Zaytoun

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Zaytoun, ou l’amitié impossible entre un enfant palestinien et un soldat israélien. La preuve qu’un film, première collaboration anglo-israélienne, peut être émouvant, réussi et apolitique.

Il s’appelle Fahed, il a douze ans et une petite tête de caïd. Son sourire malicieux cache de grandes douleurs : la mort de sa mère, la vie pauvre avec son père et son grand-père, les jeux d’enfants entre les bombes, au Liban, sur une terre que l’on ne lui reconnaît pas sienne. Sa journée, Fahed l’occupe en camp d’entraînement auprès des grands frères de la milice palestinienne, et cela, contre l’avis de son père plutôt favorable à ce que son fils prenne le chemin de l’école. Mais dans un tel contexte de guerre, 1982, Fahed sur son pupitre ne fait que compter et marquer les morts, ses proches, de plus en plus nombreux.

Lui, c’est Yoni, la trentaine, bel homme aux yeux bleus indescriptibles, pilote de chasse de l’aviation israélienne, en couple, futur papa. Un jour, en plein vol, il tombe avec son parachute, pile au mauvais endroit. Beyrouth, la poussière, la haine de deux camps, la violence, et Yoni capturé comme un trésor, un jouet aux yeux de la milice palestinienne, aux yeux des enfants futurs guerriers… Yoni fait une promesse à Fahed, sera-t-il capable de résister?

 


© Eran Riklis / Pathé Distribution
 
Le scénario, c’est un jeune américano-palestinien qui l’a écrit. Nader Rizq a eu une révélation en regardant Platoon d’Oliver Stone (1986) : il a compris que pour faire un film, il fallait commencer par coucher ses idées sur une simple feuille de papier. De fil en aiguille, il note ses sentiments, ou plutôt son sentiment d’être Palestinien. Trois ans de travail plus tard, avec des professionnels, le scénario prend l’allure de texte apolitique : deux camps sans parti pris, deux histoires qui se chevauchent et qui finissent par ne faire plus qu’une, Zaytoun est prêt pour le grand écran. Et pour le réaliser, Eran Riklis, que l’on connaît pour ses merveilleux films La fiancée Syrienne (2004) et Les Citronniers (2008). Un scénariste américano-palestinien, un réalisateur israélien, et… finalement un producteur anglais, Gareth Unwin, heureux producteur de l’excellent film Le discours d’un roi (2011).

La fine équipe internationale ne serait pas au complet sans ses acteurs. Dans la peau de Yoni, le talentueux acteur américain Stephen Dorff, présent quelques semaines avant le tournage à Israël ou il a rencontré de vrais pilotes de chasse de l’aviation israélienne, et qui, soucieux de son accent, a appris l’hébreu et tenté d’effacer la facilité de parler en sa langue maternelle. Son compagnon à l’écran, au cours de tout le film, c’est Abdallah El Akal (Fahed), trilingue, incroyable face caméra, doué malgré son jeune âge et fort d’un charisme à couper le souffle. Pour jouer un personnage de liaison dans cette histoire d’amitié, membre de l’ONU sur place, Alice Taglioni met au service du film sa douceur, sa tendresse pour l’enfant, sa compassion et sa fragilité pour le pilote.

 


© Eran Riklis / Pathé Distribution
Certes, le film trace au gros crayon le conflit entre Israël et Palestine, oublie le Liban en caricaturant les Libanais – une scène de presque viol, en tout cas de violence injuste. Certes, l’intrigue d’un duo entre Yoni et Fahed est brisée dès la bande-annonce, ne laissant plus aucune place au suspense, à la surprise. Mais malgré ces défauts, qui déplairont à certains, le film n’a pas de prétention politique, historique ou documentaire. C’est une histoire racontée, avec douceur, émotions, aventure. Par les cadres traversés, par l’amitié vécue, par la performance des acteurs, Zaytoun (« Olive » en arabe) est un beau film, sans noyau coincé dans la gorge.

Titre original : Zaytoun

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Durée : 110 mn


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