Sweet Valentine

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Incolore, inodore et sans saveur, telles sont les qualités du film d´Emma Luchini, « Sweet Valentine ».

S’il était une thèse intitulée « De l’inconsistance au cinéma », Sweet Valentine, de la jeune réalisatrice Emma Luchini en serait l’illustration parfaite. Mais point besoin de docteur pour diagnostiquer la pathologie. Celle-ci se nomme ennui dont la forme grave est la neurasthénie. C’est cette dernière qui nous envahit au visionnage de ce film dont la fin ne vient jamais.

Emma n’est autre que la fille de Fabrice Luchini. Sweet Valentine est son premier long métrage (après une petite carrière en court). Tout y est de guingois, même le titre : « Valentine », d’accord mais pourquoi « sweet » ? Ni sucre, encore moins de jolie Valentine, si ce n’est l’apparition sans intérêt au début d’une Louise Bourgoin un peu survoltée et vraiment pas convaincante, pas la moindre présence d’une jolie fille dans cette histoire.

Une aventure qui se résume ainsi : Vanessa David tombe éperdument amoureuse d’un truand sans envergure (Vincent Elbaz). Ce sera l’occasion d’une escapade du couple à travers la France. L’une en ange gardien d’un Vincent Elbaz qui jusque-là ne nous avait pas sidéré par la qualité de son jeu et qui dans ce rôle confirme largement la perplexité que l’on pouvait avoir à ce sujet -, et ce dernier en mauvais garçon un brin psychopathe et imprévisible. Des scénarii dans cette veine ont produit des chefs-d’œuvre tels que Tueurs nés d’Oliver Stone ou Kalifornia de Dominic Sena mais là, Emma Luchini n’atteint à aucun instant, ne serait-ce qu’une seule seconde, l’intensité et la qualité des road movies précités.

Le film manque de rythme, de fil conducteur et d’inventions, la mise en scène est figée et les sentiments inexistants. La réalisatrice a, semble t-il, voulu combiner plusieurs genres cinématographiques. Le genre baroque, le film de gangster un peu Bonnie and Clyde et le road movie mais, à aucun moment, elle ne réussit à donner la moindre personnalité à son récit. Le résultat est même décevant.

Titre original : Sweet Valentine

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Durée : 85 mn


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