Une fiancée pas comme les autres (Lars and the Real Girl)

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Un postulat de départ excitant, émouvant, et absurde à souhait… qui tombe scénaristiquement à plat vers le dernier tiers du film. Heureusement que les acteurs sont là, et qu´ils sont plutôt bons…

Il y a d’abord cette toute petite ville du Midwest perdue au fin fond des Etats-Unis. Froide, grise, sans espoir peut-être, au moins jusqu’à ce que le printemps esquisse ses premiers rayons de soleil à la fin du film – le genre de hameau dont aucun de ceux qui y passent ne se souvient du nom.
Il y a ensuite Lars Lindstrom, humble petit employé de bureau qui, à 27 ans, n’a jamais quitté l’endroit ; cette minuscule ville du Midwest, il y est né. Son frère, Gus, vit avec sa femme, Karin, enceinte de leur premier enfant, dans la maison léguée par le père Lindstrom. Lars en occupe le garage, spartiate petite habitation d’ascète où il cultive sa solitude et son agoraphobie.
Et enfin, il y a Bianca, la petite amie de Lars, sans doute sa première, qu’il présente à Gus et Karin comme étant une jeune fille mi-danoise, mi-brésilienne, timide et vertueuse, élevée par des nonnes, et ne se déplaçant qu’en fauteuil roulant. Bianca s’installe pour quelques temps dans la maison des Lindstrom. Mais quelque chose cloche…

“Cette histoire faisait peur à tout le monde”, reconnait Craig Gillespie dans le dossier de presse du film. “Il nous a fallu beaucoup d’efforts pour convaincre les studios. Il s’est écoulé trois longues années avant que le projet ne se mette en place”.
Impossible cependant de vous révéler devant quoi tremblaient tant les pontes de la MGM, sans vous gâcher la joie de découvrir ce dont il est réellement question dans Une fiancée pas comme les autres. Ce que l’on peut dire, toutefois, c’est que l’idée de départ, extrêmement risquée, plutôt originale, ou encore complètement folle, représentait un challenge incroyablement dur à relever – Gillespie, dont c’est le second film après Mr. Woodcock, s’en sort plutôt bien, malgré une réalisation convenue et assez peu auteuriste, qui rappelle particulièrement, dans le même genre, Snow Cake de Marc Evans, ou certaines petites productions américaines à visée, disons, “humaine et sociale”.
Bien entouré, Craig Gillespie dirige ses acteurs avec un talent énorme. Ryan Gosling, qu’on a pu voir dans Half Nelson, Paul Shneider dans L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, ou encore Emily Mortimer, chez Woody Allen, dans Match Point, sont parfaits. La sauce prend à merveille.
Mais là où le bât blesse, ce n’est ni du côté de la réalisation, ni de celui des acteurs… c’est l’histoire.

Au début, Nancy Olivier, dont c’est le premier scénario de long-métrage, s’en tire plutôt bien. Elle creuse la psychologie des personnages, les thèmes de l’histoire (l’accès à l’âge adulte, le rapport à autrui…), l’humour du récit, son émotion…
Et pourtant, il y a certains points, et pas des moindres, qui peuvent laisser perplexe. Sa vision de l’humanité, relativement optimiste et idyllique, fait perdre de sa crédibilité à un récit au départ très prenant. Une certaine naïveté trouble l’équilibre du scénario… Comment croire que Lars ne se rende pas compte ? Des explications supplémentaires auraient été nécessaires… Et pas seulement psychologiques ! Trop utilisé, le ressort freudien finit par perdre de sa pertinence.
Le problème n’est certainement pas du côté de la technique scénaristique, bien maîtrisée. Non, plus grave, il se situe au niveau de la crédibilité du récit. Au deux tiers du film, pour les spectateurs les moins motivés, le soufflet commence doucement à retomber. On n’a plus envie d’y croire, tout cela est bien trop gros.

Il reste tout de même que, pour peu qu’on se laisse embarquer par le film, Une fiancée pas comme les autres est une charmante petite histoire qui, bien qu’un tantinet trop enfantine, s’avère fort émouvante, en tant qu’elle parle à tout le monde de sa place parmi les autres.

Titre original : Lars and the Real Girl

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Durée : 102 mn


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