Sorti en France dans la confidentialité – l’année dernière en salles, cette année en dvd – Le Miracle de Berne de Sönke Wortmann a cependant été en Allemagne un grand succès, plus de 3,7 millions de spectateurs s’étant déplacés pour le découvrir en 2003.
Une bonne surprise
Là où on aurait pu craindre un film-anniversaire conventionnel et attendu, Le Miracle de Berne convainc. Avec son complice Rochus Hahn, Sönke Wortmann a produit un scénario complexe et dense qui mêle les destinées de plusieurs personnages différents selon la logique d’un film choral, dans la perspective aussi de montrer la difficile reconstruction de l’Allemagne d’après-guerre, comme le rôle symbolique et fédérateur qu’a pu jouer la victoire inattendue du pays lors de la Coupe du monde de foot en 1954.
La fluidité dans l’enchaînement des scènes, les effets d’échos et d’annonces – tel le détail des deux bières fraîches -, la justesse des dialogues – « Du bist ‘n ganz Grosser, mein Kleiner » ( « T’es un très grand, mon petit ») et le fait qu’aucun des personnages n’est sacrifié sur l’autel de l’efficacité narrative témoignent par exemple d’appréciables qualités d’écriture.
Wortmann et Hahn jouent avec bonheur sur l’alternance des points de vue, ayant pour conséquence que beaucoup pourront se reconnaître dans cette histoire, qui a pour vocation de toucher un public bien plus large que des simples aficionados du ballon rond.
Entre rires et pleurs…
Cette histoire, bien sûr, est émouvante, et on y pleure – même le père revenu de Russie après onze longues années et qui l’avait interdit à son fils. La belle musique de Marcel Barsotti vient aussi rehausser cette émotion, sans ostentation.
Cependant cette place de choix accordée au facteur émotionnel n’empêche pas l’humour de trouver sa place. Des phrases drôlatiques de l’entraîneur Sepp Herberger aux commentaires enthousiastes d’Herbert Zimmermann lors de la finale contre la Hongrie, Wortmann et Hahn ont pris soin d’émailler le film des aspects plus légers qui ont également contribué à forger cette légende.
L’heureuse bonne facture s’explique tout autant, cela dit, par la qualité du parterre de comédiens : de Johanna Gastdorf – très émouvante en mère – à Sascha Göpel en Helmut Rahn, le « Boss » qui a marqué le but de la victoire -, Peter Franke en entraîneur en passant par la délicieuse Katharina Wackernagel en femme de commentateur sportif totalement indifférente au football.