Roschdy Zem est Antoine Lahoud, avocat pénaliste souvent commis d’office, dont la vocation est mise à rude épreuve par les petits dossiers qui lui sont confiés et les difficultés financières. Le quadragénaire rêve de gloire et d’argent. Plus prosaïquement de s’offrir une place de parking au tribunal comme Henry Marsac, un confrère à la réputation sulfureuse. Les deux hommes finissent par se croiser entre deux plaidoiries. Marsac propose alors à Lahoud de travailler pour lui. L’ancien commis d’office mène désormais grand train. Mais à quel prix ? Jean-Philippe Ecoffey, qui interprète Marsac, est magistral en avocat véreux : les mauvaises manières, la vulgarité et la cupidité culminent chez son personnage. En face de lui, Roschdy Zem, toujours égal à lui-même, décline avec le talent qu’on lui connaît toutes les facettes de son personnage : innocence, naïveté, conviction, ambition, résignation et finalement courage.
L’avocate, l’écrivaine et la réalisatrice, Hannelore Cayre a adapté son propre livre au titre éponyme pour nous faire découvrir un visage insoupçonnable du milieu judiciaire. Son premier long métrage évoque les tribulations d’un avocat qui découvrira l’essence de sa vocation en touchant le fond. En se retrouvant lui-même de l’autre côté du miroir, entraîné par son nouvel associé, Antoine Lahoud commence à percevoir toute la noblesse du serment qu’il prononce durant les premières minutes du film, un terreau propice à l’empathie pour ses clients à venir.
Le scénario construit sur le principe de l’arroseur arrosé, bien qu’original, se déroule sans surprise. On attend patiemment que l’intrigue aille jusqu’à son épilogue. A défaut d’être palpitant, Commis d’office s’avère didactique. Si l’on a entendu parler des avocats de la pègre, on connaît moins bien les contraintes financières qui sont liées à cette profession libérale et aux conditions d’exercice précaires et difficiles, notamment pour les pénalistes. Le droit ne nourrit pas toujours son homme, semble-t-il, surtout si les clients sont désœuvrés. De quoi d’ailleurs donner froid dans le dos aux justiciables les plus modestes. Commis d’office est une nouvelle preuve que la justice est loin d’être équitable quand on n’a pas les moyens de s’offrir un bon avocat ou un bon client. Question de point de vue.