Passer l’hiver

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Pour son premier long métrage, Aurélia Barbet adapte « Nouvel An » d´Olivier Adam. Deux femmes, deux solitudes et deux chemins qui se frôlent, qui s´effritent…

Adapter sur grand écran les mots d’un écrivain, ce n’est pas évident. Transcrire en images ce que des lecteurs ont pu imaginer, supposer, cette part d’évasion de la lecture à la concrétisation, incarner des personnages d’une nouvelle, c’est avec poésie et mélancolie que la réalisatrice Aurélia Barbet s’est posée toutes ces questions et elle s’est lancée à caméra perdue.

Comme en témoigne l’affiche du film, coupée en deux, d’un côté Claire – jouée par Gabrielle Lazure, et de l’autre côté Martine – avec la délicieuse Lolita Chammah. Elles travaillent ensemble dans une station-service, elles s’apprécient mais elles ne se connaissent pas vraiment. L’une est plus mûre, plus posée, plus femme. L’autre est plus fragile, plus curieuse et baby doll. Au bord de leurs vies, un homme ou une femme les attend. Mais c’est finalement leurs chemins l’une vers l’autre qui importent, qui se suivent, qui se croisent.
 


© Shellac Distribution
La réalisation du film, très contemplative, installe l’histoire, le scénario inspiré du livre d’Olivier Adam, Nouvel An. Ce n’est pas la première adaptation d’une des oeuvres d’Olivier Adam, Poids léger en 2003, Je vais bien, ne t’en fais pas en 2009 ou encore Des vents contraires en 2011 en étaient. On prend le temps d’apprendre qui sont ces deux femmes, ce qu’il se passe dans leurs esprits. Les décors, la station-service, la plage, l’hôtel, l’appartement, servent à raconter progressivement leur destinée, les passages obligés vers leur avenir, l’aboutissement de leurs questionnements. Parfois un peu lasse, la caméra d’Aurélia Barbet peut vite avoir de quoi décourager. A s’attarder sur des détails, sur ses personnages, la réalisatrice en oublie l’action, l’aventure, la séquence.

Seule une scène entre Martine et Anita – Joana Preiss incarne à la perfection une barmaid épicée -, vient dynamiter un peu le quotidien triste et mélancolique du personnage. Tourné comme une quête émotive, une recherche sans fin, Passer l’hiver s’étale dans le temps, dans l’espace, au point de devenir une œuvre comparable à un tableau devant lequel on aime prendre le temps d’observer les moindres détails, d’imaginer, de supposer.

Le duo entre Lolita Chammah – fille d’Isabelle Huppert – et Gabrielle Lazure, actrice que l’on n’avait pas vue depuis quelques temps, fonctionne très bien. Les deux femmes se complètent, se nourrissent l’une de l’autre, forme un couple féminin mystérieux et intrigant. Mais le rythme du film, qui pousse à imaginer au-delà des images, se veut lent, et donc perd le dynamisme que ce duo invoquait. Couleurs pastel, décors artistiques, mots de la nouvelle traduite en langage cinéma, Passer l’hiver manque peut-être un premier essai. Et comme en littérature, certains livres nous plaisent, d’autres nous raccrochent à l’auteur. Attendons de voir le deuxième long métrage d’Aurélia Barbet…

Titre original : Passer l'hiver

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Durée : 80 mn


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