Sing Sing

Article écrit par

L’art comme thérapie en milieu carcéral, et ça marche !

Atelier théâtre en prison

Ce film, inspiré d’une histoire vraie et jouée par ceux qui l’ont vécue, représente un émouvant témoignage du pouvoir de l’art qui semble nous dire en quelque sorte : « À coeur vaillant rien d’impossible ! » En effet, un peu comme dans le film des frères Taviani, César doit mourir (2012) ou Tehachapi (2024) de JR, l’action se passe dans une prison, et dans le quartier de Haute Sécurité en plus, où des hommes de bonne volonté parviennent à réaliser leur rêve artistique. À croire que l’art est la forme d’activité humaine la plus propice à nous rapprocher. Incarcéré à la prison de Sing Sing pour un crime qu’il n’a pas commis, Divine G (Colman Domingo) se consacre corps et âme à l’atelier théâtre réservé aux détenus. À la surprise générale, l’un des caïds du pénitencier, Divine Eye (Clarence Maclin) se présente aux auditions et y fera sensation non sans mal.

Opération de réinsertion

Greg Kwedar et Clint Bentley se sont rencontrés en 2010 et ont tout de suite su que leur travail allait s’orienter aux humaines qui parviennent toutefois à se créer dans des situations plus qu’improbables, ici la célèbre prison de Sing Sing dans l’Etat de New York. Cette année-là, au moment du tournage de leur film Transpecos, Greg Kwedar a aidé un ami à produire un court métrage documentaire dans une prison de haute sécurité à Wichita, dans le Kansas – c’était la première fois qu’il se rendait dans un endroit pareil. Dans l’enceinte de la prison, il aperçut un détenu, dans sa cellule, qui élevait un chien abandonné : il s’agissait d’un programme mis en œuvre dans plusieurs établissements pénitentiaires qui confiaient des chiens abandonnés à des détenus. De là, a germé cette idée de film parce qu’il a ainsi pris conscience de l’opération de réinsertion que le gouvernement fédéral avait mis en place grâce au programme new-yorkais de réinsertion par l’expression artistique (RTA) qui montait des pièces à la prison de Sing Sing et qui obtenait d’excellents résultats : alors que le taux de récidive – et de retour derrière les barreaux – était de plus de 60% à l’échelle nationale, moins de 5% des détenus ayant participé au RTA retournaient en prison. 

Shakespeare s’en retourne dans sa tombe

La beauté de ce film est de permettre de rendre à ces prisonniers souvent considérés comme des brutes violentes leur part d’humanité, avec leur dose de solitude, de tristesse, voire de désespoir. Mais le film montre également qu’ils peuvent avoir de l’imagination, il n’est que de voir ce qu’ils parviennent à créer grâce à quelques bouts de ficelle, quelques costumes, un peu de lumière et un texte abracadabrantesque. Et ce théâtre confiné a permis aux Divine, personnages redoutés parmi les prisonniers, de passer grâce au réalisateur de Bruce Lee à Shakespeare, et ce ne fut pas une mince affaire. Le tout filmé presque entièrement dans les lieux même de la prison dont les murs en béton des cellules contigües étaient pourvus d’un trou, servant théoriquement à la ventilation mais, dans le cas du film, à favoriser les échanges entre Divine G et Mike Mike. « On s’en est rendu compte une fois sur place, indique Kwedar qui a décidé de s’en servir pour des raisons dramaturgiques, on n’a pas cherché à plaquer notre vision du film pour laisser le décor nous dicter sa propre réalité. » 

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Pays :

Durée : 107 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Carlo Lizzani : un cinéaste de conviction à réhabiliter

Carlo Lizzani : un cinéaste de conviction à réhabiliter

Le cinéma transalpin est jalonné de francs-tireurs forgés tout du long par une intime conviction de la réalité socio-historique de leur pays. Carlo Lizzani est de ceux-là qui se fit un devoir de débusquer l’hydre du fascisme dans nombre de ses films. La cinémathèque lui rend un hommage appuyé du 2 mai au 24 mai. L’occasion de faire découvrir et réhabiliter un cinéaste militant consacré par ses pairs. Focus sur « La chronique des pauvres amants qui lui valut le prix international du Jury à cannes en 1954…

Le Pianiste

Le Pianiste

Comment survivre dans le ghetto de Varsovie, ensuite vidé par les nazis en 1942-1943, puis vivre coupé du monde après pendant des mois: c’est ce que montre le film de Roman Polanski à partir de l’expérience du pianiste Władysław Szpilman dans un film aussi bouleversant qu’éclairant sur la nature profonde de l’humanité.