The Crossing

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Métaphore du capitalisme triomphant, ce film sur le passage est un chef-d’oeuvre.

Un premier long-métrage prometteur

A regarder une première fois ce film de fiction traité comme un documentaire, il pourrait sembler hongkongais. Mais le dossier de presse nous indique que sa jeune réalisatrice, Bai Xue, est chinoise originaire du Nord-Ouest de la Chine, et que ses parents se sont établis lorsqu’elle avait six ans à Shenzhen, petite ville frontalière du continent chinois, limitrophe avec Hong Kong. Elle a donc connu le changement phénoménal de cette petite ville alors perdue dans les rizières et qui est devenue alors très rapidement un centre des affaires important et gigantesque. Après des études approfondies de cinéma à l’université de Pékin et deux courts métrages (The Fat Girl en 2007 et Home en 2012), Bai Xue a l’idée d’un film de fiction qu’elle écrit en quelques jours mais prépare pendant plus de deux ans. Et cela donne ce magnifique film The Crossing qui laisse augurer une très belle carrière à la jeune réalisatrice. En fait, son premier long-métrage se présente comme une réflexion sur le passage d’une frontière, d’une lisière, celle qu’elle a connue depuis son enfance dans cet entre-deux mondes, celui du capitalisme triomphant (Hong Kong) et celui d’un communisme qui n’en a plus que le nom (Shenzhen). Il lui fallait passer la frontière pour aller à l’école ou au lycée à Hong Kong et, bien sûr, après s’être longuement renseignée, l’idée de se servir de la métaphore d’une passeuse lui est venue, d’où le titre The Crossing qui est à lui seul tout un programme.

 

 

La mule des téléphones portables

Alors son film raconte l’histoire d’une jeune fille de 16 ans, Peipei, qui aurait pu être elle aussi bien, qui vit à Shenzhen chez une mère un peu fêtarde, et un père absent qui vit plus ou moins d’expédients. Tous les jours, elle passe avec une copine la frontière qui sépare ces deux mondes pour se rendre au lycée puis, peu à peu, selon des circonstances et des rencontres fortuites, elle va devenir une mule, non pas de drogues dures comme dans les films de Joshua Marston (Maria ,pleine de grâce, 2004) et de Clint Eastwood (La Mule, 2018) car ce thème est éminemment cinématographique, mais de téléphones portables contrefaits. Même si c’est moins réprimé que le trafic de drogues, cet acte est tout de même répréhensible et on le verra tout du long car Peipei va s’enrichir mais aussi s’avilir dans cette quête désespérée de voir un jour la neige sur le Fuji Yama.

 

 

Un film bouleversant sur une ville étonnante

Avec comme directeur de la photographie Piao Songri, ce film est d’une beauté étonnante, apportant une image à la fois photogénique et hyper-réaliste de Hong Kong avec ses lumières naturelles et artificielles, interprété d’une manière remarquable par la jeune Huang Yao qui est vraiment Peipei, mais aussi tous les autres actrices et acteurs de ce film bouleversant qui se termine en apothéose sur le Pic Kowloon. Un exploit presque, pourrions-nous dire, si l’on se réfère aux observations que la réalisatrice a confiées au dossier de presse du film : « Le tournage de certaines scènes à été particulièrement difficile, à Hong Kong aussi. Par exemple, il est strictement interdit de filmer aux postes frontaliers hongkongais. Il a donc fallu trouver un autre port dans lequel nous pouvions “recréer” le poste en question. Nous avons dû construire nous-mêmes les décors et quand nous manquions de main d’œuvre, les acteurs professionnels ont dû mettre la main à la pâte. Je voulais que le film soit naturel et réaliste, et pour y parvenir, nous avons dû utiliser toutes les méthodes qui nous venaient à l’esprit. Au final, nous avons réussi à filmer les plans que j’avais imaginés. »

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Durée : 109 mn


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