Passés ces préjugés, les premières minutes du film, en même temps qu’elles confirment les craintes, démontrent que Tristesse Club, s’il tient bien de la comédie de saynètes classique jusqu’au bout de son générique, habite le haut du panier, avec panache, comme le remarque le personnage de Macaigne après un sauvetage héroïque de son frère.
L’histoire se construit autour de la disparition d’un père indigne que deux fils et une inconnue tentent de trouver. La mise en scène s’appuie pas mal sur cet aspect Cluedo du scénario, avec notamment un gimmick musical marrant, des rencontres sous formes d’indices ainsi qu’un jeu burlesque des deux acteurs principaux assez graphique.
Dans ce jeu où l’identité (famille ou pas famille ?) est aussi mouvante qu’un nom dans un répertoire de portable, les trois personnages trainent leur back-story chargée avec une indifférence amusée. Il fallait bien être Laurent Lafitte pour jouer un ex-pro de tennis aigri devenu loser professionnel avec cheveu gominé et beauferie travaillée. Indifférence aussi à cet arc scénaristique évident dont la résolution schématique viendra, aussi attendue que finalement satisfaisante. Le déroulé est familier mais il est confortable, chaleureux. Les trois acteurs s’y ébrouent, prennent leurs aises. Dominique Reymond, Noémie Lvovsky et Philippe Rebbot (Donde esta Kim Basinger ?, Mariage à Mendoza) viennent faire coucou.
Une scène très réussie condense un peu de l’inquiétude généralisée et des traces dépressives qui habitent le film ça et là : proche de l’esclandre hystérique, la rencontre avec un groupe d’ados tourne à la bataille de virilité, provoquée par l’étrange confession d’une jeune fille en fleur. Ca parait peu dit comme ça, mais comparé au niveau général de la comédie populaire française, c’est déjà héroïque.