Soutien à Pierre Etaix

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Le digne héritier des Keaton et autre Chaplin, c´est lui. Courte filmographie mais larges idées cinématographiques. Pourtant, nous ne verrons plus jamais ses films.

Un critique de cinéma qui rit, c’est rare. Un critique de cinéma qui pleure, c’est irréel. La rédaction d’Il était une fois le cinéma est composée de caractères souriants et de clown tristes, se levant lorsque une injustice cinématographique prend de l’ampleur. Tout près de chez nous, un certain Pierre Etaix, réalisateur et ancien gagman pour Jacques Tati, tente de remporter un combat contre de gigantesques moulins à vents. La partie est loin d’être gagnée tant l’illogisme vient de prendre la pole position dans une course poussiéreuse. Explication !

Qui connaît Yoyo ? Qui se souvient de Pierre Etaix ? Personne ! Et pour cause, tous ses films sont bloqués depuis belle lurette et donc impossible à visionner. Serge Toubiana, dans son blog s’offusque de cette bêtise incommensurable : « Aucune diffusion possible, aucune ressortie commerciale, aucune édition DVD. Une véritable chape de plomb. A cause d’un imbroglio juridique dont les conséquences sont tragi-comiques. Ce qui est en jeu dans cette affaire, c’est évidemment le droit de l’auteur : comment se fait-il qu’un cinéaste, plus de 30 ans après qu’il a réalisé ses films, ne puisse avoir accès aux négatifs dans le but de les restaurer ? Qu’est-ce qui fait qu’une société cessionnaire des droits d’auteur à titre exclusif et pour le monde entier, refuse toute initiative, ne se préoccupe pas de valoriser ces films ? Qu’est-ce qui fait que l’on puisse faire main-basse sur des films, sans se soucier de la volonté légitime d’un auteur de les faire renaître ? »

Pierre Etaix. Drôle d’endroit pour une rencontre ! Un cinéaste, on le côtoie dans une salle de cinéma et non dans la rubrique faits divers d’un quelconque quotidien. Il faut impérativement réagir contre cette absurdité car le risque de voir perdre des œuvres du patrimoine aussi importantes que géniales est omniprésent. Souvenez-vous Vautier, Wilder ou bien Jerry Lewis. Réalisateurs prestigieux, films iconoclastes et colère grandissante. Nous ne verrons jamais Un homme est mort (René Vautier), La Vie privée de Sherlock Holmes (director’s cut, Billy Wilder) et The Day The Clown Cried (Jerry Lewis) car quelques hurluberlus prirent la décision de rendre muette et invisible des images passionnantes d’un cinéma exigeant et ce pour des raisons souvent floues et ridicules.

Pierre Etaix et son fameux Yoyo, œuvre sur un clown triste. Blanc comme la neige, pure comme un saut d’ange et libre comme les ailes du désir. Il faut impérativement découvrir ou revoir cette filmographie qui ne peut qu’enthousiasmer toutes les générations de spectateur. Il faut disperser toute cette ribambelle de plans extraordinaire où le burlesque génial d’Etaix coule de source et influença bon nombre de cinéastes. On raconte que Jerry Lewis découvrit par deux fois la notion de « génie » dans sa vie, dans un dictionnaire et en rencontrant Pierre Etaix.

Vous pouvez le soutenir Pierre Etaix en signant la pétition.


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