racontant une histoire d’amour tragique et témoignant de la folie des années 1920.
Pour se réconforter, il reste à voir au Festival de Cannes dans la catégorie « Un Certain Regard » le dernier film de Sofia Coppola, The Bling Ring, qui pour la peine, annonce officiellement la couleur… de l’argent.
À lire : La présentation du Festival de Cannes 2013.